2024 | Bulletin d’info de février : L’actu des organisations membres de La Via Campesina dans le monde

Ce mois de février a été marqué par une série de grandes mobilisations des organisations syndicales et des mouvements paysans en Europe et en Asie. Parmi eux, nos chers membres de La Via Campesina se sont remarquablement mobilisés dans ces luttes paysannes. Leur présence s’est manifestée avec force, s’opposant vigoureusement à l’OMC, aux accords de libre-échange, ainsi qu’aux politiques européennes visant à détruire nos systèmes alimentaires et à renforcer la domination du système capitaliste. Ces actions exacerbent les injustices sociales et économiques, entraînant la destruction des moyens de subsistance des petit·es agriculteur·rices et la perte de la souveraineté des pays au profit des agro-industriels et des investisseurs. Pour en savoir plus sur ces luttes, nous vous invitons à lire les déclarations de nos membres disponibles sur notre site internet et nos réseaux sociaux. En plus de ces manifestations, des formations, des ateliers et des événements sont marqués sur tous les continents.

Par ailleurs, dans le cadre de la Journée internationale des luttes pour les droits des femmes le 8 mars, La Via Campesina lance un appel à l’action à l’occasion de cette journée. “Avec conviction, nous construisons la souveraineté alimentaire et luttons contre les crises et la violence”, parmi ces crises, nous référons aussi au génocide à Gaza qui continue jusqu’à ce moment, et nous appelons à intensifier notre solidarité et à continuer avec force et conviction de lutter contre les guerres et pour une paix durable dans tous les pays du monde.


En Asie, des rapports récents indiquent qu’au cours du mois de février, des agriculteur·rice·s à travers le continent sont descendu·e·s dans les rues et ont publié des déclarations appelant à des prix plus équitables pour leurs cultures et à la fin des accords de libre-échange qui favorisent l’afflux d’importations bon marché. Des mouvements en Corée, en Indonésie et au Sri Lanka ont exprimé leurs préoccupations et organisé des manifestations sur ces questions. 

Pendant ce temps, en Inde, les agriculteur·rice·s se mobilisent à nouveau, appelant au soutien des prix, à la sauvegarde des programmes publics de constitution de stocks alimentaires et à la contestation des politiques de l’OMC.

Au Sri Lanka, le Mouvement pour la réforme agraire et agricole (MONLAR) a réalisé une analyse approfondie et critique du programme “URUMAYA” du gouvernement sri-lankais, qui vise à fournir des titres fonciers en pleine propriété à deux millions d’agriculteur.rice.s. Ils ont recommandé qu’au lieu de programmes ponctuels, des politiques globales de réforme foncière soient mises en œuvre. Ces politiques devraient donner la priorité à une distribution équitable et juste des terres, renforcer les cadres juridiques afin de garantir la sécurité foncière et la protection des droits fonciers des petit.e.s agriculteur.rice.s, et promouvoir des programmes d’agriculture agroécologique paysanne.

La Fédération des Travailleurs Agricoles du Bangladesh continue de mener sa campagne pour la formalisation des travailleur·euse·s contractuel·le·s de la Bangladesh Agricultural Development Corporation et pour l’augmentation de leurs salaires. En novembre 2023, le syndicat a remporté une victoire cruciale après que le Ministère de l’Agriculture a ordonné la régularisation des travailleur·euse·s contractuel·le·s de la BADC. Cependant, les progrès ont été lents. Le mouvement a également informé que la BADC, dirigée par l’État, n’a pas réussi à livrer en temps voulu des semences aux agriculteur·rice·s, créant ainsi une pénurie artificielle et forçant les agriculteur·rice·s à acheter des semences à des prix plus élevés auprès d’importateurs privés.

La Fédération des Paysans du Nord en Thaïlande a rencontré le 24 février le ministre de l’Agriculture et des Coopératives, appelant le gouvernement à traiter et à accélérer des questions fondamentales, notamment l’élaboration d’une nouvelle constitution, la décentralisation du pouvoir, la réforme judiciaire, une distribution équitable des terres, la gestion des ressources naturelles, la gestion des catastrophes, la protection des groupes ethniques, la résolution des problèmes de droits et de statut, la promotion de l’État-providence, et la prise en charge du développement des conditions de vie de base et des services publics.

