Brésil : Des organisations défendent, auprès de la Cour Suprême Fédérale, une loi qui protège la santé des populations et l’environnement

(Brasilia, le 6 juin 2016) Afin de protéger l’environnement et la santé des populations, la législation de l’État du Rio Grande do Sul stipule que les produits agrotoxiques importés ne peuvent être enregistrés auprès de l’agence fédérale pour l’environnement que si leur utilisation est autorisée dans leur pays d’origine. Il s’agit d’une législation progressiste car elle s’appuie sur la reconnaissance du principe d’« extraterritorialité » des actions des entreprises multinationales puisque celles-ci ne peuvent vendre au Brésil que des produits dont la commercialisation est autorisée dans leur pays d’origine. Cette législation est le fruit des revendications d’un mouvement environnemental pionnier qui, dans les années 1980, était déjà réticent à l’utilisation sans discernement de produits agrotoxiques dans l’agriculture.

Or, récemment, le parti démocratique (DEM) a pris l’initiative de demander l’annulation de cette loi. Cette initiative politique est très critiquable car les entreprises multinationales, comme Syngenta, profitent déjà de la fragilité de l’application des législations environnementales de nombreux pays pour exporter notamment, vers les pays d’Amérique-Latine, des produits dont la vente a été interdite en Europe en raison des substances toxiques qu’ils contiennent.

Le 2 mai 2016, face à cette initiative politique, menaçant la santé de la population et l’environnement, plusieurs organisations, dont la Via Campesina Brésil ont présenté à la Cour Suprême Fédérale , par l’intermédiaire du RENAP (Réseau national des avocats publics du Brésil) une demande d’admission en qualité d’Amicus Curiae (Amis de la Cour). Obtenir ce statut permet de fournir à la Cour des informations utiles pour les décisions que celle-ci doit prendre.

Par cette action, la Via Campesina Brésil entend pouvoir apporter à la Cour des éléments issus de la Campagne Permanente pour la Vie et Contre les pesticides. Il est sans doute opportun de rappeler aux juges que depuis 2008, le Brésil, avec une consommation moyenne de 5,2 l par habitant est le plus grand consommateur de pesticide du monde et que plusieurs recherches scientifiques nationales et internationales établissent un lien entre la qualité des aliments que nous consommons et l’augmentation des cas de cancers. Les brésiliens et les brésiliennes ne veulent plus servir de cobaye aux multinationales qui produisent des agrotoxiques sans se soucier de la santé des utilisateurs ou des consommateurs.