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Pérou : Nous exigeons le respect des droits humains et une instance de dialogue avec les manifestant·es

Communiqué publié sur le site de la CLOC-VC concernant la crise politique au Pérou.


12 décembre 2022 – La Coordinadora Latinoamericana de Organizaciones del Campo CLOC-Via Campesina, exprime sa préoccupation concernant le coup d’état contre le Président Pedro Castillo, démocratiquement élu par le peuple péruvien.

Le 7 décembre dernier, les secteurs de la droite du Parlement péruvien ont destitué le président Pedro Castillo après qu’il ait déclaré l’état d’urgence et tenté de dissoudre le pouvoir législatif. Cette situation s’inscrit dans un contexte d’ingouvernabilité marqué par trois tentatives de destitution contre le président Pedro Castillo, après seulement 16 mois de mandat.

CLOC-Via Campesina exprime son inquiétude face à cette crise politique au Pérou. Les camarades membres de la CLOC-VC, ainsi que diverses expressions sociales et populaires du pays, se mobilisent dans différentes régions pour exiger le respect de la démocratie, du vote populaire et de leurs droits.

Nous, membres de la CLOC-Via Campesina, ne reconnaissons pas le gouvernement provisoire et exigeons la libération immédiate et la réintégration du président Pedro Castillo. Nous sommes solidaires de nos organisations au Pérou dans leur appel à une nouvelle assemblée constituante, nous exigeons le respect absolu du droit à la protestation sociale et le non-recours à la violence qui conduit à des violations des droits humains des manifestant·es.

Toute notre solidarité avec les personnes qui exercent actuellement leur droit de manifester, un élément essentiel pour la consolidation des sociétés démocratiques.

Globalisons la lutte, globalisons l’espoir !

Consultez également les déclarations de solidarité exprimées par d’autres organisations membres de La Via Campesina en Amérique latine.

CLOC Vía Campesina Chile

Solidarité avec le peuple péruvien

10 décembre 2022 – Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale des droits humains, les organisations paysannes et autochtones présentes dans la Coordination latino-américaine des organisations rurales CLOC, La Via Campesina Chili, sont solidaires de nos frères et sœurs de la lutte paysanne, autochtone et ouvrière du Pérou. Nous sommes solidaires avec les hommes et les femmes qui ont le sentiment que la démocratie et le vote populaire ont été trahis.

Nous sommes préoccupés par le fait que dans le scénario politique actuel qui plombe la réalité nationale du Pérou dans un climat de douleur et d’incertitude, les droits humains fondamentaux d’un peuple mobilisé pour la défense de sa démocratie sont violés.
Nous sommes déconcertés par la détermination des autorités, des groupes politiques et économiques qui, dès le début, ont canalisé leurs efforts pour assiéger le président démocratiquement élu aux élections présidentielles de 2021, ne lui permettant pas de gouverner pour son peuple. La haine et le mépris pour un président issue de la classe ouvrière nous indique clairement que la lutte anticapitaliste est aussi anticoloniale.
Nous faisons appel à la solidarité nationale et internationale pour exiger qu’au Pérou les droits des citoyen·nes soient protégés et que la démocratie soit rétablie en termes d’ordre, de respect et de non-criminalisation du mouvement social qui lutte pour la justice, la dignité et le bien-vivre (el buen vivir).
Courage, sœurs et frères du Pérou, poursuivez avec la force et la dignité d’un peuple vers sa libération.

Confederación Ranquil, Anamuri, Conaproch, ANMI, Red Apícola nacional


ANAMURI – CHILI

10 décembre 2022 – L’Association nationale des femmes rurales, autochtones et afro-chiliennes du Chili, ANAMURI, condamne les actions du Parlement péruvien concernant les événements du 7 décembre, qui sont un exemple de l’effondrement de la démocratie dont souffre le peuple péruvien.
Nous saluons le peuple péruvien qui se mobilise pour défendre sa démocratie, parce qu’il mise sur la démocratie comme la voie qui le mènera au changement pour résoudre ses problèmes sociaux. Ce sont des femmes, des peuples premiers et des travailleurs qui ont lutté pour élire un président que l’oligarchie rejette et qui n’a pas été autorisé à mettre en œuvre son programme de gouvernement, qui a été construit au bénéfice de la grande majorité.

Nous sommes profondément consternées par l’inégalité et la précarité généralisées, qui ont provoqué le classisme et le racisme structurels de l’État, ce qui se répercute sur la régression des droits des femmes et des peuples autochtones, des travailleur·euses, des paysan·nes, des ouvrier·es, ainsi que dans tous les domaines tels que l’éducation et la santé. Seuls les intérêts particuliers des groupes de pouvoir de facto sont favorisés par cette situation.

Nous voulons réaffirmer notre engagement solidaire et poursuivre la lutte pour la défense des femmes et des hommes paysan·nes et autochtones, pour un gouvernement par et pour le peuple, qui respecte la participation inclusive avec le droit de vote de manière démocratique et transparente.

