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2024 | Bulletin d’info d’avril : l’actu des organisations membres de LVC dans le monde

Dans l’histoire des luttes paysannes, avril se dresse comme un mois de mémoire et de mobilisation. Nous nous souvenons des 21 paysan·nes qui ont perdu la vie dans le massacre d’El Dorado Dos Carajás en 1996, tout en persévérant dans la lutte pour la dignité, la justice sociale et la souveraineté alimentaire, en réponse aux défis globaux. Du nouveau Groupe de travail des Nations unies pour la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et d’autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), où nous cherchons à traduire ses principes en actions tangibles défendant les droits des paysan·nes dans les législations nationales, à la construction d’un nouveau cadre pour le commerce agricole mondial régulant les marchés pour éviter les abus et les déséquilibres et garantir des revenus et des prix justes pour celleux qui nourrissent les peuples, la voix des paysan·nes rayonne comme un phare d’espoir, promouvant également l’agroécologie paysanne comme solution à la crise climatique. Dans notre effort pour rendre ces luttes visibles, nous partageons quelques actions remarquables réalisées par nos organisations membres à travers le monde.

Lors d’un webinaire en avril, l’UAWC (Union des comités agricoles de Palestine), avec la participation du rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, a exposé comment les attaques d’Israël, avec plus de 70 000 tonnes d’explosifs, se sont concentrées sur le secteur agricole. Cela a impacté les sources alimentaires et miné la souveraineté alimentaire, essentielle à la survie des Palestinien·nes.

En Tunisie, la persécution et la criminalisation des paysan·nes qui ont récupéré illégalement des terres exploitées par des investisseurs à Siliana en 2021 persistent. Le 17 avril, convoqués pour de nouvelles audiences judiciaires, les paysan·nes ont saisi l’occasion pour revendiquer leur droit à la terre, tel que consacré dans l’UNDROP, lors d’une manifestation devant les tribunaux.

Passant aux nouvelles d’Amérique du Sud, en Argentine, le mouvement national des paysans et des autochtones MNCI – Somos Tierra a signalé dans un report une augmentation de 90 % des prix des aliments sous la gestion de Milei, sans régulation pour les grandes entreprises de l’agrobusiness et de la distribution. Ils dénoncent le soutien de l’Argentine à la Convention UPOV-91, qui favorise la concentration du marché des semences dans des entreprises comme Bayer-Monsanto, également bénéficiaires de la réduction des tarifs pour l’importation d’herbicides comme le glyphosate.

Au Brésil, le MST a initié notre mois de luttes paysannes par des occupations de terres dans tout le pays. Ils ont mené 24 occupations dans 11 États, mobilisant plus de 20 000 familles sans terre, exigeant la réforme agraire dans un contexte de réduction budgétaire pour l’accès à la terre et aux droits fondamentaux.

Le 17 avril, les paysan·nes en Honduras se sont réunis au Congrès national de Tegucigalpa sous forme de foire alimentaire, pour exiger la fin de la criminalisation et des expulsions violentes, ainsi qu’un véritable accès à la terre et un soutien financier. Rien qu’en 2023, 37 expulsions ont été signalées, touchant principalement les entreprises et les coopératives paysannes. Iels ont également demandé l’annulation du Traité de libre-échange avec les États-Unis en raison de la concurrence déloyale résultant de l’importation de produits non taxés.

Dans un nouvel épisode de La Voz de La Via Campesina au Salvador, les paysan·nes ont dénoncé l’accaparement des terres, des semences et de l’eau par des méga-projets. Dans des zones comme Valle el Ángel et San José de Villanueva, le développement immobilier de méga-residences menace l’accès à l’eau dans les zones productives en raison de l’utilisation intensive de cette ressource à des fins commerciales. Ces projets soulignent la lutte paysanne contre un type de développement qui dépasse les capacités du territoire, sapant la durabilité et appauvrissant les communautés locales.

Dans les nouvelles des Caraïbes, le 25 avril en Haïti, un conseil présidentiel avec 7 représentants politiques et 2 observateurs civils a prêté serment pour établir un gouvernement de transition vers des élections dans deux ans. Cette période, marquée par l’insécurité due au trafic illégal d’armes, exige de pacifier la nation, touchée par la violence des gangs, et de revitaliser une économie ébranlée, en abordant l’insécurité alimentaire croissante. La Via Campesina en Haïti espère un gouvernement qui soutienne la production alimentaire et renforce sa participation politique.

L’Organisation Boricuá de Porto Rico a organisé un panel sur l’agroécologie paysanne comme processus éducatif transformateur. Iels ont souligné comment l’agroécologie renforce les communautés et permet aux paysan·nes de rester et de protéger leurs territoires, garantissant une alimentation de qualité pour tou·tes. S’appuyant sur leurs expériences dans les fermes et les écoles d’agroécologie, ils ont reconnu son importance pour l’intégration d’éléments naturels et sociaux, ainsi que pour la récupération des savoirs et des technologies ancestraux en faveur de la souveraineté alimentaire, de la justice sociale et climatique.

En Asie du Sud, à l’occasion de la Journée internationale des luttes paysannes, le Comité Pakistan Kissan Rabita (PKRC) a organisé une marche de paysan·nes à Lakhi Gulam Shah, district de Shikar Pur, province du Sind. Iels ont exigé de meilleurs prix pour les produits agricoles et ont montré leur solidarité avec des manifestations similaires d’agriculteur·rices dans le monde entier. De plus, le PKRC a exprimé sa solidarité avec le peuple souffrant de Gaza, confronté à une violence extrême et à la famine alors que l’assaut génocidaire contre eux se poursuit en toute impunité.

