Mali: ‘’L’Agroécologie est entre nos mains! Ensemble nous allons la construire!” – Ouverture du Forum international sur l’agroécologie

Mali, Sélingué, le 24 février 2015 – Aujourd’hui, au Mali, le soleil s’est levé plus resplendissant que jamais et a réchauffé plus de 250 délégués venus assister au premier Forum international sur l’agroécologie hébergé par la Confédération des Organisations paysannes du Mali (CNOP) et La Via Campesina, et organisé par les organisations membres du Comité de planification international pour la Souveraineté alimentaire (CIP) au Centre de Nyéléni à Sélingué, dans le sud du pays. Des femmes et des hommes de divers secteurs sociaux, dont des paysans, artisans pécheurs, peuples autochtones, pastoralistes, consommateurs urbains, de tous les coins du monde, sont arrivés en bus depuis Bamako et d’autres régions du Mali.

 “J’ai décidé de venir parce que nous sommes en train d’élaborer un mouvement nécessaire en vue de réclamer ce qui nous a toujours appartenu: les savoirs paysans en agriculture “, a déclaré une paysanne du Mali alors qu’elle se rendait au caucus des femmes cet après-midi.

Au cours de ces quatre prochains jours, les femmes et les hommes de la conférence vont débattre, partager leurs expériences et célébrer l’agroécologie avec pour objectif de renforcer une vision et des principes communs ainsi que pour décider d’une stratégie commune afin de récupérer le concept d’agroécologie, “au-delà des aspects purement scientifiques et d’y inclure les éléments sociaux, économiques et politiques ”, comme l’a souligné Gilberto Schneider, du Movimento dos Pequenos Agricultores (MPA) du Brésil.

Ibrahima Coulibaly, président de la CNOP, a ouvert le Forum en adressant un discours chaleureux de bienvenue aux participants. Il a expliqué les raisons pour lesquelles un tel forum avait lieu maintenant. Pour lui, en dépit du fait qu’à l’heure actuelle l’agroécologie est mentionnée partout, il est nécessaire de s’interroger sur ce qui en constitue réellement le cœur. “Nous parlons de producteurs d’aliments à petite échelle, de paysannes et de paysans, d’artisans pêcheurs, de pastoralistes qui sont ceux qui nourrissent la population mondiale. Ce sont eux qui sont les véritables héros de l’agroécologie. Ce sont eux qui devraient avoir voix au chapitre”, a-t-il déclaré.

Maria Noel, du Movimiento Agroecológico de America Latina y el Caribe (MAELA) d’Uruguay, a ajouté que l’agroécologie a été pratiquée depuis des siècles et elle représente plus qu’un simple système de production. Elle a expliqué qu’il s’agissait d’une manière d’être, d’un mode de vie, qui respecte l’environnement et fournit des moyens de subsistance et des revenus à la majorité des producteurs d’aliments et des artisans pêcheurs de la planète. “Nous devons nous assurer que les grandes entreprises ne s’emparent pas de ce concept ”, déclara-t-elle.

En effet, le système de l’agriculture industrielle est fondé sur l’utilisation de produits chimiques toxiques qui détruisent autant les sols que les forêts, épuisent les ressources et affectent la santé et le bien-être des petits producteurs comme celle des consommateurs. Or, ce système est systématiquement favorisé par les gouvernements qui servent les intérêts des multinationales et promulguent des traités de libre échange dictés  par les institutions financières internationales telles la Banque mondiale et le FMI. Comme l’a souligné Ibrahima Coulibaly: ‘’l’humanité a été trop loin, lorsque nous avons pensé placer l’économie  avant toute chose. Cela n’a fait qu’affaiblir le monde, le rendre plus vulnérable et a entraîné le changement climatique: conditions climatiques extrêmes, sécheresses et sévères pénuries d’eau ”, ajouta-t-il.

Les participants à ce premier forum sur l’agroécologie s’accordent à penser que la seule façon de sauver la planète pour les générations futures est de  pratiquer une agriculture vertueuse. C’est pourquoi, nous nous devons d’être tous solidaires et Coulibaly dit que cela est possible car” nous sommes la majorité et si nous disons non à l’agriculture industrielle, ce sera non!”

Andrea Ferrante de l’ Association italienne d’agriculteurs biologiques (AIAB) et de La Via Campesina réaffirma: “Nous sommes la solution. La solution pour nourrir le monde passe par l’agroécologie. Nous voulons un modèle fondé sur nos savoirs, notre mode de vie et non pas sur le pétrole et les fausses solutions du monde industriel. Nous devons prendre en considération l’avenir de nos enfants”.

Le lien entre les acteurs ruraux et urbains a également été souligné. Il nous faut relier une consommation responsable à la production, au moyen de systèmes alimentaires locaux et régionaux solides basés sur l’agroécologie.

“Sans l’agroécologie, la souveraineté alimentaire et le respect du droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée ne sont pas possibles‘’ a déclaré Ferrante.

Par l’équipe de communication du Forum international sur l’Agroécologie

Cf. également: Mali: La Via Campesina et ses alliés organisent le Forum international sur l´Agroécologie orientée vers la Souveraineté alimentaire

Pour interviewer les représentants des divers  secteurs assistant au Forum, veuillez contacter:

Boaventura Monjane: +223 92 71 90 14 (Portable local) ou boa.monjane@gmail.com | boa.monjane@viacampesina.org