[Mis à jour] Covid19 : plusieurs membres de La Via Campesina alertent sur la vulnérabilité des paysan·ne·s et des travailleurs agricoles
Alors que le Coronavirus se répand dans les pays et les continents, plusieurs membres de La Via Campesina ont publié des déclarations soulignant la situation précaire des paysan·ne·s et des travailleur·se·s migrant·e·s dans le monde entier.
Voici une compilation des différentes déclarations émises par nos membres et de leurs initiatives d’appui aux paysan·ne·s et aux populations vulnérables.
Au Maroc, la Fédération Nationale du Secteur Agricole a appelé le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour la protection des paysan·ne·s et autres personnes travaillant dans les zones rurales.
La FNSA a souligné que les conditions d’indemnisation des salariés ayant perdu leur travail à cause de la pandémie excluent des centaines de milliers de travailleur·se·s agricoles, ouvriers de station d’emballage et pêcheurs ; et réclamé l’indemnisation des ces personnes et la protection adéquate des personnes qui continuent à travailler dans les fermes.
La fédération a demandé au gouvernement de soutenir les paysan·ne·s qui affrontent, en plus de la pandémie, une année de sécheresse ; et souligné que les grandes entreprises agricoles et les grandes fermes d’élevage ont la mainmise sur les subventions destinées à limiter les dégâts de la sécheresse.
La FNSA a également interpelé le gouvernement sur les inégalités qui résultent du lancement de l’enseignement à distance, entre les élèves des zones urbaines et les élèves des zones rurales, dans l’absence d’une stratégie numérique juste et accessible.
La fédération a souligné l’insuffisance des fonds alloués à la gestion de la pandémie au Maroc, et appelé le gouvernement à allouer plus de fonds notamment par la réaffectation des dépenses non nécessaires, l’annulation des exonérations fiscales aux grandes entreprises et la mise en place d’un impôt sur la fortune, tout en garantissant la transparence de gestion du Fonds Spécial de Gestion de la Pandémie du Coronavirus.
La FNSA a également alerté sur la situation des prisons qui restent des foyers probables de propagation du Coronavirus, appelant à la protection des prisonniers et à la libération urgente des détenus politiques et des activistes des mouvements sociaux.
Le secteur des jeunes de la FNSA a lancé une campagne de collecte de dons en faveur des paysan·ne·s et travailleur·se·s agricoles lésé·e·s par la pandémie et la sécheresse, et appelé tous ses membres à y contribuer.
Lisez la déclaration intégrale de la FNSA (en arabe).
En République Démocratique du Congo, les Organisations Paysannes Productrices d’aliments réunies au sein de la Confédération Paysanne du Congo, principal regroupement paysan du pays, ont appelé le gouvernement à prendre des mesures urgentes et courageuses.
Dans une lettre adressée à plusieurs membres du gouvernement, dont le premier ministre, la Confédération a demandé au nom de 50 millions de paysan·ne·s la révision du budget l’Etat de 2020. Les révisions demandées par la Confédération consistent en :
L’augmentation de 20% des budgets des ministères de la santé, de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, et la réaffectation d’au moins 3% des budgets des autres ministères dans un fonds d’urgence.
L’allocation de fonds aux organisations paysannes et aux producteurs d’aliments, leur permettant la création d’une réserve alimentaire stratégique et l’acheminement d’aliments vers les zones en risque de péril alimentaire.
Le prélèvement de 1% des recettes du secteur minier, pétrolier et forestier pour subventionner l’Agriculture Familiale et le secteur de la santé.
La réduction de la TVA sur l’importation des produits sanitaires et agricoles, des pièces de rechange, permettant d’améliorer le « pouvoir d’achat » des consommateurs et des producteurs, tout en garantissant la qualité des intrants.
La Via Campesina en Asie du Sud a publié une déclaration qui appelle à une attention urgente aux travailleur·se·s et aux pauvres des zones rurales. “Dans de nombreux autres pays, des paquets économiques visant à soutenir les travailleur·se·s vulnérables ont été annoncés et ensuite annulés. En Asie du Sud, nos gouvernements ont attendu que les infections se propagent et ont appliqué des confinements et des fermetures soudaines sans aucune mesure de protection des travailleur·se·s pauvres. Les travailleur·se·s vulnérables vivant dans des conditions économiques précaires, qui ont déjà du mal à trouver un travail quotidien, ne sont pas seulement préoccupé·e·s par leur santé, mais ont aussi du mal à trouver le prochain repas sur la table pour eux-mêmes et leur famille”.
