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Colombie : Un mois après le début de la grève nationale, nous exigeons la fin de la violence de l’État et une enquête internationale sur les crimes de l’État colombien

(Harare: 28 mai 2021) Un mois après le début de la grève nationale contre les mesures néolibérales de réduction de droits, de privatisations et de flexibilisation du travail, les organisations et mouvements sociaux soussignés sont solidaires du peuple colombien et exigent la fin immédiate de la violence brutale de l’État et paraétatique contre les jeunes, les femmes, les paysans/paysannes, les travailleurs/travailleuses et les peuples autochtones qui n’ont cessé de manifester pour leurs droits.

La résistance ininterrompue a remporté quelques victoires, mais elle ne s’arrêtera pas tant que l’offensive ultra-libérale du gouvernement ne sera pas inversée. Le peuple colombien ne renoncera pas à la mise en œuvre effective de l’accord de paix, aujourd’hui remis en cause par les actions du gouvernement visant à le démanteler, ainsi que par le non-respect de l’obligation de l’État de protéger la vie des leaders sociaux, piliers de la construction de la paix en Colombie, qui sont aujourd’hui massacrés par des groupes armés illégaux, principalement des narco-paramilitaires.

Arrêtez les violations des droits de l’homme !

Nous, les soussignés, exigeons que le gouvernement de Duque respecte ses obligations internationales en matière de droits humains et mette immédiatement fin à la violence de l’État contre le peuple colombien. Plus de 40 manifestants ont été tués, il y a des centaines de disparus, des filles et des jeunes femmes victimes d’abus sexuels, des exécutions sommaires et une répression ultra-violente. Nous exigeons une enquête sérieuse et efficace sur les actions des forces de sécurité, ainsi que sur les civils qui se sont violemment joints à la répression, en particulier contre les indigènes.

Comme le peuple colombien, nous ne faisons pas confiance à la parole ni aux arguments des autorités du gouvernement d’Iván Duque, c’est pourquoi nous considérons urgente et centrale l’enquête internationale, qui peut compter sur la participation de délégués/déléguées de mouvements et d’organisations sociales et de défense des droits de l’homme. Dans ce cas, nous nous joignons à l’appel des syndicats, des personnalités et des institutions qui se sont positionnés en faveur de la participation des institutions internationales des droits de l’homme.

Nous exigeons que le gouvernement d’Iván Duque respecte les engagements pris dans l’accord de paix. La mise en œuvre de l’Accord de bonne foi est non seulement une obligation de l’Était internationalement reconnue, mais c’est aussi la réponse à plusieurs des demandes du peuple mobilisé : ouverture démocratique, inclusion politique, démocratisation de l’accès à la terre, démantèlement du paramilitarisme, dignité des victimes et construction de la mémoire historique.

Nous appelons l’Union européenne à s’engager sur le rôle de l’accompagnement international et sur sa responsabilité dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Nous lui demandons instamment d’annuler l’accord de libre-échange avec la Colombie en raison de son non-respect des normes internationales en matière de droits de l’homme. Nous exhortons également tous les gouvernements – y compris les États-Unis d’Amérique (USA) et la Corée du Sud – à faire de même. Il est nécessaire d’ouvrir la discussion sur la pertinence des accords de libre-échange, qui ne profitent qu’au grand capital au détriment des économies locales, des paysans, des garanties de travail et contribuent à l’aggravation de la pauvreté.

Nous demandons également le gel immédiat des ventes d’armes à la Colombie. Nous demandons instamment aux pays correspondants de cesser la vente de tous les types d’armes, de munitions et d’équipements utilisés par les forces de sécurité colombiennes pour réprimer et attaquer les manifestants.

Dans le contexte de la troisième vague de la pandémie qui frappe la Colombie, il est vital d’arrêter immédiatement les mesures de non-protection proposées dans le paquet de réformes et d’initier un processus urgent de négociation nationale pour répondre aux besoins de la population en termes de santé, d’alimentation et de droits fondamentaux, afin de garantir les conditions de vie, en particulier pour les personnes les plus touchées par la pandémie.

Il a été démontré que plus d’ajustement et de dérégulation ne font qu’approfondir la crise sociale et que, encore plus dans des situations comme celle d’aujourd’hui, le rôle de l’État comme garant des droits et non comme agent répressif est fondamental pour la vie des gens.

Pour la fin de la violence de l’État et paraétatique, la fin du paquet de réformes néolibérales, et pour la paix, la vérité, la justice et les réparations pour le peuple colombien !

Mise en œuvre des accords de paix maintenant !

Annulation de tous les accords de libre-échange avec la Colombie !

Arrêtez les ventes d’armes à l’État colombien !

Cliquez ici pour ajouter la signature de votre organisation”

SIGNATAIRES INITIAUX ***

  • Federación Nacional Sindical Unitaria Agropecuaria (FENSUAGRO) – Colombia
  • Sindicato de Pequeños Agricultores de Cundinamarca (SINPEAGRICUN) – Colombia
  • Intersindical de la Agroindustria y la Alimentación – Colombia
  • Federación Nacional de Cooperativas Agropecuarias (FENACOA) – Colombia
  • Asociación Nacional de Usuarios Campesinos de Colombia (ANUC-CGT) – Colombia
  • Asociación Presbiteras Católicas – Colombia
  • La Vía Campesina México
  • Movimento Protejo – Portugal
  • Bizilur. Asociación para la Cooperación y el Desarrollo de los Pueblos – Euskalherria
  • InterReligious Task Force on Central America and Colombia – EEUU