Turquie : Faire taire les canons, arrêter les meurtres !

Déclaration de Çiftçi-Sen (Confédération syndicale des petits agriculteurs en Turquie)

(Turquie, 29 Octobre 2015) Nous, les paysans, nous veillons sur une plante du moment où elle germe jusqu’à ce qu’elle ne devienne grande ; Nous semons les graines, nous mettons les plants et les jeunes arbres en terre ; Nous observons avec joie leur croissance saine mais nous ne dormons pas la nuit quand nos cultures tombent malades ; Nous nous préoccupons de nos animaux comme s’il s’agissait de nos enfants.

Justement en ce moment, nous ne pouvons plus dormir à cause des événements au Moyen-Orient et en Turquie et nous en suivons l’évolution avec beaucoup d’inquiétude. Pourquoi ? Parce que cela touche d’abord les petites fermes. Les paysans ont été forcés de quitter leurs villages et leurs terres. Les familles paysannes perdent alors non seulement leurs terres, mais aussi leurs vies et elles sont obligés de migrer. Les forêts sont détruites, l’eau est polluée et la nature en ruine.

Chaque jour apporte des nouvelles de nouveaux massacres. Celles provenant de Turquie se sont ajoutées aux nouvelles des massacres en Syrie et en Irak.

En juin, une bombe a explosé à Suruç au milieu d’un rassemblement de jeunes qui voulaient apporter des jouets pour des enfants à Kobanê et 33 d’entre eux ont perdu la vie. Au lieu de constater que le gouvernement recherche et capture les coupables du massacre de Suruç, nous observons une augmentation des opérations de police visant les forces progressistes et démocratiques.

Les jeunes meurent : cela ne fait aucune différence, qu’ils soient soldats ou civils, kurdes ou turcs. Pour l’instant, le processus de paix a été déclaré « gelé ». Les politiques du gouvernement actuel sont en train de diviser les gens en Turquie en fonction de leur race, leur nationalité ou encore leur confession religieuse. Chaque avancée sociale , chaque étape vers un progrès démocratique est étouffée.

Le gouvernement AKP et le Président ont failli accepter les résultats des élections générales du 7 juin 2015, en tirant parti des lois antidémocratiques et des vides juridiques. La constitution d’un nouveau gouvernement a été bloquée et le Président a annoncé une élection surprise.

Ensuite, le 10 octobre, des bombes ont explosé au milieu d’un rassemblement pacifique s’opposant aux politiques qui ont rapidement polarisé le pays et qui ont mené à une guerre civile et internationale. Le rassemblement visait à faire entendre la voix de la paix et contre la guerre. Il était organisé par la DISK (Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie), la KESK (Confédération des syndicats de fonctionnaires de Turquie), la TMMOB (union turque des chambres d’ingénieurs et d’architectes) et la TTB (Association des médecins de Turquie). Des douzaines d’organisations de base, y compris Çiftçi-Sen, et les partis politiques de gauche ont soutenu ce rassemblement. Selon le bilan officiel, 97 défenseurs de la paix ont été tués et 400 ont été blessés dans la capitale du pays sous les yeux des pouvoirs publics.

À la lumière des événements récents, nous demandons à ce que la communauté internationale et tout un chacun dans le monde entier ayant à cœur la justice et la paix fassent pression sur le gouvernement AKP et sur le Président Recep Tayyip Erdoğan, pour qu’ils abandonnent leur politique de guerre et leurs pratiques antidémocratiques, afin de faire taire les canons et arrêter les meurtres !