Lire la déclaration de La Via Campesina en Asie du sud (en anglais)
En Espagne, l’Union Labrego de Galice attire l’attention sur la force d’une société qui dispose de marchés locaux et de lieux où les agriculteurs peuvent vendre leurs produits directement au public, ce qui rend cette société plus résiliente et souveraine sur son alimentation face à des crises comme celle du Coronavirus. Dans la situation d’urgence sanitaire actuelle, l’approvisionnement dans les marchés locaux permet d’éviter les foules et minimiser la contagion, d’acheter des aliments frais sans intermédiaires ainsi que de soutenir les agriculteurs et l’économie locale. La vente directe d’agriculteur à consommateur permet également de réduire les kilomètres parcourus par les aliments, contribuant ainsi à lutter contre le changement climatique. L’organisation espagnole publie des conseils aux consommateurs sur les hashtags #VénaoMercado #VenáPraza #CommercioLocal #Eumercolocal.
En Espagne toujours, la Coordination des Organisations d’Agriculteurs et d’Éleveurs (COAG) a demandé aux différentes administrations, notamment aux conseils locaux, d’autoriser les ventes directes et les marchés de proximité pour les produits agricoles, compte tenu de la suspension généralisée suite aux mesures visant à contenir la pandémie de coronavirus.
Le décret royal 463/2020 établit la nécessité d’assurer l’approvisionnement alimentaire, rendant l’interdiction des marchés agricoles de plein air “incompréhensible et discriminatoire”. C’est pourquoi le COAG considère que les différents types de circuits de vente directe de produits agricoles doivent se tenir et fournir leur service normalement, en respectant dans tous les cas les mesures de sécurité établies par les autorités sanitaires, telles que le maintien d’une distance de sécurité entre les personnes, l’évitement de l’encombrement des lieux, l’augmentation de la séparation entre les stands, etc.
La perte de ces canaux de vente directe, ainsi que la fermeture des cantines scolaires auxquelles de nombreux agriculteurs fournissaient des aliments dans différentes Communautés autonomes, constituent une grave menace pour les exploitations agricoles qui utilisent ces canaux de vente (environ 25 000 dans notre pays), ainsi que pour les consommateurs qui choisissent ce canal de relation directe avec les producteurs.
“Outre le préjudice économique provoqué par la fermeture, il existe également un niveau élevé de gaspillage de denrées alimentaires qui, étant parfaitement propres à la consommation, peuvent finir par ne pas être récoltées ou, une fois récoltées, ne pas parvenir au consommateur final. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une production que l’agriculteur ne peut commercialiser par d’autres moyens. Maintenant, plus que jamais, il est crucial d’investir dans l’alimentation locale, liée au territoire, pour renforcer l’économie locale et tirer le meilleur parti de toute la production”, a déclaré Andoni García, responsable de la chaîne alimentaire du Comité exécutif du COAG.
Lire le communiqué (en espagnol)
Au Portugal, la Confédération nationale agraire a envoyé une lettre ouverte à la Présidence, à l’Assemblée nationale et au Premier ministre pour attirer leur l’attention sur la situation de la paysannerie dans ce pays avec l’apparition du Coronavirus, en leur demandant de déclarer l’état d’urgence national.
Lire la lettre ouverte ici (en portugais)
Depuis le 13 mars, le Venezuela est dans un état d’alerte générale, après l’annonce du président Nicolas Maduro, entre autres mesures, du début d’une quarantaine sociale et collective dans sept États du pays. Le contexte dans lequel la pandémie COVID-19 arrive se trouve au milieu d’un sérieux blocus, les capacités d’action de l’État étant fortement diminuées par l’effet des mesures coercitives illégales des États-Unis, qui impliquent des milliards de dollars saisis par le système financier mondial, d’énormes difficultés pour acquérir des médicaments, de la nourriture, des équipements, des pièces détachées et des fournitures de toutes sortes sur le marché international, ce qui met en péril tant les campagnes que les villes.
Le Frente Nacional Campesino Ezequiel Zamora (FNCEZ) a annoncé une série d’initiatives qu’il mène sur son territoire, invitant les populations à faire d’organisation et de sensibilisation. Plus de détails ici.
