Pérou : Déclaration de LVC contre la persécution des leaders paysan·nes et autochtones et les assassinats de manifestant·es
Déclaration de solidarité de La Via Campesina
(Bagnolet, 18 décembre 2022) Face à la situation critique que traverse le peuple péruvien, en particulier le secteur paysan et autochtone du pays, La Via Campesina exprime sa pleine et entière solidarité avec les manifestations de la population qui, en ce moment, est victime de criminalisation et perd sa vie dans les rues du pays.
Le samedi 17 décembre, la police péruvienne des renseignements generaux, DIRCOTE, a fait une descente dans les locaux de la Confederación Campesina del Perú – CCP, pour arrêter et interroger les paysan·nes qui y étaient rassemblé·es. Pendant plus de 14 heures, des dizaines d’entre eux ont été retenu·es contre leur gré dans les locaux, empêchant l’entrée d’avocat·es parlant leur langue autochtone qui auraient pu garantir le droit à la défense de tou·tes sans discrimination. Ce lieu a servi de refuge et de prise en charge à des centaines de paysan·nes venu·es de diverses régions du Pérou pour exercer leur droit de manifester.
Nous dénonçons la persécution des leaders paysan·nes et autochtones, membres des organisations Confederación Campesina del Perú – CCP, FENMUCARINAP et Confederación Nacional Agraria – CNA, qui font partie de La Via Campesina ; ainsi que d’autres leaders autochtones nationaux et locaux, pour lesquels nous appelons à être vigilant·es quant à leur vie et leurs droits fondamentaux. Être des leaders ne fait pas d’eux des terroristes ! Arrêtez de criminaliser les luttes paysannes !
Nous dénonçons également la grave violation des droits humains que le gouvernement illégitime de Dina Boluarte exerce contre la population qui se mobilise dans ce contexte de crise politique. Nous condamnons l’assassinat de 20 personnes (chiffre officiel reconnu par l’Etat péruvien), dont 3 mineurs, et la grave situation dans laquelle se trouvent un demi-millier de personnes blessées. Nous exigeons la justice immédiate pour les victimes et leurs familles.
Nous condamnons l’utilisation de ” l’état d’urgence ” imposé par le gouvernement pour assassiner, intimider et criminaliser les manifestant·es. La majorité des personnes aggravées font partie des peuples autochtones qui ont été historiquement violés et ignorés dans leurs luttes et leurs revendications.
Nous faisons nôtres les demandes du mouvement paysan et autochtone du pays pour exiger l’avancement des élections nationales et la dissolution du Congrès qui est à l’origine de la crise politique dans le pays. Les organisations paysannes et autochtones exigent un processus d’Assemblée constituante plurinationale, comme solution structurelle à cette crise politique et en faveur de la souveraineté alimentaire et des droits des paysan·nes.
Quatre ans après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes (UNDROP), nous devons nous faire l’écho des graves violations des droits paysans et des populations rurales qui ont lieu au Pérou et dans le monde entier. En tant que mouvement global représentant des millions de paysan·nes dans le monde, La Via Campesina appelle les mouvements sociaux et les institutions internationales à veiller à ce que ces événements ne restent pas impunis et à soutenir les demandes du peuple péruvien contribuant à la consolidation d’une véritable démocratie qui réponde à la volonté populaire et aux pleins droits de la population.
Arrêtez de criminaliser les luttes paysannes et le peuple péruvien !
Globalisons la lutte, globalisons l’espoir !
#DroitsPaysansMaintenant #PasDeFuturSansSouverainetéAlimentaire #AlertePaysanne
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