En Europe ,les agriculteur·rice·s françai·se·s et néerlandai·se·s de ECVC ont répondu à l’appel de leurs homologues belges, FUGEA et MAP, en convergeant devant le Parlement européen à Bruxelles. Ils exigeaient que l’Union européenne s’engage à garantir des prix équitables aux agriculteur·rice·s, à couvrir les coûts de production et à assurer un revenu décent aux travailleur·euse·s agricoles. Suite à cette puissante vague de mobilisation des agriculteur·rice·s contre la répression policière, le cabinet d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s’est engagé à organiser une réunion avec ECVC à Strasbourg

Au cœur de Madrid, un soulèvement synchronisé a eu lieu en Espagne . Des paysans de Bilbao, de Salamanque, d’Aragon, de Castille et d’autres communautés se sont joints à la grève nationale, exigeant l’application de la loi sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire qui vise à soutenir les prix agricoles.

Le Çiftçi-Sen en Turquie a conclu sa deuxième assemblée générale sous le slogan “Lutte mondiale, résistance locale”, soulignant la nécessité de connecter les luttes locales avec les mouvements mondiaux. Iels ont condamné les projets d’exploitation minière à ciel ouvert soutenus par le gouvernement, menaçant les communautés rurales, exigeant des évaluations environnementales. La paysannerie a exprimé ses préoccupations quant au contrôle impérialiste de l’agriculture et de la production alimentaire, plaidant en faveur de politiques soutenant la souveraineté alimentaire locale.

L’Association autrichienne des agriculteur·ricess de montagne ÖBV a célébré son 50e anniversaire, mettant en avant l’engagement, la solidarité et le succès dans les luttes paysannes. Les événements comprenaient le partage des réalités locales, une pièce de théâtre par des femmes paysannes et une tombola financée par les contributions des paysan·nes participant·es.

Lors du 8e Forum des agriculteurs du FIDA, les agriculteur.rice.s ont appelé à l’intégration de l’agroécologie, au renforcement des politiques de marché équitable et au soutien des petits producteur.rices. Iels ont clairement exprimé leur opposition au financement des acquisitions de terres à grande échelle et aux investissements spéculatifs. Leur priorité est désormais la promotion de la durabilité, des investissements à long terme et le renforcement des capacités internes des organisations agricoles.

Au Zimbabwe, les agriculteur.rice.s du Zimbabwe Small Holder Organic Farmers’ Forum (ZIMSOFF) et de l’organisation des petit.e.s agriculteur.rice.s de Topora (SFO) ont visité les agriculteur·rice·s de Bikita dans le cadre d’une visite d’échange. Cette visite a permis aux paysan·ne.s d’observer les pratiques agroécologiques de la communauté de Kumboedza, mettant l’accent sur l’utilisation d’intrants naturels, la rotation des cultures et la culture intercalaire pour améliorer la fertilité des sols et réduire l’utilisation d’engrais et de pesticides synthétiques. Ils ont également échangé des connaissances sur les variétés de cultures, la récupération de l’eau et l’intégration du bétail dans les systèmes agricoles pour améliorer la santé des sols et augmenter les rendements des cultures, en réponse à la sécheresse causée par El Nino et le changement climatique.

En Ouganda, du 12 au 16 février, l’ESAFF Ouganda et une équipe du ministère de l’agriculture et du centre de ressources phytogénétiques NARO, Oxfam et PELUM Ouganda ont visité trois communautés dans les districts de Soroti et d’Amuria afin d’évaluer les variétés de semences paysannes et d’en apprendre davantage à leur sujet. Cette visite s’inscrivait dans le cadre de l’ambition de l’ESAFF Ouganda de voir les variétés de semences paysannes reconnues et appréciées à leur juste valeur. Les variétés de semences paysannes jouent un rôle important dans la sécurité alimentaire et semencière des communautés et fournissent les semences primaires pour la plupart des travaux de recherche et de sélection.