L’Organisation Boricua de l’agriculture écologique de Porto Rico a organisé le forum virtuel “Cononavirus à Porto Rico, orientation et analyse” auquel ont participé un travailleur migrant et un apidémiologiste qui ont proposé des réflexions sur les impacts de la pandémie sur la classe ouvrière.
En collaboration avec le personnel de la santé publique, l’Association des petits agriculteurs, #ANAP de Cuba a organisé des audiences sanitaires au niveau des coopératives et des communautés pour informer et préparer les travailleurs sur les mesures de protection personnelle, familiale et du travail contre le nouveau Coronavirus. Ces actions sont menées dans le cadre du Plan national de santé, où l’accent est mis sur les mesures préventives pour éviter la propagation de la maladie comme une priorité absolue.
En Belgique, la La Fédération Unie de Groupements d’Eleveurs et d’Agriculteurs (FUGEA) a demandé aux gouvernements belges d’agir pour permettre aux agriculteurs de continuer leurs travaux et fournir ainsi l’alimentation nécessaire à la population, soulignant l’importance du rôle joué par les paysan·ne·s.
La FUGEA s’engage à identifier les problématiques touchant nos producteurs sur le terrain à les faire remonter aux décideurs. Quand la crise sanitaire sera derrière nous, il faudra évaluer les pertes du secreur et y apporter des réponses. Aujourd’hui, concentrons-nous sur l’essentiel : l’limentation de la population. C’est bien le secteur agricole qui la produit. Gardons nos paysan·ne·s qui nous nourrissent. Relocalisons notre agriculture pour assurer la souveraineté alimentaire de notre pays.
Lisez le communiqué de la FUGEA ici
En Suisse, Uniterre a réagit (dans une déclaration commune avec FRACP, Agrisodu, MAPC, Grassrooted) à la fermeture de marchés qui a impacté la livraison de légumes et des pertes considérables aux circuits courts qui ont un rôle prépondérant à jouer dans l’approvisionnement et la sécurité alimentaire de la population suisse.
nous demandons au Conseil fédéral et aux autorités cantonales de nous aider à mettre en place des mesures adaptées sur les marchés pour respecter les mesures sanitaires : espacer les stands ; recourir à du personnel supplémentaire pour gérer le service à la clientèle et éviter le contact avec les fruits et légumes et faire appel à la protection civile pour réguler le flux de personnes, etc. Nous exigeons de nos autorités un soutien actif pour que ces productrices puissent continuer l’activité de vente au marché et des mesures en faveur de la production indigène afin d’éviter le gaspillage alimentaire.
Lisez le communiqué d’Uniterre ici
En Roumanie, les agriculteurs d’Eco Ruralis travaillent sous pression depuis deux semaines et ont distribué des semences de légumes pour la saison printanière. Les semences ont atteint plus de 3000 familles en Roumanie et en République de Moldavie.
“Dans des périodes de crise comme celle-ci, nous devons faire bouger les systèmes alimentaires. Il est clair que le marché mondial et les supermarchés échouent dans des conditions de crise. Le système alimentaire paysan est la solution pour garantir le droit à l’alimentation.
Voir la publication d’Eco Ruralis (en romain)
L ‘association Eco Ruralis a également critiqué la décision du gouvernement de lever les interdictions de circulation des travailleur·se·s saisonniers, sans réglementer le déploiement des transports de travailleurs pendant cette période de pandémie, les exposant au risque d’infection.
Au Canada, le Syndicat national des agriculteurs a souligné que les marchés agricoles sont une composante essentielle des systèmes alimentaires locaux et de la souveraineté alimentaire. Cependant, comme des entreprises ferment dans tout le pays, de nombreux marchés de producteurs sont également contraints de fermer en raison des mesures d’urgence prises pour réduire la propagation de COVID-19. Cette action n’entraîne pas seulement un préjudice économique pour les agriculteurs locaux, mais réduit également l’accès du public à des aliments sains et sûrs.
Nous appelons les gouvernements de tout le Canada à déclarer que les marchés de producteurs sont un service essentiel et à travailler avec les marchés pour assurer leur bon fonctionnement et leur capacité d’approvisionnement alimentaire pendant la crise pandémique. Nous appelons également les cantines à soutenir leurs agriculteurs locaux et les autres entreprises locales en cette période difficile et incertaine”, a déclaré l’Union. Déclaration de la NFU ici.
