| |

Notes de la VIIème conférence: contexte politique et luttes en Afrique

(Derio, 23 Juillet 2017) Le premier après-midi de la VIIème Conférence Internationale de La Via Campesina a été consacré au contexte politique international. Celui-ci est caractérisé par la crise insoluble du capitalisme et les pressions de plus en plus fortes qu’il exerce sur les populations, les états et l’environnement, et par la dangereuse mercantilisation de toutes les ressources naturelles. Le lendemain, ce sont les luttes et les résistances qui ont été évoquées. Partout, la souveraineté alimentaire est considérée par les membres de La Via Campesina comme la seule alternative possible au modèle imposé, et l’agroécologie le moyen d’y parvenir et de nourrir les peuples. Dans ces deux espaces, les spécificités régionales ont été analysées.

 

Contexte politique

En Afrique, la jeune et fragile démocratie subit un grave recul, et avec elle la liberté d’expression et d’organisation. Les systèmes politiques sont sclérosés et les droits des citoyens bafoués. Depuis la libéralisation des années 80, les marchés africains sont devenus les plus ouverts du monde, à présent l’état de droit n’est plus respecté. Les terres ont été les premières accaparées, puis les semences – avec l’appui de la fondation Bill Gates, et consorts – puis l’eau, et finalement ce sont toutes les richesses du continent qui se concentrent entre quelques mains, avec la bénédiction du FMI (Fonds mondial international) et de la Banque mondiale. Dans le domaine agricole, ce sont d’immenses terrains soi-disant sous-exploités qui sont sacrifiés à des projets d’investissement de large envergure, mécanisation et chimie en prime. Cette conjoncture pousse une jeunesse, majoritaire en termes démographiques et sans perspective, hors du continent, sur le périlleux chemin de la migration ou sont exploités par fondamentalistes, faisant le jeu de l’extrémisme.

 

Luttes et résistances

La justice – climatique, civile, l’accès aux biens communs – articule toutes les luttes africaines. Le mouvement paysan est présent sur tous fronts. Il se bat contre l’inextricable pouvoir corporativo-étatique, notamment par le biais de tribunaux populaires, de pressions sur les gouvernements, d’une caravane pour les semences, l’eau et la terre qui a parcouru l’Afrique de l’Ouest ce printemps ou de la Campagne pour le démantèlement du pouvoir des multinationales et contre l’impunité de celles-ci. Les actions pour le climat permettent aux paysans de construire des alliances et de renforcer le mouvement, les consultations régionales sur les droits paysans ont impliqué d’autres membres de la société civile. L’objectif des organisations de La Via Campesina est d’atteindre la masse critique de jeunes qui croient qu’une vie digne et un autre monde sont possibles. Ainsi ils mettent en place de nombreuses formations politiques et idéologiques, pour une agroécologie paysanne basée sur l’autonomie et le partage des savoirs.