Déclaration de Tlaxcala concernant la Via Campesina

Nous, la via campesina, un mouvement auquel adherent des organisations agricoles Et paysannes en provenance de toutes les regions du monde (asie, europe, deux Ameriques et afrique), nous sommes reunis pour la deuxieme fois a Tlaxcala, au Mexique, dans le but de reaffirmer l’engagement que nous avons pris vis-a-vis de nos Peuples et de leurs objectifs vitaux. Les representants de 69 organisations venant de 37 pays differents se sont reunis du 18 au 22 avril 1996. Aussi cette rencontre Historique montre-t-elle le dynamisme dont fait preuve notre solidarite et notre Determination a lutter pour defendre la terre et mettre en oeuvre de meilleures Alternatives. Pour pallier a l’environnement hostile sans cesse croissant dans lequel vivent les Paysans et les petits agriculteurs du monde entier, nous avons decide de relever le Defi d’une maniere collective. Nous devrons lutter contre les facteurs economiques Et politiques detruisant nos moyens de subsistance, nos communautes, nos cultures Et notre environnement naturel. Nous sommes determines a creer une economie Rurale basee sur le respect de nous-memes et de la terre toute entiere, sur la Souverainete alimentaire et sur un commerce plus juste. Nous nous engageons a soutenir le developpement rural dans lequel la Contribution des femmes dans la production de denrees alimentaires est importante Et indeniable. Nous exigeons une veritable reforme agraire qui rendrait aux peuples Autochtones leurs territoires et permettrait aux paysans sans terre et aux petits Agriculteurs de controler la terre qu’ils travaillent et d’en devenir les Proprietaies.

Le systeme economique neo-liberal qui prevaut a l’echelon mondial est la cause Principale de l’appauvrissement croissant des agriculteurs et des ruraux en regle Generale. Il est responsable de la destruction de la nature, de la terre, de l’eau, des Plantes, de la faune et des ressources naturelles parce que toutes ces ressources Vitales ne sont plus que les rouages de systemes de production centralises, de Systemes d’approvisionnement et de distribution des produits agricoles, ceci dans le Cadre un systeme pronant un marche global. Ce systeme economique considere la nature et les peuples comme un moyen Generateur de profits. La concentration de toute cette richesse dans les mains D’une petite minorite astreint les agriculteurs du monde entier. Elle a des Retombees dramatiques. Fatalite inexorable… Les agriculteurs sont en voie de Disparition.

Le fait que la terre, la richesse et le pouvoir ne soit l’affaire que de quelques gros Proprietaires et de firmes multinationales ote toute possibilite aux paysans et aux Agriculteurs de controler leur destin. Les politiques inherentes au dumping social, la marginalisation et la pauvrete Endemique dans les pays du tiers-monde sont des cas de figure que vient encore Accroitre le probleme de la dette exterieure. Situation qui pour des millions de gens Ne laisse plus aucun espoir. Sanitairement parlant, les services sont tres Defficients. De plus, l’oppression des minorites ethniques et des populations Autochtones ne fait qu’aggraver les situations d’injustice et de frustration. L’incidence croissante et omnipresente du racisme en milieu rural est un fait Inacceptable.

La conference souligne que l’organisation des nations unies pour l’alimentation et L’agriculture organisera une reunion au sommet qui aura lieu au mois de novembre 1996 pour, a premiere vue, trouver des solutions au probleme de la sous-alimentation Et du manque de nourriture auxquels sont confrontes des millions de gens. Aucune Solution ne sera possible si nous ne comptons pas avec la participation active des Cultivateurs. Les delegues ont par consequent decide que via campesina devra etre Representee lors de cette reunion au sommet. Nous denoncons les activites neo-liberales de la banque mondiale et du f.m.i., don’t Les politiques d’ajustement structurel continuent a imposer un prix excessivement Eleve aux peuples pauvres et aux ruraux dans differents pays: c’est inacceptable. Etant donne ces politiques, les gouvernements des pays en voie de developpement ne Sont plus a meme d’assurer les services en matiere sociale. Au lieu de chercher une Solution durable a la crise de la dette, ces politiques n’ont fait qu’empirer les Choses. La plupart des dettes contractees ne peuvent pas etre remboursees. La Conference exige que l’on annule ces dettes et que l’on laisse de cote le programme D’ajustement structurel pour se concentrer sur un developpement rural national Autonome. Les institutions financieres internationales doivent devenir des Institutions democratiques au service de la plupart des gens afin de satisfaire leurs Besoins reels.

La conference deplore les negociations engagees par les firmes multinationales Pour avoir la main-mise sur les ressources genetiques. La via campesina s’opppose Vigoureusement a ce procede et sera tres ferme a ce sujet lorsqu’elle prendra Position lors de la conference au sommet qui se tiendra a leipzig au mois de juin 1996. La via campesina est tout a fait determinee a influencer l’organisation du commerce Mondial afin de promouvoir des changements aux accords commerciaux aujourd’hui En vigueur. Les accords commerciaux internationaux doivent prendre en compte Tous les interets des paysans et des petits agriculteurs.

