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Sri Lanka : La FAO doit défendre les intérêts des petit·es producteur·rices alimentaires. Des prix garantis pour nos produits !

Dans un communiqué de presse du Mouvement pour la Réforme Foncière et Agricole (MONLAR) au Sri Lanka daté du 20 février 2024, l’appel est lancé au gouvernement national pour garantir des prix garantis, renforcer le Bureau de Commercialisation du Riz et améliorer les installations de stockage. Cela revêt une importance particulière à la veille de la 13e réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce, où de telles initiatives de soutien intérieur des pays en développement sont souvent contestées par les nations développées et les exportateurs de produits agricoles.


Voici le communiqué de presse complet :

20 février 2024 I “Les Nations Unies, y compris l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ainsi que divers gouvernements, ont-ils l’engagement de protéger les petits agriculteurs, les producteurs alimentaires et les consommateurs ?

La Conférence régionale pour l’Asie et le Pacifique (CRAP) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture se déroule actuellement à Colombo du 19 au 22 février. Cette rencontre réunit des décideurs politiques, des fonctionnaires gouvernementaux et des représentants d’organisations de la société civile.

Alors que des agriculteurs du monde entier, de la France à l’Inde, manifestent pour leurs droits, les difficultés économiques, avec la hausse des coûts des intrants et l’injustice des prix, ont conduit à une augmentation alarmante des suicides d’agriculteurs. Les petits agriculteurs risquent d’être dépossédés de leurs terres tandis que de grandes entreprises agricoles, soutenues par les gouvernements, imposent leur domination sur des ressources cruciales telles que l’eau, les pâturages, les plages, les lagunes et les forêts. Les effets néfastes du changement climatique, comme les inondations croissantes, les typhons et la désertification, ont forcé des millions de personnes à quitter leur domicile.

Les répercussions des accords de libre-échange découlant des recommandations de l’OMC excluent les petits agriculteurs du marché. Les incertitudes liées à l’agriculture poussent la jeune génération à abandonner cette profession.

La 37e session de la CRAP est organisée par le gouvernement du Sri Lanka, mais il semble ignorer les défis des agriculteurs locaux.

Pendant la saison de récolte Maha, les agriculteurs sri-lankais appellent le gouvernement à fixer un prix garanti pour leurs produits et à renforcer le rôle de la Junta de Commercialisation du Riz appartenant à l’État. Ils demandent également l’arrêt des subventions aux grands moulins à riz, considérés comme un monopole exploitant les agriculteurs.

De plus, ces agriculteurs pressent le gouvernement de résoudre des problèmes de longue date, tels que la rénovation des installations de stockage de riz appartenant à l’État. Malgré des décennies de demandes, les gouvernements successifs n’ont pas encore abordé ces préoccupations soulevées par les agriculteurs sri-lankais.

Le gouvernement distribue des titres de propriété aux agriculteurs et modifie les lois foncières pour établir un nouveau marché foncier. Cependant, d’autres actions menacent le bien-être des petits agriculteurs.

Malgré la crise économique, le gouvernement alloue des fonds importants pour l’importation d’aliments à faible valeur nutritionnelle, ignorant les préoccupations des agriculteur·rices locaux·ales. De plus, le gouvernement manque de capacité à réguler les prix, approuvant le démantèlement des mécanismes de contrôle des prix. Ainsi, le consommateur moyen du Sri Lanka doit faire face à des défis pour accéder à des aliments nutritifs et abordables. Les statistiques alarmantes du Programme alimentaire mondial (PAM) indiquent que 6,3 millions de Sri-Lankais sont confrontés à l’insécurité alimentaire, nécessitant une assistance humanitaire. Le PAM note également que 5,3 millions de Sri-Lankais sont contraints de sauter des repas, une tendance qui représente un recul majeur pour les progrès précédemment réalisés en matière de développement humain.

En 2018, la FAO a publié le document “Ne laisser personne de côté : Comment la croissance bleue peut bénéficier aux femmes, aux jeunes, aux groupes autochtones et aux migrants”. Ce rapport souligne l’objectif de favoriser le développement durable des ressources aquatiques pour soutenir les communautés qui dépendent de ces ressources pour leur subsistance et leur souveraineté alimentaire. Cependant, il semble que la FAO soutienne certaines politiques, telles que la modernisation agricole, la commercialisation, les partenariats public-privé pour la production alimentaire, la numérisation et la promotion d’un pays et d’une culture. Ces initiatives ont tendance à négliger les préoccupations et les besoins des agriculteurs ruraux, des pêcheurs à petite échelle, des producteurs de lait et d’autres acteurs de l’alimentation à petite échelle.

En tant qu’agriculteur·rices, nous demandons des éclaircissements sur la manière dont ces politiques ont un impact positif sur notre bien-être. La mise en œuvre de ces politiques soulève des questions sur l’engagement de la FAO à respecter les droits humains, comme le stipule la déclaration de l’ONU. Idéalement, les Nations Unies devraient atténuer et prévenir le changement climatique, mais certaines institutions de l’ONU soutiennent désormais la financiarisation du changement climatique.

Nous nous opposons à la modernisation agricole et aux investissements privés, ces initiatives semblant principalement bénéficier à l’élite corrompue plutôt que d’apporter des avantages tangibles aux agriculteurs et aux consommateurs. Nous rejetons les fausses solutions et appelons à une transformation vers l’agroécologie, une approche qui aborde le changement climatique, défend la dignité des communautés et favorise la souveraineté alimentaire. Nous demandons à la FAO de jouer un rôle proactif en encourageant les nations à soutenir la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et d’autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP).”
Mouvement pour la Réforme Foncière et Agricole


Image de couverture : Photo représentative capturée par Peter van der Sluijs, disponible sur Wikimedia Commons, la plateforme de médias libres.