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France: La Confédération paysanne dénonce l’utilisation de la famine comme arme de génocide à Gaza

Communiqué de presse : La Confédération paysanne dénonce de toutes ses forces l’utilisation de la famine comme arme de génocide à Gaza


Bagnolet, le 14 mars 2024 | La Confédération paysanne exprime sa consternation face à l’utilisation de la famine comme arme de génocide contre le peuple palestinien. Depuis des mois, les responsables de l’État israélien revendiquent expressément l’usage de l’alimentation comme arme de guerre à Gaza. Cette stratégie délibérée conduit à la situation catastrophique dans laquelle se trouve aujourd’hui la totalité de la population à Gaza : les gens n’ont plus d’autre choix que de manger des aliments pour animaux, des nourrissons meurent de faim et de déshydratation, 100 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire grave.

Il ne s’agit pas d’une « crise humanitaire », comme de trop nombreux médias français le laissent entendre. Il s’agit d’un génocide et de crimes contre l’humanité. Qui pourrait nier l’intentionnalité d’affamer le peuple palestinien ? Les champs des paysan·nes de Gaza ont été ravagés, les installations agricoles anéanties, l’accès à la mer interdit aux pêcheurs. Des milliers de camions d’aide humanitaire attendent à la frontière à Rafah, à quelques kilomètres de là où les Gazaouis meurent de faim et l’aide alimentaire pourrit sur place côté égyptien, car l’État israélien n’autorise que quelques dizaines de camions à passer chaque jour, quand il en faudrait plus de cinq cents. De plus, l’armée israélienne a bombardé à plusieurs reprises les lieux où des distributions d’aide alimentaire avaient lieu[1].

Par ailleurs, les exactions commises contre les paysan·nes en Cisjordanie révèlent eux-aussi une stratégie de détruire la souveraineté alimentaire des Palestiniens. Les colons accaparent les terres des paysans palestiniens, s’approprient ou détruisent leurs récoltes, confisquent ou détruisent tout accès à l’eau, avec le soutien des forces armées israéliennes. Or, en Palestine comme partout ailleurs, la souveraineté alimentaire est un droit et un élément essentiel de l’autodétermination des peuples.

En tant qu’organisation paysanne, cette stratégie délibérée d’utiliser la destruction de l’agriculture et la famine pour exterminer un peuple nous révulse. Le droit à l’alimentation et les droits des paysan·nes, reconnus dans la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Paysans et des autres personnes travaillant en zone rurale (UNDROP), sont des droits humains essentiels. Nous saluons le travail indispensable réalisé en particulier par le rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation pour dénoncer sans relâche ces violations gravissimes des droits humains. Nous regrettons amèrement que ces alertes répétées depuis des mois par l’ONU ne soient pas écoutées.

L’État français porte une lourde responsabilité dans cette faillite à stopper le génocide dont est victime de peuple palestinien. Malgré l’arrêt de la Cour Internationale de Justice rendu le 26 janvier, le gouvernement français continue à traiter l’État israélien en allié ; s’il était confirmé que la France vend encore des armes à Israël, alors il pourrait s’agir d’une complicité de génocide, au sens du droit international. Il est plus que temps que nos gouvernants prennent au sérieux leur responsabilité collective et individuelle dans le soutien à des crimes aussi graves.

La Confédération paysanne appelle donc le gouvernement français à :

  • œuvrer à un cessez-le-feu permanent et inconditionnel ;
  • cesser toute livraison d’armes à Israël ;
  • décupler l’aide financière versée à l’agence des Nations Unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (l’UNRWA) et augmenter massivement l’aide humanitaire apportée aux Palestinien·nes ;
  • reconnaître sans ambiguïté le droit des Palestinien·nes à un État et soutenir la pleine reconnaissance de la Palestine comme État-membre à part entière de l’ONU ;
  • rompre immédiatement l’accord d’association commerciale entre l’Union Européenne et Israël ;
  • soutenir l’Afrique du Sud dans sa plainte déposée auprès de la Cour Internationale de Justice et à minima respecter de façon stricte les décisions de la CIJ.

Il est urgent d’agir pour la vie et pour la paix.


[1] Communiqué de presse des rapporteurs spéciaux de l’ONU : https://www.ohchr.org/en/press-releases/2024/03/un-experts-condemn-flour-massacre-urge-israel-end-campaign-starvation-gaza