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2024 | Bulletin de janvier : L’actu des organisations membres de La Via Campesina dans le monde

La Via Campesina a entamé l’année en participant à diverses mobilisations pour défendre les droits des paysan·nes et dénoncer les systèmes alimentaires des grandes entreprises ainsi que les accords de libre-échange.

En Europe, le mécontentement des paysan·nes allemand·es face à la suppression des subventions pour le diesel agricole et aux exonérations fiscales pour les véhicules agricoles a fait émerger des préoccupations politiques plus profondes. AbL, membre de La Via Campesina en Allemagne, a présenté un plan politique agricole en 6 points avec des mesures pour soulager rapidement et efficacement les exploitations. Dans une nouvelle pétition, ils appellent la Chancelière Scholz et les ministres Özdemir et Lindner à changer le cap de la politique agricole et à renforcer la diversité des exploitations avec des mesures efficaces.

En France, La Confédération Paysanne a dénoncé l’impact grave du néolibéralisme et de l’agrobusiness sur la rémunération des paysan·nes. Participant aux mobilisations nationales, ils ont appelé à rompre avec les accords de libre-échange et ont demandé l’application effective de la directive sur les pratiques commerciales déloyales et une interdiction de vendre en dessous des coûts de production au niveau européen, des prix garantis et un soutien réel à la transition agroécologique.

En Espagne, la COAG a organisé des manifestations à Madrid, exigeant des prix équitables et s’opposant à l’accord commercial entre l’UE et le MERCOSUR. Ils ont également appelé à simplifier la Politique agricole commune (PAC) et à mettre en œuvre des mesures de soutien aux agriculteur·trices, telles que l’assurance agricole et la facilitation de l’accès des jeunes agriculteur·trices à la terre. Ils ont lutté contre la spéculation foncière et abordé des problèmes environnementaux, dont la sécheresse dans les terres agricoles, ainsi que la santé animale.

D’une seule voix, les paysan·nes européen·nes se sont réunis en Belgique le 1er février, répondant à l’appel de FUGEA et d’ECVC, participant à une manifestation massive contre les politiques agricoles européennes. Ils ont demandé l’arrêt des négociations pour un accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. De plus, ils ont dénoncé la déréglementation du marché, la répartition injuste des subventions de la Politique agricole commune de l’Europe (PAC), la déréglementation des semences génétiquement modifiées et des marchés du carbone, ainsi que le manque d’initiatives pour la transition agroécologique face à la crise climatique.

Tout au long de janvier, La Via Campesina a continué sa campagne de solidarité avec la Palestine, mettant l’accent sur la situation critique dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. En collaboration avec l’Union des comités de travail agricole (UAWC), membre de La Via Campesina en Palestine, un soutien a été apporté aux paysan·nes pour assurer la disponibilité alimentaire malgré le génocide perpétré par Israël.

En Afrique de l’Est, les préoccupations concernant la souveraineté alimentaire ont conduit à des discussions sur le rôle des jeunes dans la promotion de l’agroécologie lors de la 1re Conférence d’agroécologie pour les journalistes et communicateurs organisée par ESAFF Uganda à Kampala le 25 janvier. Des représentant·es de cinq pays d’Afrique de l’Est ont suivi un cours de 12 semaines sur l’agroécologie.

Au Sénégal, le 25 janvier, le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) a appelé à la mobilisation de 2 000 paysans pour créer des conditions sociales permettant d’améliorer la gouvernance financière, l’accès au financement, l’intégration professionnelle des jeunes ruraux et la révision des dispositions de la loi agro-silvo-pastorale.

Fin janvier, le CNOP-Mali a dispensé une formation de trois jours à environ 30 femmes des coopératives féminines des régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti. L’objectif était de former des femmes engagées dans la transformation des produits agricoles aux techniques de négociation et de marketing.

Au Togo, le CTOP a organisé un atelier promotionnel axé sur l’intégration de l’élevage pastoral dans les plans de développement communal et la promotion de la gestion pacifique des ressources naturelles. Avec le soutien du Réseau des organisations paysannes et producteur·trices agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA), cet événement a rassemblé des participant·es du Bénin, du Togo, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. L’objectif principal était d’améliorer la sécurité de la mobilité pastorale et la tenure foncière pour les agropasteurs et les éleveur·euses dans le corridor central de l’Afrique de l’Ouest.