Lire la déclaration du NFU (en anglais)
Au Royaume-Uni, la Landworkers’ Alliance a appelé à une action d’urgence et a également réitéré que “cette crise met en évidence la vulnérabilité de notre système alimentaire mondialisé, qui ne fera qu’empirer dans les années à venir si nous n’investissons pas dans la construction d’un système alimentaire local résistant et diversifié.
Pour sécuriser notre approvisionnement alimentaire, nous avons besoin d’une action gouvernementale d’urgence pour garantir que nous avons les récoltes dont nous avons besoin sur le terrain et que tout est récolté et distribué en toute sécurité afin que chacun puisse avoir accès à une nourriture saine et abordable. Il est essentiel que les agriculteurs reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour survivre à cette crise.
Nous avons besoin de nos fermes locales pour notre propre survie, et non pour les perdre au moment où nous en avons le plus besoin.
Lisez la déclaration complète ici (en anglais)
Au Pérou, les agriculteurs affirment que leur travail est vital pour la sauvegarde du pays, surtout en temps de crise. Car “sans nourriture, le monde n’existe pas. C’est ce qu’a souligné la Confédération nationale agraire (CNA).
A cet égard, Antolín Huáscar, président de la CNA, a déclaré que :
L’effort fourni par les femmes et les hommes des campagnes est vital, mais malheureusement peu ou pas du tout valorisé par le gouvernement. Il est fondamental que notre société dispose d’un important tissu agricole et animal qui nous permette de faire face à toute crise avec une plus grande résilience, y compris celle que nous traversons actuellement.
Interview complète ici
Joao Pedro Stedile de la Coordination nationale du mouvement des travailleurs sans terre du Brésil a partagé quelques analyses et conseils sur le Coronavirus :
J’appelle les gouvernements à mettre en place des politiques publiques pour renforcer l’agriculture familiale paysanne, car l’une des choses qui vont s’aggraver dans le monde après cette crise est la pénurie de nourriture, et ceux qui devront garantir l’approvisionnement seront les paysans.
En Argentine, le Mouvement national paysan et indigène a appelé les citoyen·ne·s à rester dans leurs maisons, tandis que la paysannerie a pour tâche de garantir une alimentation saine et suffisante dans les villes. En outre, ils se sont également mis à la disposition de l’État pour garantir la nourriture en cas de pénurie et ont souligné qu’ils maintiendront les prix.
“Le coronavirus a frappé les travailleur·se·s agricoles migrant·e·s” Projet des travailleurs agricoles frontaliers – frontières américano-mexicaine
La crise pandémique actuelle est une menace réelle pour l’ensemble de la population. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les décès, les contagions, les fermetures de quarantaine, l’éloignement social, les pénuries de produits de base dans les foyers, la spéculation et l’accumulation de nourriture, les fermetures d’écoles, les couvre-feux, la réponse insuffisante des gouvernements et des autorités sanitaires, l’indifférence face aux conditions pressantes des personnes et des communautés les plus marginalisées, ainsi que l’augmentation de la précarité et des inégalités, est inacceptable. Nous sommes embourbés dans une crise de la vie qui nous touche tous et il est temps d’agir.
Cependant, il y a des secteurs de la population qui sont dans une situation plus fragile, et qui sont les plus touchés par la menace de la contagion de Covid-19, que tous. Ce secteur est composé de migrant·e·s pauvres non protégé·e·s qui non seulement n’ont pas accès aux programmes de santé et aux services médicaux par manque d’argent ou d’assurance maladie de base, mais qui peuvent également transmettre l’infection à leur famille et aux communautés rurales parce qu’ils vivent dans la peur et qu’ils ne se font pas soigner ou ne sont pas soignés s’ils tombent malades aux États-Unis.
Et comme si la menace de tomber malade et peut-être de mourir du coronavirus n’était pas suffisante, la crise a également exacerbé le système de sécurité nationale avec ses effets de persécution policière accrue, d’autoritarisme et de militarisme accru contre les communautés d’immigrant·e·s et les communautés frontalières. L’État, qui est censé assurer la sécurité et la tranquillité de la population, a favorisé les divisions sociales et un climat de peur en exécutant une stratégie de guerre pour faire face à la crise actuelle. Au lieu d’une mobilisation publique urgente pour faire face à la crise de Covid-19, l’État a profité de la disgrâce humanitaire pour exercer un contrôle plus autoritaire sur la population, une plus grande restriction des droits de l’homme, le durcissement des politiques anti-migrants, une coupe rigoureusement paramilitaire des frontières et l’endiguement de la libre circulation des personnes….
