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#8M24 – “Avec conviction, nous construisons la souveraineté alimentaire et luttons contre les crises et la violence”

Appel à l’action 8 mars 2024 – Journée internationale de luttes pour les droits des femmes


Bagnolet, 22 février 2024 | Ce 8 mars, Journée Internationale de luttes pour les droits des femmes, en tant que La Via Campesina, nous sommes ressorties plus fortes après notre notre 8ème Conférence Internationale qui s’est tenue en Colombie en décembre 2023 avec des propositions claires basées sur la défense de la Souveraineté Alimentaire et la reconnaissance du rôle fondamental des femmes dans cette construction. Elles sont également engagées dans le renforcement du Féminisme Paysan et Populaire, dans la lutte contre le patriarcat et pour l’égalité, comprenant que la diversité est au cœur de la Souveraineté Alimentaire dans tous les territoires.

Pendant ces 31 années, nous avons renforcé un mouvement d’unité en faveur de la transformation. Nous nous sommes organisées en approfondissant et en explorant des voies de lutte qui reflètent notre réalité, nos revendications, ainsi que les multiples situations qui impactent les femmes dans nos territoires paysans.

Aujourd’hui, le féminisme paysan et populaire représente notre stratégie en tant que femmes évoluant dans les champs, les eaux, les forêts, les déserts, les savanes, les landes, les marécages et les montagnes. C’est à travers cette approche que nous pouvons efficacement mener notre combat contre la violence et le patriarcat au sein de nos territoires, communautés, organisations et pays. Notre lutte s’articule autour de la compréhension de nos réalités en tant que femmes rurales, la valorisation de nos forces, et l’identification de nos ennemis communs.

Dans le cadre de cette journée d’action, nous dénonçons vigoureusement tous les types de violence engendrés par le système capitaliste et patriarcal, qui exploite et opprime les femmes. Notre mobilisation vise à exprimer notre opposition aux féminicides, considérés comme la manifestation la plus brutale de la violence infligée aux femmes, aux enfants et aux diversités de genre. Chaque année, des dizaines de milliers de filles et de femmes, y compris des femmes trans, sont assassinées à travers le monde en raison de leur sexe. De plus, de nombreuses autres sont exposées au risque de perdre la vie en raison de violences de genre, résultant du manquement des États à leur devoir de protéger efficacement la vie des survivantes et d’assurer leur sécurité.

Face à la montée alarmante des discours de droite et conservateurs, aux reculs des droits, au fascisme, aux menaces néo-fascistes, aux guerres, aux occupations, aux déplacements, au pillage des campagnes par le capitalisme en Palestine, Haïti, Niger, Pérou, Équateur, et bien d’autres régions du monde, ainsi qu’à l’action criminelle des multinationales et de la justice qui s’approprient nos systèmes alimentaires à l’échelle mondiale, nous continuons à affirmer que la souveraineté alimentaire n’est possible qu’avec les paysan·nes. C’est nous qui refroidissons la planète, qui nourrissons les peuples, et qui construisons des sociétés de paix et de justice sociale !

Depuis que La Via Campesina a élaboré notre proposition politique et éthique de souveraineté alimentaire, qui affirme le droit des peuples à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires, nous, les femmes rurales, avons joué un rôle essentiel dans la concrétisation de ce principe au sein de nos communautés et de nos territoires. Nous l’avons présenté comme une alternative tangible de la paysannerie, favorisant le commerce équitable et la solidarité face à la crise alimentaire, environnementale et sociale.

Cependant, nous persistons à faire entendre notre voix pour dénoncer et résister face à plusieurs problématiques :

  • Les États qui utilisent l’alimentation comme une arme de guerre, accentuant la misère et la faim. On ne vise pas la sécurité alimentaire, on veut plutôt la souveraineté alimentaire !
  • Le modèle capitaliste agro-hydro-minier qui marchandise les aliments et la terre, exploitant le sous-sol par le biais de l’extraction minière. Cette pratique creuse des puits dans nos terres, entraînant la destruction de l’environnement et du tissu social.
  • Les vagues migratoires alarmantes à la recherche de travail et de dignité dans un monde exploitant la main-d’œuvre.
  • Les pratiques religieuses qui, au nom de la culture, menacent la vie et la liberté des femmes ainsi que la diversité de genre à l’échelle mondiale.
  • Le système judiciaire complice qui favorise l’impunité et revictimise les survivants de la violence.
  • Le racisme enraciné aujourd’hui, justifiant la supériorité raciale et rendant les femmes paysannes, noires et autochtones particulièrement vulnérables.
  • Le génocide de nos peuples et communautés ancestrales, de leurs valeurs, de leurs droits et de leurs formes d’organisation.
  • Le viol, les mariages précoces et la violence envers les enfants – les petites filles ne sont pas destinées à être mères ! Nous revendiquons des droits sexuels et reproductifs ainsi qu’une éducation axée sur le genre.

En tant que mouvement paysan, nous persistons dans le renforcement de la nécessité d’égalité et d’alliances entre le milieu rural et urbain. Ces alliances, qui nous mettent au défi de construire de nouvelles relations de genre entre les êtres humains, nous encouragent également à prendre soin de la terre mère. Notre féminisme paysan et populaire accorde une valeur particulière à l’agriculture paysanne en tant que garante de la souveraineté alimentaire. Il remet en question les processus d’exploitation des personnes, l’accaparement des terres et de l’eau, ainsi que l’extractivisme colonisateur.

Pour nous, la terre et les territoires sont des espaces de vie où nous aspirons à construire des relations saines, exemptes d’agrotoxiques et de violence. Notre engagement demeure ferme, nous demeurons organisés et uni·es en tant que premier front de résistance contre l’extractivisme, le capitalisme et le patriarcat dans nos territoires. Cette lutte vise à préserver la biodiversité, les semences, nos biens communs et nos savoirs ancestraux.

Nous poursuivons la construction d’un mouvement, œuvrant à la révolution des cœurs et des consciences, tout en luttant pour la souveraineté populaire, la souveraineté alimentaire, la souveraineté de nos peuples et de nos communautés, ainsi que pour notre souveraineté en tant que femmes.

Nous affirmons notre Déclaration de la 6ème Assemblée des Femmes de La Via Campesina comme un instrument politique rassemblant nos défis, nos revendications et guidant nos actions pour la période à venir.

Joignez-vous à notre journée d’action mondiale :