La Fédération des travailleurs agricoles du Bangladesh (BAFLF) a organisé une manifestation à Gazipur, rassemblant les travailleur·euses agricoles pour commémorer la Journée internationale des luttes paysannes, exigeant de meilleurs salaires et conditions de travail. La BAFLF mène des luttes dans tout le pays pour régulariser les travailleurs agricoles employés dans les instituts agricoles d’État.

En Asie du Sud-Est et de l’Est, la Fédération des paysans du Nord (NPF) en Thaïlande a organisé une manifestation en avril pour mettre en lumière plusieurs problèmes de terres communautaires en conflit avec le gouverneur dans la province de Phrae. Selon la NPF, les fonctionnaires du Trésor de la province de Phrae ont annoncé faussement l’annulation des titres de terres communautaires pour les habitants de Ban San Klang, ce qui a provoqué des protestations. Les habitants continuent de résister contre la location forcée de terres, exigeant un traitement équitable et l’accès à des infrastructures de base.

En avril, Nouminren, le mouvement des agriculteurs familiaux au Japon, a émis une déclaration de précaution concernant les efforts en cours pour amender la loi agricole. Les syndicats paysans ont exprimé leur inquiétude que ces amendements soient précipités sans délibération ou consultation adéquates. Le 17 avril, iels ont organisé une protestation près de la Chambre des représentants. Malgré ces protestations, le 19 avril, le gouvernement japonais a approuvé un projet de loi à la Chambre basse pour réviser la loi fondamentale sur l’alimentation, l’agriculture et les zones rurales, prétendument pour améliorer la sécurité alimentaire face aux perturbations de l’approvisionnement résultant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Passant aux nouvelles d’Afrique du Sud et de l’Est, en Tanzanie, environ 21 réseaux locaux de MVIWATA à Ruvuma, Njombe, Iringa, Morogoro, Dodoma, Shinyanga, Simiyu, Geita et Mtwara se sont mobilisés le 17 avril et ont tenu des dialogues sur les luttes paysannes dans leurs villages. D’autres actions comprenaient la plantation d’arbres dans des zones dégradées, la création et l’apprentissage dans des parcelles de démonstration agroécologiques, des cliniques de santé gratuites, etc.

En Ouganda, ESAFF Uganda a organisé le 17 avril un événement de formation pour les dirigeants du gouvernement local afin de les sensibiliser à la déclaration sur les droits de paysan·nes, l’UNDROP. Cette initiative fait partie de la campagne de l’organisation pour traduire les principes de l’UNDROP en politiques concrètes au niveau du gouvernement national.

En Afrique centrale et de l’Ouest, la CNOP-Mali a organisé des ateliers communautaires en avril dans le cadre de la phase II du projet visant à soutenir la sécurité foncière et forestière à travers des commissions foncières, des mécanismes de règlement des différends entre les communautés rurales. Ces ateliers, réalisés en collaboration avec l’AOPP régionale de Koulikoro, visaient à partager des informations sur le projet et à sensibiliser les parties prenantes sur la diversité des formes de gestion et de prévention des conflits fonciers et des ressources naturelles à travers ce mécanisme.

Au Togo, la Coordination togolaise des organisations d’agriculteurs et de producteurs agricoles (CTOP TOGO) a organisé des séances de sensibilisation du 4 au 19 avril dans toutes les préfectures du pays pour mobiliser les acteurs clés des secteurs du maïs, du riz, de l’horticulture et de l’aviculture. Ces activités visaient à informer les parties prenantes de la chaîne de valeur sur les activités et les avantages offerts par le Projet d’appui au mécanisme incitatif de financement agricole basé sur le partage des risques (ProMIFA), tout en suscitant leur intérêt et leur engagement pour assurer le succès du projet.

Passant aux nouvelles d’Europe, en Belgique, le mouvement paysan a manifesté contre le projet d’Ether Energy, qui vise à installer 22 000 panneaux solaires sur 30 hectares de terres agricoles. La protestation a réuni 150 personnes, dont des agriculteur·rices et des citoyen·nes, exigeant un moratoire sur l’agriculture photovoltaïque en Wallonie et une réglementation du marché agricole. Les manifestant·es ont planté des pommes de terre dans la zone menacée et ont mis en garde contre les dangers de l’accaparement des terres agricoles pour l’installation de panneaux solaires.

En Allemagne, des organisations sociales du Brandebourg ont organisé une rencontre pour commémorer la Journée internationale des luttes paysannes, aux côtés des travailleur·euses de trois fermes collectives paysannes. Pendant l’événement, l’histoire de cette journée d’action a été rappelée, mettant en lumière que ces derniers mois ont été chaque jour un 17 avril. « Les paysan·nes résistent quotidiennement, pas seulement pendant les manifestations d’agriculteur·rices. Iels s’opposent à la logique de la croissance illimitée et défendent leur droit à exister dans la société », a affirmé un représentant de AbL, qui a conclu son discours par un appel à rester sur la terre et à résister quotidiennement.


Si nous avons loupé une actu importante, veuillez envoyer les liens à : communications@viacampesina.org pour qu’ils soient inclus dans la prochaine édition. Nous n’incluons que les mises à jour des membres de La Via Campesina.
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