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Pour le droit à la gratuité des soins de santé publique pour toutes les populations

“La quarantaine sociale, oui ; l’isolement, jamais ;

des soins collectifs pour arrêter la propagation du virus, oui ;

démobilisés et en silence jamais”

Communiqué de la Via Campesina

(Harare, février 2021) Nous sommes plus d’un an après le début de la crise provoquée par la pandémie de la COVID19 dans le monde. Cette crise sanitaire a causé la mort d’environ deux millions de personnes, et il y a plus de 77 millions de personnes infectées, selon les rapports officiels. Toutefois, si l’on tient compte des chiffres non officiels, ceux-ci pourraient être encore plus élevés. Parmi les personnes infectées, beaucoup souffriront toute leur vie de conséquences sur leur santé physique et mentale.

L’ensemble des crises que nous vivons simultanément en tant que sociétés, notamment les crises économiques, politiques, sanitaires et environnementales, a pour conséquence immédiate une crise sociale profonde, avec de graves revers en matière de droits, de chômage, de corruption, de misère, de faim et de violence dans le monde entier, en particulier dans les pays dits “sous-développés”.

La quarantaine sociale imposée par les États est une mesure nécessaire, mais elle a des conséquences très graves pour la classe ouvrière. Très peu de pays ont répondu à leur population avec des politiques de soutien économique et social, beaucoup ont été licenciés, d’autres ont vu leurs salaires réduits de moitié, et la grande majorité des personnes qui dépendent du travail informel pour gagner un revenu et subvenir aux besoins de leur famille, qu’il s’agisse de travailleurs migrants dans les champs, de familles de paysans sur leurs parcelles, de pêcheurs sur leur territoire, ont dû vivre le pire visage de cette crise, sans politique de revenus supplémentaires pour que les familles puissent rester chez elles.

Les zones rurales sont totalement négligées et les travailleurs agricoles, contraints de travailler dans des conditions menaçantes pour survivre, alors que ce sont eux qui nourrissent le monde, ils et elles n’ont aucune politique pour les protéger du virus ou leur fournir un accès digne aux soins de santé.

Certains gouvernements, en particulier ceux liés à la nouvelle droite politique fasciste, ont minimisé les effets de la COVID19, en essayant de protéger l’économie et les entreprises, et en banalisant la vie et la mort de la majorité.

Droit à la santé publique gratuite!

La Via Campesina revendique le droit à la gratuité des soins de santé publique pour toutes et tous, qu’il s’agisse de prévention, de vaccination ou de traitement à long terme. Nous luttons pour que la santé soit reconnue comme un droit humain, en particulier en cette période de crise mondiale.

Nous demandons aux gouvernements de répondre à leur obligation de protéger leurs populations et de veiller à ce que chacun ait accès à des soins de santé préventifs, curatifs et de qualité. Comme le reconnaît la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans (UNDROP) adoptée par les gouvernements en 2018, dans son article 23, qui définit le droit d’avoir accès dans les zones rurales aux services de santé et aux traitements nécessaires, y compris la protection de leurs médecines et pratiques traditionnelles..

Cependant, la plupart des traitements et des vaccins sont sous le contrôle de grandes entreprises et d’États qui, de manière non transparente et avec beaucoup de corruption, spéculent avec la vie et cherchent à augmenter les profits, en distribuant les vaccins disponibles, principalement parmi les pays riches, en jouant, en outre, avec la concurrence entre ces gouvernements, en les mettant à la disposition du plus offrant.

De même, certains gouvernements riches accumulent des vaccins, en achetant jusqu’à cinq fois plus que nécessaire au regard de leur population. Alors que dans des dizaines de pays pauvres et exploités, les vaccins ne sont pas encore arrivés.

Avec la marchandisation du vaccin et sa politisation, nous aurons un énorme écart entre les personnes vivant dans les pays riches et ceux dans les pays pauvres qui ne peuvent pas se le permettre. Ces personnes sont totalement dépendantes de la disponibilité du marché, et de la volonté et de la capacité des gouvernements à négocier avec les sociétés pharmaceutiques. Ce sont les mêmes multinationales qui dominent les marchés et qui disposent de la technologie nécessaire pour fabriquer des vaccins, dominant le marché des équipements, des fournitures médicales et de la logistique pour le transport, le stockage et la distribution du vaccin.

En tant que La Via Campesina, nous affirmons que la science doit être au service de l’humanité, et que la société doit avoir accès à l’information et pouvoir évaluer les traitements offerts. Nous demandons également la reconnaissance de la santé interculturelle et populaire, un savoir ancestral qui a existé dans nos sociétés, qui conçoit la santé de manière intégrale et qui, pendant la pandémie, a soutenu les communautés. Nous affirmons que la santé doit commencer par une alimentation saine qui renforce le système immunitaire et qui soit durable, comme le propose la Souveraineté Alimentaire, et qui prend également soin de la santé des peuples et de la planète.


La recherche et le développement de vaccins et de médicaments contre les maladies bénéficient toujours d’un financement public provenant en partie de nos impôts. Pour cette raison, il est légitime que les vaccins issus de ces recherches soient mis gratuitement à la disposition du public. Il est inacceptable que les vaccins soient brevetés, les laissant sous le contrôle des grandes sociétés transnationales et du marché, qui cherche à marchander la vie. Nous demandons la fin des brevets et le rétablissement du droit à l’information et au contrôle public qui garantit la bonne qualité et le contenu des vaccins, ainsi que la responsabilité face aux éventuels effets indésirables. 

Pour la LVC, le droit à la santé implique un accès libre et égal à la vaccination contre la COVID-19 pour les personnes et les populations qui le demandent, tout en respectant le droit des individus d’opter pour d’autres options de soins de santé que les vaccins, notamment pour les personnes et les populations qui décident librement de ne pas se faire vacciner. LVC rejète toute imposition forcée ou coercitive de vaccins.

.Aujourd’hui, la pandémie est un problème mondial, et nous devons nous mobiliser en tant que sociétés pour que les Nations unies, par l’intermédiaire de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et des gouvernements garantissent la vaccination publique gratuite de toute la population mondiale. En tant que La Via Campesina, nous affirmons le droit à la santé publique gratuite et à un accès rapide à la prévention, à la vaccination et au traitement dans tous les pays du monde.

Battons-nous pour le droit à la vie, pour vivre de manière digne et saine !

Internationalisons la lutte, internationalisons l’espoir !