Le 4 janvier, les femmes paysannes mauritaniennes de l’Union des agriculteurs mauritaniens ont organisé une deuxième manifestation à Bassengdi, région de Brakna, pour exprimer leur solidarité avec les paysan·nes victimes de tirs par des agresseurs inconnus. Lors de la protestation, elles ont demandé justice, des sanctions pour les responsables et une plus grande protection pour les paysan·nes et leurs biens, en particulier pendant la saison des récoltes.

Le 25 janvier, à Rabat, la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA) a ouvert le 16e Forum national des ingénieurs agronomes au siège de l’Union marocaine du travail. L’objectif était de promouvoir l’ingénierie nationale et d’améliorer les conditions de travail des ingénieurs, reconnaissant leur rôle essentiel dans la lutte contre la sécheresse et la résolution des défis de la souveraineté alimentaire en matière d’eau et de nourriture.

En Amérique latine, en Haïti, les manifestations contre le Premier ministre Ariel Henry se sont intensifiées en raison du mécontentement public face à son inaction pour faire face à l’insécurité croissante à Port-au-Prince et dans d’autres zones touchées par des gangs criminels. Dans une déclaration commune, les organisations de La Via Campesina en Haïti ont demandé sa démission pour une transition politique visant à atteindre la paix sociale. Simultanément, un jugement de la Cour de justice du Kenya a déclaré la mission policière soutenue par le gouvernement kenyan en Haïti inconstitutionnelle, interdisant également le déploiement de la police kenyane dans tout autre pays. Un revers important pour le Core Group dirigé par l’ambassade américaine en Haïti, potentiellement affectant leurs plans dans le pays avec l’implication de forces étrangères.

Au Panama, le 18 janvier, l’Union paysanne panaméenne (UCP) a commémoré 16 ans de progression en tant qu’organisation paysanne nationale. Dans une déclaration, ils ont mis en avant les difficultés économiques et sociales auxquelles sont confrontés les paysan·nes, en particulier dans la lutte contre des projets nuisibles tels que l’exploitation minière First Quantum à Donoso, où ils ont appelé à la fermeture des opérations. Malgré l’année électorale, ils ont annoncé leur participation active, engagés dans la lutte sociale et renforçant l’unité populaire pour construire une société juste.

Plus au sud, en Argentine, le 24 janvier, MNCI Somos Tierra a participé à la grève nationale pour protester contre le DNU et la loi Omnibus promue par le gouvernement ultralibéral de Javier Milei. Cette loi prévoit la déréglementation de secteurs économiques tels que le travail, le commerce et la santé, la privatisation des entreprises publiques et la concession des ressources naturelles, suscitant des inquiétudes quant à son impact sur les familles paysannes autochtones, la souveraineté nationale et la production alimentaire.

Au Pérou en janvier, La CNA a rejeté la modification de la loi forestière promue par le Congrès péruvien. Cette loi menace les forêts, la flore et la faune, ainsi que les peuples autochtones. Ils ont demandé la mise au rebut de la norme et la prise en compte de la volonté populaire exprimée dans une déclaration avec plus de 4 000 signatures. Ils ont exhorté l’Exécutif à élaborer une proposition globale et à respecter la consultation préalable des peuples autochtones. Ignorant les demandes, le Président du Congrès a signé le projet de loi le 10 janvier, sans respecter son statut de réexamen sur le site Web de sa propre institution.

Au Paraguay, l’Organisation pour la lutte pour la terre (OLT) a dénoncé une attaque violente subie par la communauté paysanne de Chorrito “Cerro Guy” à Carayao-Caaguazu. Des civils armés de uniformes de la police nationale ont tenté de déloger la communauté, en détenant de force deux de ses membres. On soupçonne que des hommes d’affaires allemands pourraient être derrière cette tentative, cherchant à intimider la communauté pour usurper la terre en faveur de l’élevage industriel. L’OLT appelle de toute urgence les institutions publiques et la communauté internationale à prêter attention à cette plainte. Cet épisode reflète une réalité partagée qui place le Paraguay comme le pays le plus inégalitaire en termes de distribution des terres.