La déclaration souligne également la situation des travailleur·se·s agricoles dans le sud du Mexique et dans d’autres régions.
… D’autre part, les milliers de travailleurs agricoles qui travaillent dans la région agricole du sud du Nouveau-Mexique et dans les comtés d’El Paso et de Hudspeth du côté du Texas ont des salaires trop bas qui les placent même en dessous du niveau de pauvreté fixé par le même gouvernement fédéral, de sorte qu’ils n’ont pas accès aux services médicaux ou aux services de santé. La plupart ne bénéficient pas d’une assurance maladie à bas prix et se rendent rarement dans des cliniques communautaires, même lorsqu’ils sont dans un état très grave …
Télécharger la déclaration complète ici
“Minimiser les pertes, accroître la solidarité”, déclare la Confédération Paysanne en France
… Nous attendons donc du gouvernement qu’il établisse des mesures de protection prioritaires pour que les paysan.ne.s et l’ensemble des personnes impliquées dans l’alimentation puissent continuer leur travail. Notamment des mesures de garde d’enfant tout en assurant la sécurité des personnes en charge.
Il est en outre important que soit mis en place un recensement de toutes les productions et les producteurs dont les débouchés ont été et vont être touchés par le ralentissement de l’économie, par des difficultés à l’export, l’arrêt de la restauration hors domicile et des cantines scolaires … Ce recensement doit tout d’abord permettre la prise en compte et l’indemnisation de toutes les pertes à la production, et ensuite, il doit aider à réorienter rapidement vers des nouveaux débouchés qui répondent aux besoins du territoire selon un principe de solidarité qui garantit aux paysan.ne.s une rémunération juste en évitant toute spéculation.
La Confédération paysanne s’engage à identifier, classer et faire remonter toutes les problématiques identifiées sur le terrain. Mais il est urgent que les pouvoirs publics s’y impliquent aussi, en assurant le lien entre la production et les besoins en alimentation à l’échelle du pays, cette fois encore selon un principe de solidarité….
La déclaration complète est disponible en français ici
En France toujours, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF) a alerté le gouvernement sur la situation très préoccupante des exploitants familiaux depuis l’épidémie, et appelé à l’ouverture des marchés de vente de produits alimentaires dans les respect des normes sanitaires.
Certains producteurs laitiers commencent à jeter leur production car ils ne sont plus collectés par leur laiterie. Les produits de saison comme les asperges, les fraises, les premières tomates ne sont pas consommées. D’autres exploitants ne peuvent plus vendre sur les marchés de plein vent car les maires interdisent l’accès. Le MODEF lance un cri d’alarme car nos producteurs sont au bout du rouleau et risquent de commettre l’irréparable.
Il est urgent de maintenir l’activité des abattoirs, des laiteries, des salles de découpe, de transformation et de préserver les marchés alimentaires, la vente directe et les livraisons à domicile en respectant les mesures de protection pour lutter contre le COVID-19.
Le MODEF a donné l’exemple et montré qu’on peut ouvrir les marchés tout en assurant la sécurité des producteurs et consommateurs :
Sur le marché de Voltaire à Châteauroux, les producteurs ont pris des décisions d’espacer leur stand de 5 mètres, de mettre du gel hydroalcoolique à l’entrée du marché pour les consommateurs, des espaces éloignés entre les producteurs et les consommateurs. Les producteurs se nettoient les mains à chaque client.
Des paniers paysans ont été offerts au personnel soignant du service du SAMU de l’hôpital Édouard Herriot. La Confédération Paysanne du Rhône est à l’origine de cette initiative en collaboration avec la CGT Santé et le Collectif Jeunes. Fromages, légumes, jus de fruits, confiture, yaourts ou encore savons seront répartis ce jeudi matin à 8h à Mornant avant d’être distribués.
“Au-delà de cette action solidaire, nous continuerons à produire des aliments de qualité pour nourrir toute la population, et nous espérons que cette crise permettra de questionner profondément nos modes de production et d’organisation de la vie sociale”, assure la Confédération Paysanne du Rhône.
Palestine : l’Union des Comités d’Action Agricole lance un plan d’action d’urgence
En Palestine, l’Union des Comités d’Action Agricole (UAWC) a mobilisé ses membres et ses équipes techniques pour lutter contre l’apparition du virus. De nombreux cas ont été signalés, principalement à Bethléem. Le comité craint qu’à mesure que le virus se répandra dans d’autres régions, il paralysera la vie publique et causera des pertes catastrophiques pour les petits producteurs d’aliments. L’UAWC a élaboré un plan d’action d’urgence en accord avec la déclaration d’urgence nationale du gouvernement.
