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Appel à la solidarité avec les mouvements sociaux français ! Arrêtez les violences policières MAINTENANT !

Déclaration de solidarité


La Via Campesina appelle à un soutien international pour le mouvement social français, contre les violences policières et la dérive autoritaire du gouvernement français

Bagnolet, 30 mars 2023 | Nous observons avec consternation l’évolution des évènements en France. Depuis plusieurs mois, des millions de personnes manifestent pacifiquement contre une réforme des retraites qui va encore faire payer les travailleur·euses pauvres, y compris les paysan·nes, et profiter aux plus riches. La semaine dernière, le gouvernement français a imposé le passage en force de cette réforme sans vote à l’assemblée nationale. Le soir même, et depuis, chaque jour, les manifestations et les actions se multiplient pour dénoncer cette dérive autoritaire et appeler au retrait immédiat de la réforme des retraites. Face à cette mobilisation massive et largement soutenue par l’opinion publique (75 % de la population française est contre cette réforme, et notamment 93 % des personnes en âge de travailler), l’État français se mure dans une posture de déni et apporte pour toute réponse une escalade policière et violente.

Le week-end dernier, une autre étape dans cette dérive autoritaire a été franchie. Notre organisation membre en France, la Confédération Paysanne, appelait avec deux autres organisations, les Soulèvements de la Terre et Bassines Non Merci, à une manifestation contre les méga-bassines, qui sont des outils d’accaparement de l’eau au profit de l’agrobusiness. 30000 personnes se sont réunies pour défendre l’eau, ce bien commun indispensable à la vie de tous les humains comme des milieux naturels. L’État français avait déployé un dispositif policier digne d’une situation de guerre pour protéger un trou de terre de 18 hectares. Pendant des heures, une pluie de grenades s’est abattue sur les manifestant·es, faisant plus de 200 blessé·es. L’État a sciemment empêché les secours d’atteindre la zone où les blessé·es étaient mis à l’abri, interdisant aux ambulances de passer. Aujourd’hui, une personne est entre la vie et la mort et des dizaines d’autres ont perdu un œil, une main, ou risquent d’être paralysées à jamais.

De multiples voix, y compris des rapporteurs spéciaux des droits humains de l’ONU et le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, appellent le gouvernement à sortir de cette escalade répressive. Mais le président de la République française décide de ne rien céder et le ministre de l’intérieur fait le choix d’interdire les Soulèvements de la Terre.

Quelle sera la prochaine étape de cette dérive autoritaire ? Interdire la Confédération Paysanne ? Interdire toute manifestation pour la justice climatique et sociale ?

La France qui se présente partout comme une grande démocratie et le pays des droits de l’homme est-elle en train de basculer définitivement dans un régime autoritaire en dehors des cadres du droit international ?

La Via Campesina appelle à une médiation internationale pour rétablir le dialogue social.

Face à cette situation critique, la solidarité internationale est indispensable. Nous appelons donc nos organisations membres et les mouvements sociaux alliés dans le monde entier à manifester leur soutien aux mouvements sociaux en France.

Voici quelques actions possibles :

  • écrire des lettres de solidarité à la Confédération Paysanne, aux Soulèvements de la Terre et à Bassine Non Merci, et de façon plus générale aux mouvements sociaux français (contact@confederationpaysanne.fr, contact@lessoulevementsdelaterre.org)
  • écrire aux ambassades et au gouvernement français pour dénoncer la répression contre les mouvements sociaux ;
  • organiser des manifestations devant les ambassades et consulats français ;
  • prendre contact avec les élus et les gouvernements de vos pays pour qu’ils dénoncent l’attitude du gouvernement français, appellent au respect des droits humains (notamment du droit de manifester) et se proposent comme médiateurs internationaux pour sortir de cette situation de crise.

Globalisons la lutte, globalisons l’espoir !