Et enfin, nous lançons un appel urgent à l’unité et au renforcement des organisations paysannes, que nous nous unissions dans la solidarité internationale pour exiger l’accomplissement des accords et traités internationaux en faveur de la vérité et de la justice, en faveur des droits humains, pour faire respecter leurs droits légitimes à la démocratie dans un pays avec égalité, dignité et justice pour tou·tes

Nous envoyons toute notre force à nos camarades du Pérou, et les encourageons à continuer à se battre pour la défense de la démocratie avec le pouvoir populaire.


Coordinación del Movimiento de Afectados por Represas de América Latina – MAR.

09 décembre 2022 – Une fois de plus, dans notre Amérique, nous assistons à la destitution d’un président démocratiquement élu. Le président élu, l’enseignant Pedro Castillo, a été destitué par le Parlement péruvien ces derniers jours, ce qui a créé une nouvelle situation de conflit dans le pays.

Immédiatement après la victoire électorale du président élu Pedro Castillo le 06 juin 2021, l’extrême droite menée par les secteurs de l’ancien dictateur corrompu Alberto Fujimori a tenté par tous les moyens d’empêcher l’investiture du président élu en alléguant faussement une prétendue fraude électorale.

Nous alertons toutes les forces progressistes, démocratiques et de gauche que cela a été la procédure habituelle de l’extrême droite. C’était le cas en Bolivie contre l’ancien président élu Evo Morales, c’était le cas aux États-Unis contre le président élu Joe Biden, c’était le cas au Pérou contre le président élu Pedro Castillo et c’est le cas au Brésil contre la présidente élue Dilma Rousseff et maintenant avec le président élu Luís Inácio Lula da Silva ainsi que d’autres cas dans toute l’Amérique. La tactique de l’extrême droite fasciste consiste à créer le chaos social et à empêcher les présidents élus de mener à bien leur gouvernement. Cette tactique a été encore plus directe et violente contre les présidents de gauche et progressistes.

Nous attribuons ce comportement au fait que nous vivons une crise de croissance économique dans les principales puissances capitalistes mondiales, ce qui rend la bourgeoisie de ces pays et du monde encore plus violente, car elle ne veut en aucun cas perdre ses privilèges, et encore moins toute possibilité de changement qui favoriserait les populations historiquement exploitées et opprimées.

Tout ceci s’inscrit dans un scénario international de dispute pour l’hégémonie où l’Orient en général, et la Chine en particulier, gagnent (ou regagnent une ancienne position) de plus en plus de poids économique et appliquent dans une large mesure une nouvelle diplomatie mondiale. Dans leur désespoir, les bourgeoisies impérialistes ont recours au pire : l’extrême droite, le fascisme et le nazisme. 

Dans le cas du Pérou, que nous avons suivi au cours des 18 derniers mois de gouvernement, nous avons vu l’extrême droite essayer à trois reprises de destituer le président élu, le professeur Pedro Castillo, en menant toutes sortes de boycotts, de menaces et de pressions qui l’ont conduit à la mesure désespérée de tenter une nouvelle élection pour le congrès national et l’appel à une nouvelle assemblée constituante, la raison finale de sa destitution et de son emprisonnement par le congrès péruvien et les élites économiques installées dans les pouvoirs de la République et les grands médias.

Nous assistons aujourd’hui à la juste réaction du peuple péruvien qui exige la dissolution du Congrès national, qui demande des changements dans le pays et qui souhaite la convocation d’une Assemblée constituante avec la large participation du peuple péruvien historiquement exclu.

Nous, organisations de toutes les Amériques, qui faisons partie du Mouvement des personnes affectées par les barrages, sommes solidaires du peuple péruvien qui lutte légitimement pour ses droits et nous tenons l’actuel Congrès national péruvien et le nouveau gouvernement responsables de tout cas de violence contre le peuple qui se mobilise en permanence pour ses justes revendications.

Nous appelons toutes les organisations internationales, tous les mouvements populaires, syndicaux et politiques, et autres, à exprimer leur position contre ce mouvement putschiste fasciste d’extrême droite qui n’accepte pas la moindre avancée démocratique et civilisatrice. Une grande unité est nécessaire, avec une solidarité internationale, pour que le peuple péruvien ne subisse pas à nouveau les conséquences des désirs fallacieux de ses élites politiques et économiques médiatiques, et aussi pour qu’il ne soit pas à nouveau victime de la pratique de la violence qui a caractérisé les coups d’État contre le peuple.

Tout le soutien à CUNARC – Pérou (Central Única Nacional de Rondas Campesinas del Perú), et aux autres organisations populaires du Pérou, qui mettent dans leur unité et leurs luttes la meilleure voie pour construire ce pays souverain, juste et égalitaire, contribuant ainsi à une Amérique libre, juste et démocratique.

Depuis les rivières d’Amérique, nous vous envoyons notre chaleureuse solidarité.

Il n’y a pas de transformation de l’État sans mobilisation sociale !

photo : Samantha Hare, Flickr.