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Justice et solidarité pour Elizabeth Ekaru : Arrêtez de nous tuer !

Bagnolet, le 20 janvier 2022. La Via Campesina, le mouvement international qui rassemble des millions de paysan·ne, des petit·es et moyen·nes producteur·rices agricoles, des travailleur·euses sans terre, des femmes et de jeunes ruraux·ales, des peuples indigènes, des migrant·es et des travailleur·euses ruraux à travers le monde, condamne fermement le récent meurtre d’Elizabeth Ibrahim Ekaru, une activiste et militante environnementale kényane.


Elizabeth Ibrahim Ekaru, 47 ans et mère de cinq enfants, était une défenseuse des droits des femmes et une militante pour l’environnement et l’accès à la terre au Kenya. Elle a été mortellement poignardée le lundi 2 janvier 2022 lors d’un conflit foncier. Au fil des ans, elle a travaillé sans relâche pour défendre les droits fonciers des femmes autochtones au Kenya. Ce meurtre expose une fois de plus la menace croissante à laquelle sont confronté·es tous les défenseur·euses des droits humains et les militant·es communautaires, en particulier les femmes, non seulement en Afrique, mais dans le monde entier. Sous couvert des restrictions imposées par la COVID-19, de nombreux meurtres de défenseur·euses des droits des femmes, des communautés et des droits fonciers sont passés inaperçus et n’ont reçu qu’une attention et une couverture médiatique limitées. Les défenseur·euses des droits humains, en particulier les femmes, risquent d’être attaqué·es, voire tué·es, pour avoir dénoncé les injustices en matière d’environnement et de droits humains. C’est avec une profonde tristesse que nous constatons que dans la plupart de ces cas, les auteurs parviennent à échapper à la justice.

Notre organisation membre au Kenya, la Ligue des paysan·nes du Kenya (KPL), a également exprimé son inquiétude face à l’escalade des cas de fémicide et de violence contre les femmes et les filles dans son pays. Le 15 juillet 2021, une autre défenseuse des droits des femmes, Joannah Stutchbury, célèbre militante de l’environnement, a été brutalement assassinée dans le comté de Kiambu. Joannah s’était opposée avec force aux tentatives des puissants hommes d’affaires locaux visants à faire des construction dans la forêt de la région, et avait reçu des menaces de mort par le passé. En décembre 2021, sept jeunes ont été tué·es dans la région de Kangemi, par un policier qui s’est ensuite suicidé. Le KPL travaille en étroite collaboration avec l’Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) et d’autres partenaires pour que justice soit rendue aux familles des victimes.

Nous sommes solidaires des communautés et des organisations qui demandent justice pour Elizabeth Ibrahim Ekaru et tous les hommes et femmes tué·es pour avoir défendu les droits humains et environnementaux au Kenya. Nous exigeons la fin du fémicide et de la violence sexiste.


Nous exprimons nos plus sincères condoléances à la famille d’Ekaru.


Nous demandons au gouvernement kenyan de traduire les criminels en justice et de garantir la protection des défenseur·euses des droits humains et de l’environnement au Kenya.