Nous ne pouvons pas tolerer le deplacement continuel, l’urbanisation forcee et la Repression des paysans. Nous denoncons fermement toute acte de violence perpetre Contre les paysans. Nous reprouvons tout particulierement le massacre brutal et Tragique de 23 paysans bresiliens survenu le 17 avril 1996. Cette action terrible est Un nouveau coup porte a ceux qui pronent la justice afin de les intimider.

Nous ne nous laisserons pas intimider. Nous declarons dans le present document que Le 17 avril sera declare “journee internationale de protestation contre L’oppression des paysans du monde entier”.

Les strategies pour atteindre nos objectifs sont les suivantes :
1. Mettre sur pied et renforcer des organisations regionales, notamment en Asie et en afrique.
2. Trouver des reponses appropriees au niveau regional face aux accords Commerciaux bilateraux et inter-regionaux, notamment : mercosur, tlcan, asie du Sud-est, etc…
3. Faire part des objectifs de via campesina a la sphere internationale: f.a.o., F.m.i., banque mondiale, ‘o.m.c., etc…
4. Encourager des rapports solidaires entre les organisations membres de via Campesina.
5. Promouvoir le travail relatif a l’organisation de reseaux entre les femmes Des differentes organisations de via campesina.
6. Creer des secretariats operationnels au niveau regional.
7. Mettre en oeuvre des mecanismes internes et externes en matiere de Communication, lesquels permettraient a via campesina de resoudre les problemes a Traiter d’une maniere plus efficace. (a savoir une publication interne bimestrielle et Les procedures necessaires pour faire passer un communique de presse sur le reseau Internet).
8. Le cc encouragera le travail relatif a l’organisation de reseaux entre les Divers secteurs de production, entre les differentes regions et au niveau regional.
9. Promouvoir des initiatives qui contribuent au developpement du commerce Juste avec une participation directe des producteurs et des consommateurs, en Commencant par la campagne anti-dumping.
10. Encourager un reseau de solidarite pouvant apporter des reponses et lutter Contre les actes de violence perpetres contre les paysans et les agriculteurs ; Mouvement qui prendra encore plus d’ampleur si y participent les differents acteurs Sociaux.
11. Combattre le processus de privatisation des brevets en matiere de genetique En creant des banques de semences pour les agriculteurs, en proposant des Initiatives legales garantissant le patrimoine genetique, en eduquant et en Avertissant sur les dangers que representent la bioprospection. Nous considerons que notre conference de tlaxcala, mexique, represente un Important pas en avant en matiere de liberte, d’egalite et de justice pour les peuples Du monde entier vivant en milieu rural.

Tlaxcala, 21-4-96
Kenyan national farmers union, urcak (mali), anap (cuba), national Farmers association (st lucia, caraïben), winfa (st vincent, caraïben), national Farmers union (st vincent, caraïben), conamuca (dom. Republiek), bapo (belize), Union nacional de pequenos y medianos productores agropecuarios (costa rica), adc (el salvador), conampro (guatemala), cococh (honduras), unag (nicaragua), apemep (panama), amucss (mexico), asociacion nacional de Empresas comercializadoras de productores del campo (mexico), cioac (mexico), cnpa (mexico), coduc (mexico), union campesina democratica (mexico), unorca (mexico), nfu (canada), national family farm coalition (usa), movimiento agrario de la region pampeana (argentinië), aimtr (brasilië), cut (brasilië), cloc (brazilië), mab (brazilië), mst (brazilië), confederacion Campesina nehuen (chili), el surco (chili), alai (equador), fenoc-i (equador), Federacion nacional campesina (paraguay), mcp (paraguay), kfl (korea), kcfm (zuid-korea), dalm (india), dgsm (india), iftop (india), krrs (india), anpa (nepal), sapc (pakistan), flores island peasant union (indonesië), bprpi (indonesië), cra/kpa (indonesië), spsu (indonesië), sintesa foundation (indonesië), spjb (indonesië), Partners of community organizations (maleisië), sabah (maleisië), national Council of indigenous people (maleisië), asian peasant women network (filippijnen), amiitan national federation of peasant women (filippijnen), Dkmp (filippijnen), kammpil (filippijnen), kmp (filippijnen), isfa (thailand), vnup (vietnam), vpn (vietnam), estonian farmer union (estland), peasant Solidarnosc trade union (polen), coag (spanje), cna (portugal), soc (spanje), Cpe (europese boerenvereniging; 14 organisaties uit 10 landen) waarvan aanwezig in mexico:
Fuja (wallonië), vac (vlaanderen), slg (gallicië), ugav (spanje), confederation Paysanne (frankrijk), mijarc (internationale beweging van katholieke plattelandsjongeren).