Brésil : Les femmes sans terre dénoncent la violence de l’agrobusiness
Un autre mois de mars approche et ils est déjà possible sentir les arômes des luttes, de la rébellion et de la résistance des femmes Sans Terre, qui se préparent dans nos territoires de la Réforme Agraire pour un ensemble d’actions qui seront menées dans tout le pays, du 6 au 8 mars de cette année, dans le cadre de la Journée nationale de Lutte des Femmes Sans Terre.
Avec le slogan « L’agrobusiness profite de la faim et de la violence. Pour la Terre et la démocratie, femmes en résistance ! », les paysannes espèrent promouvoir des activités de formation, des luttes massives pour dénoncer et pour annoncer le projet pour l’agriculture familiale paysanne, avec des actions de solidarité ; ainsi que des négociations avec le gouvernement fédéral et celui des états sur les demandes des femmes Sans Terre pour la prochaine période.
« Avec l’attente de la lutte des femmes dans tout le pays, nous allons reprendre la lutte pour la terre avec des occupations de terres, des mobilisations, des formations avec les femmes, des actions de solidarité, avec des dons alimentaires, des dons de sang. Ici à Alagoas nous voulons avancer dans la conquête économique pour les femmes en partant de la négociation et de la dénonciation des violences », déclare Margarida da Silva, de la Coordination nationale du MST.
Margarida souligne également que les femmes Sans Terre exigent l’annonce des surintendants de l’Institut national de Colonisation et de la Réforme Agraire (INCRA) dans tout le pays avant la Journée de lutte de mars.
Cette anné, le point central des luttes de mars sera le dénonciation de l’augmentation de la faim et de la violence dans le pays, prouvée, principalement par l’avancée du modèle violent et cruel de l’agrobusiness, qui exclut les paysans, concentre la terre et détruit la nature avec l’augmentation des brûlages et l’utilisation excessive d’agrotoxiques, qui a augmenté de manière épouvantable sous le dernier gouvernement.
« Le choix du thème est né de la compréhension collective du fait que le capital rural a établi des liens étroits avec le néofascisme, qui se répand dans la société brésilienne, et qu’il est l’un des principaux articulateurs et financeurs des tentatives de coup d’État que nous vivons depuis l’élection du président Lula », affirme Lizandra Guedes, de la Coordination nationale du secteur de genre du MST.
La faim touche davantage les femmes
Actuellement, au Brésil, seulement quatre familles sur dix parviennent à avoir un accès complet et satisfaisant à la nourriture, selon les données de la 2ème Enquête nationale sur l’Insécurité alimentaire dans le contexte de la Pandémie de Covid-19, 2022 du Réseau PENSSAN. Dans ce contexte, la faim touche plus de 33 millions de personnes, dont l’alimentation n’est pas garantie, et plus de la moitié de la population (58,7 %) est confrontée à un certain degré d’insécurité alimentaire. La recherche montre que le pays a régressé à un niveau équivalent à celui des années 1990 et est revenu à la carte de la faim, qui avait été publiée en 2014, sous les gouvernements du Parti des Travailleurs (PT).
Vous vous demandez peut-être : quel est le rapport entre la faim et les luttes des femmes Sans Terre ? Il y a tout à voir, car la faim dans le pays a un visage, un genre et un lieu précis. Elle touche principalement les familles dirigées par des femmes, les femmes des campagnes et des périphéries urbaines, et surtout les femmes noires, ce qui accroît l’insécurité et la violence envers les femmes. Les données du Réseau PENSSAN montrent des inégalités importantes dans la comparaison entre les foyers dirigés par des hommes et ceux dirigés par les femmes pendant la période de recherche. Dans les foyers où la femme est le chef de famille, la faim est passée de 11,2% à 19,3%. Dans les foyers oú l’homme est chef de famille, la faim est passée de 7,0% à 11,9%. Cette situation est due, entre autres, à l’inégalité des salaires entre les genres.
Dans ce contexte, la faim chez les femmes rurales est également plus importante que dans les zones rurales. Dans les zones rurales, l’insécurité alimentaire (à tous les niveaux) est présente dans plus de 60% des foyers. Parmi ceux-ci, 18,6% des familles vivent avec la faim, ce qui est plus grave que la moyenne nationale.
L’agrobusiness augmente les violences envers les femmes
Les paysannes soulignent que l’agrobusiness, dans sa recherche effrénée du profit, s’approprie les biens communs, provoque la faim, la pauvreté, le chômage et la violence, notamment à l’égard des femmes. Il est devenu le principal prédateur des biens communs de notre pays, détruisant la nature par l’exploitation minière sur les terres indigènes, les incendies dans le Pantanal et le Cerrado, et la déforestation en Amazonie. En ce sens, l’agrobusiness a menacé les peuples traditionnels, assassiné et encouragé la violence contre les peuples indigènes, les paysans, les ribeirinhos, entre autres peuples de la forêt et de l’eau.
