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Les agriculteur·rices indien·nes appellent leur ministère à défendre leurs intérêts lors de la MC13, marquant la ‘Journée de sortie de l’OMC’ le 26 février

Le Comité de coordination indien des mouvements paysans (ICCFM) a envoyé une lettre au ministre indien du commerce et à d’autres fonctionnaires, réaffirmant leur soutien à une solution permanente à la question du stockage public à l’OMC.

La 13e Réunion ministérielle de l’OMC est prévue pour commencer le 26 février, et l’Inde a été l’un des principaux défenseurs des questions vitales de soutien intérieur et de programmes de stockage public (PSH) que les pays en développement et les moins développés souhaitent entreprendre.

“Pendant près de 30 ans maintenant, l’OMC a toujours contesté les efforts visant à fournir des prix rémunérateurs aux agriculteur·rices. En raison des règles commerciales très injustes établies par cette institution, les petit·es agriculteur·rices indien·nes n’ont jamais reçu un prix équitable pour leur production. En conséquence, l’Inde rurale est maintenant aux prises avec une crise de la dette qui a coûté la vie à plus de 350 000 agriculteur·rices en 30 ans. Les nouveaux accords commerciaux de l’ère moderne qui sont poussés de manière bilatérale entre l’Inde et d’autres pays semblent reproduire les politiques très problématiques de l’OMC, telles que les faibles tarifs/élimination des tarifs entraînant une dépendance accrue aux importations, l’incitation aux grandes exploitations monoculturelles, l’augmentation de la mécanisation et de la numérisation, et la promotion de l’utilisation d’intrants chimiques. Certains de ces accords, qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux, ouvrent également la voie à la déréglementation de certaines politiques de l’Inde relatives aux OGM, aux semences des agriculteur·rices, et plus encore. Malgré le fait que l’agriculture en Inde soit principalement à petite échelle, la plupart des politiques sont conçues pour faciliter la corporatisation du secteur agricole”, lit-on dans la lettre.

L’ICCFM est une coalition d’organisations paysannes des États d’Uttar Pradesh, de Haryana, du Punjab, de l’Himachal Pradesh, du Madhya Pradesh, du Karnataka, du Tamil Nadu, du Kerala et du Maharashtra.

Ils notent que bien que la décision ministérielle de Bali en 2013 ait offert une “clause de paix” temporaire permettant aux pays en développement de dépasser les limites de subventions agricoles prescrites par l’OMC, l’utilisation de cette clause de paix par l’Inde a été vivement critiquée à l’OMC. Les tentatives de pays exportateurs agricoles pour d’abord ne permettre qu’une clause de paix onéreuse, puis contester l’application de la clause de paix, mettent en évidence la nécessité d’une solution permanente.

La coalition a également demandé au gouvernement de défendre tous les programmes de soutien intérieur. Ils ont mis en garde contre toute tentative de restreindre la capacité du gouvernement à fournir des subventions intérieures essentielles aux agriculteur·rices. “Ces subventions cruciales, y compris les subventions aux intrants qui sont données comme outil politique pour soutenir le développement agricole dans le cadre d’un traitement spécial et différencié et les allocations de minimis qui incluent les prix minimums de soutien (PMS) et le prix juste et rémunérateur (FRP), assurent notre survie et notre capacité à investir dans les semences, les engrais et autres intrants. Sans eux, de nombreux agriculteurs seront poussés encore plus vers la pauvreté et le désespoir”, lit-on dans la lettre. La lettre a également remis en question la poussée au sein de l’OMC sur les normes liées à la ‘durabilité’ en agriculture. La lettre déclare : “Les discussions à la MC 13 doivent également se concentrer sur la promotion de pratiques agroécologiques et sur la garantie des moyens de subsistance des petit·es et moyen·nes agriculteur·rices qui vont de pair. Les agriculteur·rices indien·nes produisent de manière durable, et nous n’avons pas besoin que les pays développés nous disent comment poursuivre une agriculture durable. Nous croyons qu’ils introduisent un langage lié à la durabilité à l’OMC pour protéger leurs intérêts commerciaux en imposant des normes strictes à notre égard. Cela menacera nos moyens de subsistance et le développement agricole national en restreignant l’exportation de nos produits agroécologiques. Nous vous exhortons à défendre des politiques qui protègent notre souveraineté alimentaire et soutiennent l’agroécologie, la diversification des cultures, et des prix justes et garantis pour nos produits”.

L’Inde assiste actuellement à un regain de protestations des agriculteur·rices qui ont attiré l’attention mondiale en 2020 et 2021. Le 26 février, les agriculteur·rices qui protestent ont juré d’observer une “Journée de sortie de l’OMC” pour mettre en évidence l’impact dévastateur que les politiques néolibérales ont eu sur le secteur agricole du pays au cours des 30 dernières années.