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Les violations des droits de l’homme continuent sous le gouvernement Duque #ActionUrgenteColombie

« Je ressens de l’impuissance et de la douleur pour ce que vivent les communautés », a conclu un des participants des missions humanitaires qu’ont réalisées des organisations sociales et des groupes de défense des droits de l’homme en Colombie. Dans le cadre du confinement décrété par le gouvernement national pour faire face à la pandémie de Covid19, la violence à laquelle sont soumises les populations rurales du pays, victimes de groupes armés légaux et illégaux, s’est aggravée de manière inhabituelle.

Certains chiffres donnent une idée de l’ampleur de la situation : 971 personnes, dont des dirigeants sociaux et des défenseurs des droits de l’homme, et 211 anciens combattants des FARC ont été assassinés depuis la signature de l’accord de paix ; 10 000 personnes ont été victimes de déplacements forcés au cours des trois premiers mois de l’année ; des groupes armés illégaux ont séquestré 7 300 personnes ; et plus de 100 personnes sont victimes de mines antipersonnel. Certains faits semblent également confirmer que l’État maintient toujours sa politique des « faux positifs ».

Duque demeure imperturbable devant le cycle de violence qui recommence sous son gouvernement ; au contraire, il semble l’encourager. Il envoie ses troupes raser non seulement les cultures illicites des paysans, mais aussi leurs cultures vivrières, brûler leurs maisons, tuer leur bétail et leurs volailles et violer les femmes et les filles.

Lorsque les communautés manifestent contre les opérations d’éradication forcée, l’armée tire sur les manifestants non armés même si cela risque de causer la mort. Plusieurs paysans ont déjà été tués, des morts qui auraient pu être évitées si le gouvernement avait mis en place des tables de dialogue et de concertation, une des revendications des communautés. Il est clair que le gouvernement Duque maintient la stratégie de dépossession des terres.

Soixante-dix virgule treize pour cent (70,13 %) des leaders sociaux assassinés étaient membres d’organisations paysannes, autochtones, d’ascendance africaine, environnementales ou communales. Cela montre que la violence éclate dans les conflits agraires pour la terre, le territoire et les ressources naturelles. Dix pour cent des homicides concernent des personnes liées au PNIS (Programme national intégral de remplacement des cultures illicites) ou sont des victimes d’abus des autorités dans le cadre d’opérations d’éradication forcée.

Parallèlement à cette crise humanitaire, Duque maintient sa politique de simulation du respect de l’accord. On sait que l’administration actuelle tente de réduire la portée du point concernant le fonds foncier à la simple inscription des superficies incluses dans le fonds sans se soucier de savoir si ces terres ont effectivement été remises à des paysans sans terre ou qui possèdent une quantité insuffisante de terres. De plus, les entités gouvernementales présentent également les données sur la formalisation des propriétés rurales comme le respect du point sur la livraison des terres. Il faut lancer l’alerte contre ces modifications dans les faits de l’accord. Le point 1 stipule que les paysans doivent être bénéficiaires de la livraison de 3 millions et de la formalisation de 7 millions d’hectares de terres respectivement. On ne peut prétendre que l’accord est respecté si l’on n’atteint pas cette superficie.

Le manque de volonté politique pour appliquer les points liés à l’accès à la terre et à l’organisation sociale de la propriété rurale montre que Duque ne reconnaît pas l’importance de l’économie paysanne, familiale et communautaire, ainsi que son rôle fondamental dans le développement de la campagne.

On appelle la communauté internationale à entourer et à protéger les communautés vulnérables du pays, en exigeant que Duque :

  • Reconnaisse le caractère systématique des assassinats de dirigeants sociaux et de défenseurs des droits de l’homme ;
  • Reconnaisse qu’un génocide contre les mouvements sociaux est en cours sous son mandat et qu’il y mette fin ;
  • Adopte les mesures nécessaires pour mettre fin aux violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises par la force publique et enquête sur ces violations,
  • Fournisse des garanties de protection efficace aux populations des zones rurales du pays, ainsi qu’aux communautés qui mènent des processus d’éradication volontaire et sont soumises au harcèlement de groupes armés illégaux ;
  • Mette fin aux opérations d’éradication forcée des cultures illicites ainsi qu’aux opérations de pulvérisation de glyphosate ;
  • Arrête la militarisation des territoires et poursuive les groupes paramilitaires et les autres groupes armés illégaux qui harcèlent la population ;
  • Mette en œuvre l’accord de paix de bonne foi en favorisant la démocratisation et l’accès à la propriété rurale, en garantissant l’application effective des approches transversales et en respectant l’esprit de l’Accord.

Il faut que tout type de violence contre le peuple colombien cesse, que le gouvernement Duque donne suite de manière responsable aux assassinats et aux massacres qui ont été perpétrés et qu’il cesse de criminaliser les paysans qui exigent la concrétisation de leurs droits et l’application de l’accord de paix.