L’Organisation Nationale des Agriculteur·rice·s de Tanzanie (MVIWATA) a publié son premier bulletin d’information pour 2024, présentant un résumé des principaux événements de 2023. Cela marque également leurs 30 ans d’organisation pour les intérêts et les droits des petit·e·s agriculteur·rice·s de Tanzanie. Lisez et partagez !

Au Sénégal, le Conseil National de Concertation et de Coopération des ruraux (CNCR) a appelé au respect de la constitution suite à la recommandation de report de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février. Au même moment, le CNCR continue de mobiliser ses membres agriculteur.rice.s pour faire avancer les réformes. Voir les deux vidéos : 1/ Pourquoi les agriculteurs ont-ils besoin de faire reconnaître leur statut et quels en sont les avantages ? 2/Pape Banda Dièye Président du CNCR parle de travailler ensemble pour identifier les défis, mais aussi pour apporter les réformes qui consolideront nos exploitations familiales 

Au Togo, la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles (CTOP-Togo) a organisé une formation visant à renforcer les capacités de 720 femmes transformatrices impliquées dans la production de farine nutritive pour les enfants. Cette initiative vise à diversifier la gamme de produits des coopératives féminines, garantissant ainsi la disponibilité de produits de qualité tout en promouvant l’intégration d’ingrédients locaux tels que le moringa, le néré et/ou la patate douce à chair orangée

En Palestine, la situation continue de s’aggraver. L’occupation israélienne persiste à affamer et à attaquer les civil·e·s à Gaza, intensifiant ainsi le blocus à Rafah pour empêcher l’entrée de l’aide humanitaire. Pour répondre à cette situation, l’UAWC lance une action mondiale contre l’utilisation de la famine comme génocide en Palestine, intitulée “le 9 mars Journée mondiale de jeûne en solidarité avec le peuple de Gaza”. Pour plus d’informations, veuillez cliquer ici.

En Tunisie , “Camions de la mort” Le 5 février, un tragique accident de la circulation s’est produit dans le quartier Ouled Khalifa de la commune de Jelma à Sidi Bouzid, causant la mort d’une ouvrière agricole de 50 ans et d’une autre ouvrière, ainsi que des blessures à 29 autres femmes paysannes. L’accident est survenu à cause du renversement d’un camion transportant des ouvrières agricoles, dont deux enfants et leur mère. l’association Million Rural Women and the landless demande instamment aux autorités d’assurer la sécurité des transports pour les paysannes et les ouvrières, en garantissant l’accès à la terre et à des opportunités de travail dignes pour celles qui produisent de la nourriture de leurs propres mains et qui nourrissent notre peuple.

À Porto Rico, l’Organisation Boricuá de Agricultura Ecológica et ClocLVC ont lancé la campagne @defensadetierraspr – “Des terres pour l’agriculture et des toits pour l’énergie“, en collaboration avec d’autres initiatives et projets communautaires, pour continuer à défendre la terre : les sols agricoles qui garantissent la possibilité de planter et de nourrir de manière durable tout en protégeant la biodiversité, ainsi que les terres de haute valeur écologique, les maisons et les communautés. Cette campagne comporte quatre volets : Éducation ,Plaidoyer , Politique publique, Agroécologie et énergie renouvelable communautaire.

Haïti, Islanda Aduel de l’organisation Ték Kole ti Peyizan Ayisyen, membre du Cloc – Via Campesina Caribe a participé à un espace de solidarité dominicaine avec Haïti, où elle a parlé de la lutte contre le colonialisme du Core Group, du gouvernement de facto et des paramilitaires. 

République dominicaine; L’Institut Agroécologique Latinoaméricain IALA Mama Tingo a organisé le 20 février un forum sur les espèces endémiques et natives dans la municipalité de Restauración, province de Dajabón, en République dominicaine. Avec un processus de collecte de graines et de gestion de pépinières.

Au Honduras, le Conseil environnemental indigène Lenca du Honduras (CILAH) lutte contre la tentative du maire et de certains membres de la corporation municipale d’Opatoro, La Paz, de les déposséder du terrain de leur centre de formation, utilisé depuis 30 ans. Malgré leur plainte déposée, le CILAH continue de faire face à des pressions constantes. La Via Campesina Honduras exprime sa solidarité et demande aux autorités d’enquêter sur cette affaire.

