Équateur : Les forces de l’État ne peuvent être le bourreau de son peuple
La Via Campesina | Bagnolet | 24 juin 2022
Communiqué de solidarité de La Via Campesina
La Via Campesina exprime sa plus noble solidarité avec le peuple équatorien qui résiste actuellement à la répression, à la persécution et qui lutte contre les politiques néolibérales qui ont entraîné le pays dans une profonde crise économique et des droits humains. Les mobilisations se déroulent dans le cadre d’une grève nationale, qui a débuté le 13 juin, et qui a été convoquée par une large plate-forme de mouvements sociaux où le secteur indigène et paysan a un leadership important.
En tant que mouvement international qui unit des millions de paysan·nes dans le monde entier, et qui intègre 5 organisations nationales paysannes et indigènes en Equateur, La Via Campesina soutient leur demande et demande au gouvernement une réponse immédiate aux 10 points de lutte que les organisations mobilisées ont mis en avant. Les demandes sont les suivantes :
- Réduire le prix des carburants ;
- Établir un moratoire d’un an sur le système financier afin que les familles puissent payer leurs dettes ; annuler la dette des banques publiques jusqu’à 10 000 dollars.
- Garantir l’emploi et les droits du travail ;
- Des prix équitables pour les produits agricoles ;
- Pas d’exploitation minière dans les territoires indigènes ;
- Respecter les droits collectifs ;
- Ne pas privatiser les services stratégiques ;
- Élaborer des politiques visant à contrôler la spéculation sur les prix ;
- Prévoir des budgets accrus pour la santé et l’éducation ;
- Adopter des mesures pour améliorer la sécurité.
Nous considérons que cette pétition est juste à l’heure où, selon les chiffres officiels, 5 équatoriens et équatoriennes sur 10, vivant dans les zones rurales, vivent dans la pauvreté et que 3 sur 10 vivent dans l’extrême pauvreté. C’est une dure réalité pour les agriculteur.trices, pour les peuples autochtones et les nations et populations rurales du pays, qui ont été directement touchés par les politiques de libre échange mises en œuvre par l’État sous l’influence du FMI et d’autres organisations internationales.
Nous demandons de toute urgence la fin de l’usage de la force et de la répression qui a déjà fait 3 morts, des dizaines de blessés et d’autres disparus. Nous faisons appel aux organisations internationales de défense des droits humains à continuer de dénoncer et de rendre visibles ces abus afin qu’ils ne restent pas impunis.
Nous appelons également la communauté internationale à exprimer sa solidarité et à donner de la visibilité aux actions menées dans le cadre de la grève nationale.
La Via Campesina exprime son plein soutien aux peuples, aux nationalités autochtones et afro-descendants qui nous donnent, en ce moment, des leçons de dignité et de résistance face aux maux qui affectent structurellement la paysannerie du monde.
Globalisons la lutte, globalisons l’espoir !
Crédit photo : CONAIE
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