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Colombie : Conflit armé réactivé en 2021

Pendant l’année 2020 des faits de violence avec une très grande intensité sont enregistrés, il y a eu un accroissement des assassinats de leaders sociaux, ainsi que des massacres et confrontations avec des groupes armés. La recrudescence de la violence, observée depuis que Iván Duque a assumé la présidence, est aiguisée dans le cadre des mesures de confinement obligatoire décrétées pour limiter la propagation du virus.

La vision militariste de la sécurité du gouvernement Duque est caractérisée, principalement, par l’augmentation de la présence militaire dans les zones les plus violentes du pays sans le moindre accompagnement des institutions, et sans récupération du territoire de la part de l’État.

Sous la tutelle de la politique de sécurité du gouvernement Duque, les groupes armés illégaux ont réussi à augmenter leur présence territoriale : les opérations des dissidences des FARC sont passés de 56 municipalités en 2018 à 113 en août 2020 et l’ELN qui était présent dans 99 municipalités l’est désormais dans plus de 160 en 2020. Le paramilitarisme est parvenu à consolider une présence territoriale plus étendue : actuellement le Clan del Golfo opère à peu près dans plus de 200 municipalités.

D’après les chiffres de l’INDEPAZ[1], depuis la signature de l’Accord de paix jusqu’en avril de cette année, 1 166 leaders sociaux ont été assassiné⋅e⋅s, 86% des victimes ce sont des hommes et le 14% des femmes. Rien qu’en 2020, on a enregistré l’assassinat de 310 leaders sociaux, et entre le 1er janvier et le 20 avril 2021, 52 nouvelles victimes sont déjà enregistrées. La plupart des personnes assassinées, sont des leaders des communautés paysannes, indigènes et d’afro-descendants aux prises avec des groupes armés au service d’intérêts économiques et politiques, y inclus des narcotrafiquants, des accapareurs de terres et des ressources naturelles.

Le nombre de massacres est aussi à la hausse : en 2020, 91 massacres, faisant 381 morts ont été dénombrés. Entre le 1er janvier et le 22 avril 2021, 29 nouveaux massacres faisant 105 victimes mortelles ont été enregistrés.

D’après les informations de la Juridiction Spéciale pour la Paix – JEP[2], en espagnol, dans 15% des cas, au cours de ces massacres, des signes de torture ou des traitements cruels infligés aux victimes avant d’être assassinées sont visibles. Par ailleurs, depuis la signature de l’Accord de Paix, le déplacement forcé de population est une des violations des droits de l’homme ayant le plus augmenté.

La JEP a fait remarquer que le manque de conditions de sécurité affectent son travail. À propos de ceci, les faits suivants sont soulignés :

  • Des obstacles dans la réalisation d’exhumations et diligences de la médecine légale en raison d’une coïncidence entre les zones priorisées par cette juridiction et les plans de contrôle ou récupération territoriale de la part de l’ELN.
  • La crise humanitaire dans la zone Pacifique du département de Nariño, promet un échec le futur du macro-procès n°2, relatif aux affectations de terre pour les peuples indigènes, afro-descendants, et paysans des municipalités de Ricaurte, Tumaco et Barbacoas (Nariño).
  • Il y a une détérioration des garanties de participation pour ceux et celles qui comparaissent dans les procès ou tentent d’apporter des témoignages, étant donné que les ex-combattant⋅e⋅s et les victimes sont en train d’être menacé⋅e⋅s.

Plusieurs institutions coïncident sur le fait que 2021 est l’année la plus violente depuis la signature de l’Accord de Paix. Selon les informations de l’Unité d’enquête et accusation de la JEP, près de 6 500 personnes ont été victimes de déplacements forcés entre le 1er et le 4 avril 2021. Le tableau ci-dessous, émis par la JEP, rend compte ldes faits affectant les civils en 2021  :

Nuisances aux civils en 2021

PériodeFamilles déplacées de forcePersonnes déplacées de forceFamilles en confinementMassacres
01/01/21 – 24/01/2157200806
25/01/21 – 07/02/2124029588*5
08/02/21 – 21/02/212191.6917314
22/02/21 – 07/03/21809651352
08/03/21 – 04/04/211.0813.3602828

Source : Élaboration de l’auteur basé sur des informations de l’Équipe d’identification et avertissement opportun des risques -JEP

*A ce chiffre s’ajoute le confinement de 2 300 membres du peuple Emberá.

Face à la généralisation et la recrudescence de la violence vécues dans le pays, les efforts du président Duque sont centrés sur la négation de la systématicité des faits et sur son refus d’implémenter l’Accord conçu à La Havane. Le gouvernement n’a pas permis le fonctionnement effectif ni de la commission national pour garantir la sécurité, ni de la haute instance pour garantir l’exercice politique. Ceci a pour conséquence d’ignorer le mandat légal pour le démantèlement d’organisations criminelles qui agissent contre les leaders sociaux et les promoteurs de l’implémentation des Accords de Paix.

Foto: Miregión360


[1]Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz. À ce propos, visiter : http://www.indepaz.org.co/lideres/

[2]Jurisdicción Especial para la Paz – JEP, Informes Unidad de Investigación y acusación. À ce propos, visiter : https://www.jep.gov.co/JEP/Paginas/informes-uia.aspx