|

La police réprime un rassemblement paysan en Indonésie

Communiqué de presse

La police tire et blesse 37 paysans
Le 18 septembre, une délégation internationale composée de 15 représentants de Via Campesina venus d’Inde, du Bangladesh, de Corée, de l’Union Européenne, des Etats-Unis, du Brésil, du Nicaragua, du Mexique, du Mozambique, de la République Dominicaine et de Cuba, ainsi que 50 membres de la Fédération des Syndicats Paysans Indonésiens (FSPI) et des représentants de plusieurs ONG internationales, devaient se rendre dans la province de Nusa Tenggara Ouest (Indonésie). Cette délégation avait pour but d’étudier sur place les violations des droits des paysans commises par les autorités locales, la police, le secteur privé et les milices.

La délégation avait reçu une autorisation officielle des autorités nationales pour visiter cette région. Cette autorisation a été retirée soudainement et sans explication la veille de cette visite.

Le 18 septembre à huit heure du matin la police locale est intervenue pour disperser un rassemblement de 700-1000 paysans qui attendaient l’arrivée de la délégation de Via Campesina. Il était prévu que pendant cette réunion les paysans expliquent à la délégation internationale leur situation et parlent des violations des droits de l’homme dont ils ont été les victimes depuis 1995. Cependant, la police a commencé par empêcher l’arrivée de la délégation internationale et a ensuite violemment réprimé le rassemblement. Les représentants paysans souhaitaient lire une déclaration publique, mais la police a refusé et a soudain commencé à tirer dans la foule. 37 paysans été touchés par les balles et certain ont été très gravement blessés.

La délégation internationale n’a pas pu arriver jusqu’à ces lieux. Cependant, ses membres ont manifesté devant les bureaux de la police pour exprimer leur indignation vis à vis de ces actes de violence et leur soutien aux paysans qui luttent pour avoir accès aux terres nécessaires pour survivre. La délégation s’est exprimée au nom des paysans du monde entier. Paul Nicholson qui représentait les paysans européens a déclaré: “Nous sommes extrèmement choqués qu’il soit impossible pour les paysans indonésiens de défendre leurs droits sans mettre leur vie en péril. En tant que réprésentants de Via Campesina, nous protestons fermement contre cette violence et nous nous engageons à soutenir les paysans de Lombok par des actes de solidarité internationale. Nous allons faire connaître ce cas dans nos pays ; nous demandons au gouvernement indonésien de punir les policiers responsables de cette violence et de garantir les droits des paysans. Si le gouvernement indonésien n’est pas capable de faire cela, nous porterons l’affaire devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU. »

Juana Ferrer de la République Dominicaine a déclaré : “C’est une honte que le gouvernement chasse les paysans de leurs terres et menace la production alimentaire de Lombok alors même que dans cette région de plus en plus de personnes souffrent de la faim, y compris un grand nombre de paysans sans terre. »

Henry Saragih, le coordinateur international de Via Campesina a déclaré : “Nous ne pouvons pas accepter le comportement meurtrier des autorités locales et de la police : ils ont tirés sur les paysans sans raison et nous ont interdit de nous réunir pour recevoir la délégation internationale de Via Campesina.“

La délégation de Via Campesina s’est engagée à soutenir la FSPI en interpellant les médias internationaux et en exigeant :
–    le retrait des forces de police des terres des paysans
–    l’accès sans restriction à cette région et le retrait des barrages de police de façon à ce que les paysans d’autres régions ainsi que les représentants de la FSPI et de la Via Campesina puissent rencontrer les paysans de Lombok
–    le gouvernement indonésien doit respecter les droits des paysans à Lombok, y compris le droit à cultiver leur terres, et les protéger contre la violence des intérêts privés

La Via Campesina s’engage à lancer une campagne internationale pour obtenir que les responsables soient punis et à faire pression pour que le Comité des droits de l’homme de l’ONU, dont l’Indonésie est membre, prenne des mesures.

Pour plus d’information, veuiller contacter :
Henry Saragih: Coordinateur international de Via Campesina et secrétaire général de la FSPI (Fédération des Syndicats Paysans Indonésiens) Tel. portable: +62-8163 144441

Ahmad Ya’kub, responsable des campagnes du FSPI. Tel. portable: +62 817712347

La délégation de Via Campesina delegation à Mataram: Tel. portable : +62-8163-144441,  +62-8158 6699975, +62- 8177 12347

Wahidjan, du Syndicat paysan de la province de Nusa Tenggara Ouest, membre de la FSPI: Tel. portable: +62 8175714911

Information sur le conflit agraire à Lombok

Le conflit agraire a éclaté dans le village de Tanak Awu et dans trois villages voisins, au centre de l’île de Lombok, en Indonésie, dans la province de Nusa Tenggara Ouest.
Les autorités de Lombok essayent de chasser les paysans de 850 hectares de terre très fertile et bien irriguée, pour construire un aéroport international et développer le tourisme aux dépens de l’agriculture et de la production  alimentaire sur l’île.

Le conflit entre les autorités publiques représentées par des leaders politiques locaux et les paysans a entraîné une répression sévère depuis 1995. Le 23 août 2005, les 2631 paysans de Tanak Awu ont été menacés par la municipalité et la police d’être chassé de force de leurs terres s’ils ne s’en allaient pas d’eux-même. Les autorités locales et le secteur privé à Lombok prétendent que le nouvel aéroport international bénéficiera à la population. Cependant, ce projet ets clairement en contradiction avec les intérêts des habitants de Lombok : le tourisme, actuellement en déclin, est loin d’être aussi important pour les habitants que la production alimentaire, car la région souffre durement de la sous-nutrition et de maladies qui y sont liées.

Malgré cela, les autorités locales veulent à tout prix construire cet aéroport. Les milices privées, la police et des hommes de main tentent d’intimider les paysans et organisent un faux-semblant de démocratie en selectionnant uniquement les personnes en faveur du projet pour participer aux réunions de consultation.