#8mars – Déclaration des femmes de La Via Campesina Afrique du sud et de l’est

Déclaration des femmes actives de La Via Campesina et alliés à l’occasion de l’atelier de deux jours qui s’est tenu au siège de MVIWATA à Morogoro, en Tanzanie, en mars 2022.

Nous, les femmes, représentons ici nos collègues travailleuses des organisations de petites producteur·rices agricoles de 10 pays sous l’égide de La Via Campesina, des partis politiques et des mouvements sociaux de divers pays africains dont la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Zimbabwe, la Zambie, l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Ghana et l’Eswatini.

Notre réunion de deux jours avait pour but de faire avancer nos luttes et nous avons identifié les points suivants ;

  • Malgré les différences que nous avons en termes de cultures, de géographie et de conditions environnementales, nous avons ensemble des défis similaires qui requièrent notre unité et notre solidarité pour les relever, notamment le droit d’acquérir, de posséder et d’utiliser la terre, la commercialisation du corps des femmes et des services sociaux, y compris l’éducation, l’eau et la santé ; la violence croissante contre les femmes et les enfants et l’oppression générale de la classe ouvrière, en particulier des femmes. Ceci se manifeste sous diverses formes économiques, sociales, physiques et psychologiques.
  • Ces défis sont systémiques et témoignent de l’incapacité du système à reconnaître et à protéger les femmes travailleuses et leurs droits dans les sphères économique, sociale, politique et culturelle.
  • Les relations actuelles entre les femmes et les hommes sont le produit d’un vaste système d’exploitation et d’oppression dont les signes et les symptômes se manifestent par l’augmentation de la violence sexuelle, surtout à l’égard des femmes, l’exploitation d’un sexe par l’autre, la méfiance entre les deux sexes. La présomption croissante que ces deux sexes sont ennemis, l’effondrement des valeurs familiales et la désintégration des familles au profit de la recherche d’un emploi.
  • Que les systèmes oppressifs, cachés dans les politiques néo-libérales et utilisant l’homme comme un outil pour abuser des femmes au travers du patriarcat qui se manifeste à travers diverses relations économiques, sociales, culturelles et politiques dans notre société continuent à nous affecter et à affecter notre société dans son ensemble.
  • La violence fondée sur le genre a des racines longues et profondes, enracinées dans le système patriarcal qui a été créé et étendu au fil des ans. La révolution de ce système est donc la solution à la violence contre les femmes.
  • La solution à ces défis est un changement systématique pour créer des droits égaux. Ceci nécessite des stratégies construites par l’unité et la solidarité des femmes et des hommes paysan·nes, des activistes et de tous les ami·es qui soutiennent la lutte pour renverser le système abusif, oppressif et perpétuel de la violence contre les femmes.

La congrégation est déterminée et appelle à ce qui suit ;

  • Construire l’unité et la solidarité des femmes paysannes au niveau régional, continental et mondial en unissant nos efforts et ceux de nos allié·es pour mettre fin à la violence contre les femmes et au véritable mouvement de libération des femmes paysannes.
  • Continuer nos discussions pour déterminer qui sont nos ami·es et qui sont nos ennemi·es dans la lutte contre le système oppressif et ses acteur·rices.
  • Briser le silence et construire des stratégies fortes pour démanteler les systèmes d’oppression à travers les différents moyens de nos communications et de nos luttes.
  • Défendre l’accès et le contrôle des paysannes à la terre et au territoire, à l’eau et aux semences contre le “développement” extractiviste, indépendamment de notre race, classe sociale et sexualité.
  • Nous dénonçons les guerres, les conflits et les migrations forcées qui se déroulent dans le monde entier et qui conduisent à une brutalité accrue, à la souffrance des paysannes et à la militarisation de nos vies au profit des élites corporatives.

Mettons un terme à la violence contre les femmes!