Au Brésil et au Salvador, deux organisations historiques du mouvement paysan ont célébré des anniversaires en janvier. Le Mouvement des travailleurs sans terre du Brésil a marqué les 40 ans de sa création, lors des premières occupations de terres au Brésil; et la Fecoracen a célébré ses 39 ans, mettant en avant le coopérativisme et l’agriculture paysanne comme le seul chemin vers la souveraineté alimentaire. La Via Campesina salue l’engagement et les contributions significatives que les deux organisations ont apportés à la construction du mouvement paysan mondial.

Au Canada, l’Union nationale des fermiers (NFU) renforce sa vision internationaliste avec deux webinaires. Le premier, tenu le 7 février, portait sur le génocide à Gaza et en Cisjordanie, partagé par des agriculteurs palestiniens. Le second, le 12 février, présentera les accords de la 8e Conférence de La Via Campesina. Une invitation à promouvoir la vision globale et locale du mouvement paysan pour la solidarité et la souveraineté alimentaire.

En Asie, en Inde, le Bhartiya Kisan Union a informé d’une grève nationale le 16 février, abordant diverses questions, mettant en avant la non-application d’une loi garantissant le prix minimum d’achat (PMA) pour les cultures. De plus, les groupes de paysans exhortent les commerçants et les transporteurs à soutenir la cause en participant à une grève ce jour-là.

Le 17 janvier, au Sri Lanka, le MONLAR a participé à une manifestation avec diverses organisations de la société civile appelant au rejet de la proposition de loi sur l’Autorité de régulation des microfinances et du crédit. Les groupes affirment que la proposition ne correspond pas aux objectifs pour les personnes touchées par les institutions de microfinance ni ne réglemente leurs activités frauduleuses, risquant d’aggraver la situation économique des organisations communautaires dans les zones rurales.

La Fédération paysanne du Népal (ANPFA) a continué ses efforts continus pour aider et réhabiliter les communautés touchées par le séisme dévastateur qui a frappé le pays en novembre dernier. Des couvertures, des ustensiles et d’autres matériaux d’aide ont été distribués aux agriculteur·trices touché·es par la catastrophe naturelle, où au moins 153 personnes sont mortes et plus de 400 ont été blessées. Les tremblements de terre ont causé des dégâts considérables aux infrastructures au Népal, y compris aux routes, ponts, écoles, champs agricoles et hôpitaux. Plus de 67 000 familles ont été déplacées et au moins 35 000 foyers ont été endommagés ou détruits.

En Indonésie, le Serikat Petani Indonesia (SPI) a averti de la baisse des prix du riz en raison de politiques d’importation moins chères. De novembre 2023 à janvier 2024, les prix du riz ont chuté de 7 % à 24 % pour les agriculteur·trices. Le 19 janvier, ils ont protesté, appelant au rejet des importations, à l’abrogation de la loi Omnibus et au rétablissement de dispositions en faveur des agriculteur·trices, exhortant les réserves de riz du gouvernement à provenir directement des agriculteur·trices locaux·ales et demandant une augmentation du prix d’achat du gouvernement pour le riz.

En Corée du Sud, le KPL News, dirigé par la Ligue des paysans coréens, a exprimé des inquiétudes concernant une modification de la loi sur la gestion des céréales. Au lieu de promouvoir la distribution de riz et de soja produits localement, l’amendement favorise l’importation de riz et de haricots. L’article souligne également la réduction significative des tarifs par le gouvernement, affirmant la stabilisation des prix, même pour les fruits importés, où il n’y a pas de concurrence directe au niveau national. Il y a des inquiétudes selon lesquelles les marchés traditionnels de fruits pourraient s’effondrer en raison de la concurrence déloyale des produits importés.

Enfin, en Thaïlande, l’Assemblée des pauvres a signalé une mission d’enquête dirigée par le gouvernement qui a inclus des témoignages de plus de 500 personnes dans les communautés de pêcheurs à Pak Muen. L’enquête a conclu qu’environ 2 000 membres de la communauté seraient directement touchés par la construction du barrage de Pak Muen dans la province d’Ubon Ratchathani.



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