Le plan d’action de l’UAWC comprend plusieurs mesures :
- la communication à un large niveau avec les agricultrices et les agriculteurs de différentes régions, en mettant l’accent sur les zones éloignées et marginalisées afin d’examiner leurs besoins liés aux mesures de sécurité suivies dans les conditions actuelles.
- La fourniture aux communautés agricoles des zones éloignées et marginalisées de leurs besoins en matériel stérile et désinfectant et de brochures d’orientation pédagogique, selon les besoins.
- La coordination avec les institutions de santé et leur mise en relation avec certaines communautés agricoles éloignées et marginalisées afin de garantir la réception des services de santé nécessaires.
- L’organisation de visites périodiques dans diverses régions, en mettant l’accent sur les petits agriculteurs et agricultrices, afin de se familiariser avec leur situation et de discuter des mécanismes de travail et de suivi de leurs exploitations qui tiennent compte des risques que le Coronavirus fait peser sur leur vie.
- La mise à disposition des capacités et des ressources de l’UAWC au ministère de l’agriculture et aux institutions sanitaires qui sont actives dans le cadre de l’état d’urgence national pour lutter contre cette épidémie.
Lire la déclaration complète ici
La même organisation, qui dispose d’une banque de semences paysannes, a produit et distribué des semences destinées à l’agriculture familiale en maison à 3000 familles urbaines, en plus du lancement d’un plan de distribution de 150000 semences aux familles paysannes en Cis-Jordanie.
En Indonésie, Serikat Petani Indonesia a exhorté le gouvernement indonésien à anticiper l’impact du virus COVID-19 sur le secteur alimentaire et à prendre des mesures immédiates pour faire face à la crise. Le gouvernement indonésien avait précédemment annoncé qu’il utiliserait les fonds mis de côté pour le développement des infrastructures pour faire face au virus COVID-19. SPI a insisté sur le fait que ce déplacement des fonds devrait également inclure le renforcement des systèmes alimentaires qui ne dépendent pas du marché alimentaire mondial. SPI a également averti que le système alimentaire du pays deviendrait plus fragile s’il dépendait de la distribution mondiale ou de chaînes d’approvisionnement qui sont orientées vers les intérêts du marché et vulnérables à la spéculation.
Lisez la déclaration complète en bahasa ici
En Italie, l’Associazione Rurale Italiana (ARI) s’est engagée à garantir que les Italien·ne·s aient accès à des aliments de qualité et locaux, même dans cette situation d’urgence. Dans une déclaration publiée le 19 mars 2020, l’association a également rappelé au gouvernement que “lorsque cela prendra fin, ce ne seront pas les “injections de liquidités” qui détermineront la reprise, mais la capacité, la volonté, la résistance et l’autonomie productive des paysan·ne·s, des artisans, des petites et moyennes entreprises opérant localement, véritable colonne vertébrale de l’économie nationale. Seulement si, entre-temps, elles ne sont pas définitivement anéanties”.
L’ARI a également présenté plusieurs demandes au gouvernement, notamment l’achat de produits alimentaires et agricoles pour la consommation fraîche dans les fermes ; le maintien de l’ouverture et la réorganisation des marchés alimentaires dans les rues, avec les mesures nécessaires en termes d’entrées contrôlées et de quotas contrôlés ; le contrôle effectif des prix payés aux producteurs et des prix à la consommation des produits alimentaires et agricoles ; l’extension de l’aide aux travailleur·se·s saisonnier·ère·s et migrant·e·s ; la compensation des paiements dus ; le soutien de la dette contractée par les petites entreprises et les petites et moyennes exploitations agricoles ; l’importance de maintenir ouverts les marchés ruraux des paysan·ne·s, garantissant ainsi l’accès à la nourriture pour la population, en particulier pour les personnes âgées qui ont plus de difficultés à se rendre dans les centres commerciaux.
La déclaration complète en italien est disponible ici
La situation se développe dans la plupart des régions du monde et cet article sera mis à jour au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles informations
Image de couverture : des travailleurs aspergés de DDT dans le cadre du processus d’entrée aux États-Unis en 1956. (Leonard Nadel/Musée national d’histoire américaine)
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