Le Comité de l’unité paysanne (CUC) du Guatemala exprime sa profonde solidarité et son soutien à l’Oficina de Derechos Humanos del Arzobispado de Guatemala (ODHAG), une organisation respectée qui joue un rôle crucial dans la défense des droits de l’homme. Récemment, les bureaux de l’ODHAG ont été cambriolés, ce qui représente une attaque contre les efforts incessants de l’organisation en faveur de la justice, de la mémoire historique, de la protection des enfants et de la promotion du changement social au Guatemala.

En Nicaragua, l’Association des Travailleurs Agricoles félicite les diplômé·e·s en agroécologie de la troisième génération de l’IALA Mesoamérica et de Santa Emilia. Ils ont reçu leurs diplômes sur le campus de l’IALA à Santo Tomás, Chontales.

Au Brésil, une séance solennelle a eu lieu pour célébrer le 40e anniversaire du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil. Il s’agit d’un moment important de reconnaissance pour le plus grand mouvement social d’Amérique latine et de l’histoire du pays, pour sa lutte en faveur de la réforme agraire et de la justice sociale. Elle s’est déroulée en personne à la Chambre des Députés à Brasilia, avec la participation de parlementaires, de représentants du gouvernement, d’ambassades, de partis politiques et d’organisations populaires.

La Fédération nationale des paysans (FNC) du Paraguay a organisé une journée de protestation le 20 février, condamnant l’abandon par l’État de la production à petite échelle en pleine catastrophe climatique et dénonçant le faible prix de la production. Simultanément, des manifestations de la FNC ont eu lieu à San Pedro, Caaguazú, Canindeyú, Guairá, Itapúa, Misiones, Paraguarí et Caazapá.

Cette année, la Coordination Nationale Agraire (CNA) de Colombie célèbre ses 27 ans d’organisation et de résistance qui est Fondée au cours des mobilisations paysannes des années 1990, l’organisation rassemble aujourd’hui des femmes, des hommes, des pêcheur.euse.s, des agriculteur.rice.s et des travailleur·euse·s ruraux.les, présent.e.s dans 22 départements du pays. Ensemble, il.els portent les aspirations de transformation des campagnes colombiennes et la construction d’une nouvelle société.

Au Pérou, la Confédération nationale agraire (CNA) et ses fédérations agraires ont participé à la deuxième réunion du macrocentre national “Agenda indigène. Lors de cette réunion, plusieurs thèmes ont été abordés, notamment la revitalisation de la culture indigène, les progrès de la science et de la technologie, l’extractivisme, la dépossession des terres dans les communautés, le bien-vivre, la coexistence harmonieuse avec la diversité biologique. Il.els ont également souligné la nécessité de réformer le système de représentation politique des peuples autochtones dans l’État.

Au Chili, l’ANAMURI lance un appel à la solidarité suite  à l’incendie survenu à Valparaiso le 4 février, une catastrophe qui a coûté la vie à 131 personnes, détruit 1 300 maisons et brûlé plus de 500 000 hectares. L’Association nationale ANAMURI a lancé une campagne internationale d’aide aux familles touchées et a appelé à mettre un terme à la destruction et à l’horreur causées par un modèle de production cruel et non durable de monoculture forestière et d’entreprises immobilières sans scrupules.

Au Canada, l’NFUniversity offre au public une opportunité gratuite du janvier jusqu’à avril d’approfondir les grands sujets liés aux défis complexes auxquels sont confronté·e·s les agriculteur·rice·s d’aujourd’hui. Parmi ces sujets, on retrouve l’agroécologie, les crises climatiques, le libre-échange moderne, etc. Pour plus d’informations et pour participer veuillez cliquer ici.



Si nous avons loupé une actu importante, veuillez envoyer les liens à : communications@viacampesina.org pour qu’ils soient inclus dans la prochaine édition. Nous n’incluons que les mises à jour des membres de La Via Campesina.
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