Communiqué : La Via Campesina appelle à la libération des détenus de Hirak Rif au Maroc
La Via Campesina salue les forces vives du Maroc suite à la Marche populaire de Rabat du 15 juillet 2017, appelle à la libération des détenus du Hirak du RIF et de tous les mouvements sociaux et à ouvrir une enquête sur les tortures et les mauvais traitements qu’ils ont subis et à satisfaire leurs revendications.
Nous, à La Via Campesina, le mouvement paysan international, avons été choqué.e.s en apprenant les verdicts et les lourdes peines de prison ferme prononcées contre 52 détenus du mouvement social Hirak Rif au nord du Maroc, poursuivis devant la chambre criminelle de 1ere instance du tribunal d’appel de Casablanca.
Les peines ont atteint 20 ans de prison ferme pour quatre activistes, dont le leader du Hirak Nacer Zefzafi, 15 ans pour trois autres, 10 ans de prison ferme pour sept, dix autres ont été condamnés à 5 ans de prison ferme, huit à 3 ans de prison ferme, et vingt activistes à 2 ans de prison ferme, soit plus de trois siècles pour l’ensemble.
Dans la plupart des cas, les détenus ont été accusés d’avoir incité, ou participé, ou été complices d’actes de troubles à l’ordre public, mais sans fournir aucune preuve de leur responsabilité pénale individuelle dans des actes de violence, les manifestations non autorisées n’étant pas une raison d’emprisonnement tant qu’elles demeurent pacifiques. Depuis quand le fait de revendiquer des alternatives économiques est devenu une atteinte à l’ordre public ?
Le Hirak du Rif a été initié en octobre 2016 suite à la mort atroce de Mohssine Fikri, un pêcheur de la ville d’Al-Hoceima, broyé par un compresseur d’un camion à ordure, dans une scène humiliante et surréaliste. Le mouvement pacifique qui s’en suivit, après six mois de revendications auxquelles l’État marocain n’a pas trouvé de réponse autre que la répression, s’est soldé par l’arrestation de centaines de manifestants, dont un grand nombre ont subi des actes de torture et de mauvais traitements, et qui ont été condamnés à plus de 1000 années de prison.
Le Hirak du Rif n’est pas le seul mouvement social actuellement réprimé au Maroc. Dans plusieurs régions, autochtones « amazigh » et rurales notamment, la population vivant essentiellement de l’agriculture fait face à la répression et même la torture et la prison, dès qu’elle revendique son droit au développement et aux richesses de ses terres. C’est le cas des régions de Jerada, Zagora, Seraghna, Imider, Oulmes, Outat Lhaj et tant d’autres régions.
Nous, à la Via Campesina :
- Proclamons notre indignation devant les procès iniques et partiaux subis par les activistes de mouvements sociaux qui ont manifesté pacifiquement pour des revendications sociales et économiques légitimes.
- Demandons l’annulation de ces peines et la libération immédiate des détenus, qui réclamaient leurs droits fondamentaux dans des manifestations pacifiques, que ce soit au Rif, à Jerada ou autres localités,
- Exprimons notre soutien aux détenus et à leurs familles, et demandons l’ouverture d’une enquête sur les allégations de torture exprimées par les détenus au cours du procès.
- Rappelons que les revendications du mouvement du Hirak du Rif relèvent des droits fondamentaux que le Maroc s’est engagé à garantir à ses citoyen.ne.s, et exigeons que l’Etat marocain respecte ses engagements en matière de droit au développement et de lutte contre la pauvreté et la marginalisation.
- Saluons toutes les organisations et forces vives du Maroc, qui sont sorties dans la rue pour manifester leur mécontentement le 8 juillet à Casablanca et le 15 juillet à Rabat, pour exprimer leur solidarité avec les activistes du Hirak au Maroc détenus arbitrairement, et exiger leur libération, et notamment nos camarades à la Fédération Nationale du Secteur Agricole.
- Affirmons notre solidarité avec tous les mouvements sociaux légitimes marocains et les formes de protestation qu’adopte le peuple marocain qui lutte pour sa dignité.
Globalisons l’espoir ! globalisons la lutte !
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