Rapport annuel de La Via Campesina | 2023
L’année 2023 a été une étape très importante pour La Via Campesina, puisque nous avons pu célébrer la 8ième Conférence Internationale de notre mouvement. Après l’épreuve qu’a représentée l’épidémie de COVID pour les organisations paysannes, il était essentiel que nous nous réunissions pour renforcer l’unité du mouvement paysan et définir notre stratégie commune pour les années à venir. Tout au long de 2023, toutes nos journées d’action internationales ont permis de nous préparer collectivement à notre conférence internationale. Après une pause de six ans due à la pandémie de COVID-19, plus de 500 délégué⋅es d’organisations membres et alliées se sont réuni⋅es à Bogota, en Colombie, du 1er au 8 décembre de l’année dernière. Le succès qu’a représenté pour nous cette conférence internationale nous remplit d’espoir et de force pour affronter les nombreux et difficiles défis à venir.
En dehors des préparatifs de la 8ième Conférence, l’action de La Via Campesina a été particulièrement axée sur la solidarité avec nos organisations membres confrontées à des situations de répression, de catastrophe naturelle, de guerre ou de coup d’État. Nous nous sommes mobilisé⋅es en soutien aux communautés paysannes confrontées à des tremblements de terre en Turquie, au Népal et au Maroc. Nous avons soutenu les organisations paysannes au Pérou, en France et au Sri Lanka contre la criminalisation et la répression de leurs mobilisations. Nous avons soutenu les paysan⋅nes d’Haïti et du Niger face aux tentatives de déstabilisation liées à l’impérialisme. Enfin, nous sommes mobilisé⋅es chaque jour aux côtés de nos camarades palestinien⋅nes pour dénoncer le génocide du peuple de Gaza et appeler les gouvernements à agir pour la libération du peuple palestinien. Cette solidarité est un axe essentiel de l’action de la Via Campesina. Ensemble, nous sommes plus fort⋅es pour résister.
Les deux années du COVID-19 ont permis à quelques pays riches et aux entreprises multinationales de tenter de s’emparer de l’espace critique de la gouvernance alimentaire mondiale pour servir leurs intérêts. Ce fut le cas avec le Sommet des Nations unies sur le système alimentaire (UN FSS) organisé fin 2021. La levée des restrictions du COVID en 2022 nous a permis, à nous les paysan⋅nes et à nos allié⋅es, de nous opposer à cet agenda. Nous continuons à nous engager dans les processus de Rome pour exiger de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques publiques qui garantissent de nouvelles relations entre ceux et celles qui produisent les aliments et celles et ceux qui les consomment, ceux et celles qui vivent dans les zones rurales et urbaines. Nous continuons de nous battre pour garantir des prix équitables, générant ainsi un revenu décent pour toutes celles et ceux qui produisent dans les campagnes tout en préservant un accès équitable à des aliments sains pour les consommateur⋅rices. C’est pourquoi, avec nos allié⋅es, nous convoquons le Forum mondial de Nyéléni en 2025 pour continuer à construire des alliances populaires autour de la souveraineté alimentaire et pour avancer vers une gouvernance alimentaire basée sur les personnes, et non sur les sociétés multinationales.
En 2023, La Via Campesina, en collaboration avec ses allié⋅es (CETIM et FIAN International), s’est concentrée sur la conclusion d’une dernière étape importante dans la mise en œuvre cruciale de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan⋅nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), en demandant la mise en place du mécanisme de suivi de l’ONU. Une fois de plus, avec les restrictions du COVID derrière nous, les délégué⋅es paysan⋅nes se sont rendu⋅es à Genève, siège du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pour faire pression sur les États membres et plaider en faveur du mécanisme. Nos efforts ont été récompensés en octobre, près de cinq ans après l’adoption de l’UNDROP par l’Assemblée générale des Nations unies en 2018, lorsque le Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution visant à créer ce groupe de travail.
En 2023, le mouvement a organisé de nombreuses formations virtuelles et présentielles : formation virtuelle de formateurs sur l’UNDROP au niveau mondial en août, formation présentielle des délégué⋅es africain⋅es à l’UNDROP en mai à Harare (Zimbabwe), formation à la communication pour les secrétariats régionaux en Turquie et première école internationale des femmes en mars à Maputo (Mozambique).
Après 30 ans d’existence et la reconnaissance croissante des paysan⋅nes en tant que sujets politiques, nous continuons à construire un mouvement plus fort et plus grand. Lors de la 8ième conférence internationale, nous avons célébré l’incorporation de la dixième région de La Via Campesina, la région arabe et Afrique du Nord (ArNA), la création d’une articulation internationale des diversités et l’augmentation de la participation et de la représentation des jeunes dans les espaces de prise de décision politique.
Par ailleurs, le mouvement paysan, en collaboration avec ses allié⋅es, a commencé à travailler pour changer radicalement l’ordre commercial international. Nous sommes convaincu⋅es qu’il est temps de remplacer l’Organisation mondiale du commerce par un nouveau cadre mondial pour le commerce et l’agriculture, basé sur la souveraineté alimentaire, la coopération et la solidarité. Uni⋅es dans la diversité, nous continuons à nous organiser, à nous mobiliser et à marcher pour assurer un avenir à l’humanité !
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