Mali : La Via Campesina appelle la CEDEAO à arrêter la fermeture des frontières et les sanctions qui pénalisent le peuple malien

La Via Campesina | Bagnolet, 16 mai 2022

Le Mali a été lourdement secoué depuis plusieurs mois par de vastes mouvements de contestation, allant de la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord comme dans le centre à des contestations des résultats des dernières élections législatives, en passant par les revendications de plusieurs syndicats de travailleur·euses, demandant entre autres de meilleures conditions de travail. Ainsi, ces mouvements ont poussé les militaires à s’emparer du pouvoir.

Plusieurs regroupements de partis politiques et d’organisations de la société civile ont été en phase avec les autorités de la transition, car le retour de la sécurité sur l’ensemble du territoire national reste la principale priorité du gouvernement de la transition.

“Nous avons aujourd’hui une responsabilité historique : transcender nos différences pour sécuriser notre pays, préserver son intégrité territoriale et créer les conditions d’un développement socio-économique qui nous permettent d’offrir un avenir meilleur à notre postérité”, ont déclaré les militaires.

Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont adopté des sanctions sévères à l’encontre du Mali depuis le 9 janvier 2022, suite au retard pris dans l’organisation des élections et au retour des civils au pouvoir après une période de transition de 18 mois déjà écoulée.

La fermeture des frontières avec les pays limitrophes de la CEDEAO, à l’exception de la Guinée, qui a refusé d’appliquer les sanctions, suscite l’inquiétude de la population. En effet, le Mali est un pays continental dont l’approvisionnement en produits de première nécessité dépend fortement des échanges commerciaux avec ses voisins tels que la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

La fermeture des frontières imposée par la CEDEAO affecte particulièrement les organisations paysannes et leurs membres, qui représentent 80% de la classe travailleuse. Ces dernières ont vu comment cette décision a créé de l’insécurité lorsqu’elles se déplacent dans d’autres régions, les empêchant de mener leurs activités socio-économiques en toute sérénité, et mettant en danger la vie de la population, avec la destruction de plusieurs villages et le massacre quotidien de femmes et d’enfants en toute impunité.

Pris entre plusieurs feux (groupes djihadistes, milices d’autodéfense, sanctions de la CEDEAO, etc.), les paysan·nes ne savent plus à quel saint se vouer. En effet, l’accès aux moyens de production reste un problème central pour les paysan·nes. La population rurale est menacée par la famine. L’accès aux aliments destinés à la consommation, ainsi que l’isolement des zones rurales et le coût des transports, constituent une équation importante pour les autorités du pays.

Aujourd’hui, ces sanctions contribuent largement à la détérioration des conditions de vie du vaillant peuple malien et de la population rurale en particulier.

En tant que La Via Campesina, nous sommes solidaires avec les paysan·nes, les travailleur·euses et le peuple du Mali.

  • Nous étendons notre solidarité à la Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP) et autres mouvements sociaux qui appellent à un changement systématique pour faire face à la crise.
  • Nous, appelons la CEDEAO à lever les sanctions pour permettre à la population malienne de jouir d’une vie meilleure.
  • Nous appelons les institutions internationales à ne ménager aucun effort pour soulager le peuple malien.

La Via Campesina appelle les allies internationaux des mouvements sociaux et des communautés à se tenir aux cotes du peuple malien et à soutenir ses demandes afin de trouver des solutions immédiates aux problèmes économiques et sociaux des paysan·nes et autres travailleur·euses ruraux.