Soutien à La Lutte Du KRRS Contre l’OMC Et Monsanto

Tegucigalpa 22/2/99
Via Campesina soutient les paysans indiens dans leur lutte contre l’OMC, Monsanto et l’introduction des technologies génétiques en Inde
Le 28 novembre 1998, des paysans indiens de l’organisation KRRS ont incendié un champ de coton génétiquement modifié. Les semences génétiquement modifiées avaient été semées illégalement par Monsanto dans un champ sans en avoir informé le propriétaire pour que ce dernier donne son accord et collabore à cette action. Monsanto, ainsi que les autres multinationales, pousse les paysans à utiliser les produits issus des technologies génétiques pour accroître son contrôle de la chaîne alimentaire et pour ainsi augmenter ses bénéfices. La dernière preuve en est la stratégie de la technologie Terminator. Pour le moment, Monsanto a acheté la firme qui développe la technologie Terminator et est en train d’en obtenir le brevet. Il s’agit d’une technologie qui produit des plantes aux semences stériles : les paysans qui utilisent ces semences stériles sont obligés d’en acheter de nouvelles chaque année. Le brevet donnera tout le contrôle de cette technologie à Monsanto.

L’introduction de cette technologie rendra directement dépendants des millions de paysans des multinationales. Les produits pour l’agriculture issus des technologies génétiques développés jusqu’à présent, tels que la technologie Terminator, les semences Bt, la résistance aux herbicides etc. constituent une menace pour l’environnement et n’offrent aucun bénéfice aux consommateurs ni aux paysans. Ils seront vendus à un prix très élevé aux paysans les plus pauvres par les systèmes du micro-crédit : il s’agit d’un système qui garantit mieux le remboursement de l’emprunt des paysans les plus pauvres, les plus fiables à rembourser leurs dettes (98% sont remboursés). Il s’agit d’un système qui permet aux multinationales de vendre leurs produits et de faire de gros gains.
Pendant la « révolution verte », cette pratique était courante et au Bangladesh, Monsanto a tenté la même procédure avec comme partenaire la Grameenbank.
Jusqu’à maintenant, cette tentative a échoué grâce à la pression des mouvements sociaux.
L’introduction des technologies génétiques en agriculture, comme le fut l’introduction des pesticides, constitue la prochaine étape vers l’industrialisation de l’agriculture aux dépens des paysans, des consommateurs et de l’environnement. Nous demandons aux gouvernements de stopper le développement de cette technologie destructrice, de promouvoir et de soutenir un système d’agriculture tourné vers l’avenir : vers des productions existantes basées sur l’agriculture durable, basées sur les ressources locales et la longue expériences des paysan(ne)s.
Via Campesina soutient fermement les actions entreprises par le KRRS et les autres organisations indiennes ainsi que le courage des paysans indiens qui, face à l’attitude destructrice et irresponsable de Monsanto, ont arraché et brûlé les plants de coton stérile, pour protéger l’environnement et la biodiversité locale.

Via Campesina appelle à d’autres actions contre l’introduction des technologies génétiques en agriculture, partout dans le monde.

Via Campesina soutient les exigences du KRRS et des autres organisations indiennes :

• L’interdiction totale des essais de la technologie génétique en agriculture.
• Pas de brevet sur le vivant, pas de changement de l’Acte Indien sur les Brevets.
• Monsanto doit quitter l’Inde.
• L’Inde doit se retirer de l’OMC.

Via Campesina appelle à des actions concrètes :

• Rendre son soutien public et écrire à Monsanto ainsi qu’à d’autres multinationales pour stopper l’introduction des technologies génétiques en agriculture.
• Pousser les gouvernements à interdire immédiatement l’introduction des technologies génétiques en agriculture, et de la technologie Terminator particulièrement.
• Demander aux gouvernements des actions directes contre les actes illégaux des multinationales.
• Des actions pour protéger notre agriculture contre la contamination et la destruction par l’introduction des technologies génétiques.
• Demander aux gouvernements d’éviter l’abus des systèmes de micro crédit par le multinationales.
• Demander aux gouvernements de cesser d’investir dans des technologies destructrices comme les technologies génétiques et s’efforcer de soutenir et de renforcer des systèmes déjà existants d’agriculture paysanne durable.