Lizandra explique que les femmes Sans Terre dénoncent l’agrobusiness en raison de son modèle d’exclusion et mort, qui a, selon elle, « parrainé diverses violences perpétrées sur la classe ouvrière, en particulier contre les femmes, les sujets LGBTIA+ et les Noirs. La concentration de la terre au Brésil entretient un lien intime avec le maintien d’une société patriarcale, raciste et violente. »
« Nous dénonçons l’augmentation de la faim, avec la concentration des terres, l’utilisation d’agrotoxiques, la destruction de la nature et l’impact direct sur la vie et la santé des femmes rurales et urbaines, qui ont souffert de la faim et des violences. Cette situation ne peut être combattue que par la Réforme agraire et une politique d’État visant à mettre fin à la faim et aux violences subies par les femmes », ajoute Margarida.
Les violences envers les femmes ont avancé
Les femmes Sans Terre dénoncent également les diverses formes de violences patriarcale et raciale, qui affectent les personnes en situation de vulnérabilité et ont fait plusieurs victimes dans les campagnes, comme les cas de féminicides, de meurtres LBTIphobes et de suicides qui ont eu lieu ces dernières années.
Le féminicide au Brésil a augmenté à un rythme effrayant, atteignant une moyenne de quatre femmes assassinées par jour au Brésil pour violence de genre (c’est-à-dire qu’elles sont assassinées seulement par le fait d’être des femmes). En 2021, 1 341 femmes ont été tuées par féminicide. Et au cours du premier semestre de 2022, 699 ont été victimes de ce type de crime, selon le Forum brésilien de Sécurité publique. Parmi ces cas, 62% des victimes étaient noires et environ 80% d’entre elles ont été assassinées par des partenaires ou anciens partenaires intimes, précisent également les données.
Les registres des viols vulnérables contre les femmes et les filles ont augmenté de 12,5% au premier semestre de 2022 par rapport au premier semestre de 2021, pour un total de 29 285 victimes. Cela donne une moyenne d’une fille ou d’une femme violée toutes les 9 minutes au Brésil. Parmi les victimes, dans environ 80% des cas, l’auteur était connu de la victime, et près de 75% des victimes étaient considérées comme vulnérables, incapables de consentir, les crimes étant commis sur des mineurs de moins de 14 ans. En même temps, la violence domestique a également augmenté, atteignant le niveau d’un cas d’agression enregistré toutes les deux minutes dans le pays. En 2021, 230 861 cas de victimes de lésions corporelles coupables ont été enregistrés dans le cadre de la violence domestique au Brésil. La violence domestique peut être psychologique, morale, sexuelle, patrimoniale ou physique.
D’autre part, le Brésil continue également à porter le triste titre de pays où le plus de personnes sont tuées par le crime de LGBTphobie dans le monde. En 2022, un total de 256 personnes LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queer, intersexuels, asexuels, +) ont été des victimes de mort violente au Brésil. Parmi ces cas, 242 ont été d’assassinats et 14 de suicides, selon l’Observatoire du Groupe gay de Bahia. En plus de la tradition d’une longue histoire de violence contre les LGBTQIA+, l’augmentation exponentielle contre cette population est également effrayante, les agressions ont augmenté 35,2%, en plus de l’escalade de 7,2% dans les homicides et 88.4% dans les cas de viols, l’enquête est de l’Annuaire brésilien de la Sécurité publique 2022.
Réforme agraire populaire
Quant aux propositions, les paysannes annoncent leur volonté de poursuivre la lutte et la résistance pour la démocratisation de la terre, exigeant la mise en œuvre d’un projet national de Réforme agraire, afin que les familles Sans Terre aient un droit où produire des aliments sains pour nourrir la population brésilienne et combattre la faim. Ils veulent également augmenter les mécanismes de participation populaire afin que les femmes et les familles du MST puissent renforcer les luttes contre le fascisme et pour le progrès de la démocratie brésilienne, dans la recherche de relations humaines émancipées et sans violence.
« La Réforme agraire populaire est un besoin de toute la classe ouvrière et doit devenir une lutte de toute la société brésilienne actuelle. Grâce à la démocratisation de l’accès à la terre et à l’allocation de politiques publiques pour la production d’aliments sains, avec l’agroécologie, il est possible de combattre l’état actuel de pauvreté, de faim et de chômage qui affecte des milliers de familles brésiliennes », conclut Lizandra.
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