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Élections européennes : Le néolibéralisme et la répression des mouvements sociaux expliquent la montée de l’extrême droite en Europe

S’adressant au média Brasil De Fato, Morgan Ody, la coordinatrice générale de La Via Campesina, a attribué la montée de l’extrême droite au Parlement européen et les événements dans des pays tels que la France, l’Allemagne et l’Italie, à des décennies de politiques néolibérales et à la répression systématique des mouvements sociaux ces dernières années. Voici un extrait de ce rapport :


« [En France] cette situation est le résultat de politiques néolibérales brutales et de la répression de tous les mouvements sociaux depuis plusieurs années, surtout depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Toutes les mobilisations sociales ont été réprimées et de nombreuses réformes ont été mises en place. Cela a mis la classe ouvrière dans une situation très difficile dans le pays, surtout dans les zones rurales, avec la destruction des services publics. Dans cette situation, les gens expriment leur souffrance par ce vote. »

Ody, qui vit en France, souligne que la situation dans le pays est préoccupante, avec de nouvelles élections parlementaires face à une extrême droite renforcée. Les radicaux de droite en France ont recueilli entre 32,3 % et 33 % des voix, tandis que l’alliance dirigée par le parti de Macron—libérale et de droite traditionnelle—a obtenu entre 14,8 % et 15,2 % des voix. La liste du parti Rassemblement National est dirigée par Jordan Bardella, âgé de 28 ans. La principale dirigeante du parti est Marine Le Pen, qui a perdu l’élection présidentielle française face à Macron en 2022.

Du point de vue des mouvements ruraux organisés au sein de La Via Campesina, Ody considère que la situation de risque est imminente.

« C’est très dangereux car l’extrême droite n’a pas de réponses aux multiples crises sociales auxquelles les zones rurales en Europe sont confrontées. Tout ce qu’ils.elles proposent – ce qui inclut la lutte contre la migration, la limitation des droits des travailleur.euses migrant.es, le recul des mesures environnementales, et ainsi de suite – n’améliorera pas la situation des personnes vivant dans les zones rurales. Pourtant, il faut dire que les partis qui mettent en œuvre ces politiques néolibérales depuis longtemps sont également très responsables de cette situation. »

La victoire de l’extrême droite en France n’était pas un cas isolé. D’autres pays ont également vu des partis extrémistes gagner du pouvoir au Parlement européen. C’est le cas en Allemagne : le parti Alternative pour l’Allemagne, connu sous son acronyme AfD, est devenu le deuxième plus grand parti allemand au sein du Parlement européen, alors qu’il occupait auparavant la quatrième position. Le parti conservateur Frères d’Italie, dirigé par la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni, a obtenu le plus grand nombre de voix lors des élections italiennes pour le Parlement européen : environ 29 % des voix, soit plus de quatre fois ce qu’il avait obtenu lors des dernières élections de l’Union européenne en 2019, et surpassant les 26 % obtenus lors des élections nationales de 2022.

Ody souligne également l’importance de l’unité des mouvements sociaux et paysans pour présenter des propositions qui donnent de l’espoir à la population européenne, afin de freiner l’avancée électorale de l’extrême droite.

“”Beaucoup de personnes votent pour l’extrême droite parce qu’elles n’ont plus d’espoir. Ainsi, nous devons déconstruire cette vision selon laquelle un avenir meilleur avec de meilleurs services publics, de meilleurs revenus, de meilleurs droits sociaux pour tous et toutes est possible. Parce que ce que fait l’extrême droite, c’est prétendre que la seule façon de protéger les droits sociaux des Français.es est de réduire les droits sociaux des migrant.es. Et nous devons montrer que non, ce n’est pas ainsi. Nous devons défendre les droits des migrant.es ainsi que les droits sociaux de l’ensemble de la classe ouvrière.”


Extrait d’un rapport de Leandro Melito, édité par Rodrigo Durão Coelho pour Brasil De Fato. Pour lire l’article complet, cliquez ici

Photo de couverture : Mediapart

Cette publication est également disponible en English.