Écoles et processus de formation en agroécologie de La Via Campesina

Depuis plus de 25 ans, la formation politique et technique constitue une priorité stratégique de La Via Campesina. Nous comprenons que la force du changement réside dans le niveau de conscience et le degré d’organisation des peuples.

Dans ce sens, les processus de formation développés dans notre mouvement sont étroitement liés à notre projet politique de libération basé sur la souveraineté alimentaire, laquelle se trouve au cœur de l’agroécologie. Chaque institut, chaque école, chaque cours et chaque échange cherche à contribuer à la formation et à la construction d’une force sociale et d’une force politique : pour nous, les peuples organisés constituent la force sociale. Et les peuples de plus en plus conscients et organisés sont la force politique.

La Via Campesina comprend que donner du pouvoir aux peuples est la seule façon de résoudre que des problèmes structurels tels que la pauvreté, la faim, l’exclusion et la marginalisation. Et donner du pouvoir aux peuples, c’est donner du savoir et élargir leur participation à la vie politique, sociale et culturelle de chacune de leurs sociétés.

Partout sur la planète, La Via Campesina compte plus de 70 écoles et processus de formation basés sur l’éducation populaire. Car sa méthode et sa conception proposent la massification de l’agroécologie dans les territoires et le renforcement de la souveraineté alimentaire des peuples. Tous ces processus de formation agroécologique sont construits et organisés par des organisations membres de La Via Campesina.

Pour La Via Campesina, l’agroécologie ne peut exister sans l’éducation populaire et sans la participation des femmes et des jeunes. Car l’agroécologie doit être une pratique politico-organisationnelle présente dans toute la chaîne de production qui permet la solidarité, l’autonomie, la réforme agraire populaire, le travail, le revenu et ainsi, la souveraineté alimentaire.

Dans ce contexte, la formation politico-agroécologique constitue pour LVC un processus continu, large et systématique de réflexion sur la pratique et d’intégration de connaissances socialement produites. Un processus de production et de socialisation de nouvelles connaissances à partir des réalités concrètes dans lesquelles celles-ci sont vécues, en respectant la multiplicité des savoirs et la diversité sociale et humaine.

L’importance de discuter et de mettre en œuvre la formation politico-agroécologique au sein de chaque mouvement et de chaque organisation réside dans la possibilité de comprendre le processus historique, les progrès, les limites et les défis qu’apporte la praxis de la lutte. La caractérisation et l’analyse théorique des mouvements sociaux sont fondamentales pour nous préparer et nous renforcer face aux assauts auxquels nous serons confrontés. Sans une connaissance approfondie de la réalité et des théories, il devient difficile de développer des luttes pour la transformation des structures de la société. Dans un contexte politique mondial de plus en plus complexe et difficile, il est essentiel de former des militantes et militants, des cadres politiques et des spécialistes capables d’interpréter la réalité de manière critique afin de la transformer.

La politique de formation agroécologique concerne l’ensemble des actions pédagogiques, organisationnelles et de lutte qui, à l’aide de diverses méthodologies et contenus, visent à enrichir les connaissances et à élargir la conscience de la base, des militants et des leaders, en favorisant la croissance culturelle et politique des individus et de l’organisation dans son ensemble.

Nos processus de formation prennent en considération la souveraineté des peuples, la souveraineté alimentaire, l’agroécologie et le territoire, non seulement au plan géographique, mais aussi dans la défense intégrale des êtres humains et de la Terre Mère, de l’eau, des montagnes, des semences, de l’air, de la nature et de la biodiversité en général.

Que fait La Via Campesina dans sa stratégie de formation agroécologique ?

  1. Dénoncer le modèle du capital à la campagne — par des luttes directes, l’occupation de terres, des assemblées, la fermeture de rues, des foires, des événements, etc.
  2. Annoncer notre projet (modèle) d’agriculture paysanne et développer les connaissances — à travers des cours formels et informels (leaders, militantes, militants et base), des échanges d’expériences agroécologiques dans toutes les régions et les biomes, des processus « paysan-à-paysan » et des alliances avec diverses organisations qui promeuvent l’agroécologie.

Où ?

  • Dans le quotidien : paysan-à-paysan
  • Dans les écoles de campagne
  • Dans les programmes de baccalauréat/maîtrise en éducation rurale
  • Dans les Instituts latino-américains d’agroécologie (IALA) et les autres centres de formation paysanne

Tisser globalement nos processus d’écoles et nos processus de formation

Dans la carte du monde ci-dessous, nous avons indiqué quelques-uns des processus de formation les plus importants des différentes régions, et que nous avons construits et consolidés collectivement au sein de La Via Campesina. Il faut souligner que nous n’avons pas inclus dans cette carte de nombreux autres processus qui se développent localement dans les territoires avec des objectifs spécifiques.