Maroc : déclaration des Femmes de la FNSA à l’occasion du 8 mars

L’Organisation des Femmes du Secteur Agricole et Forestier, affiliée à la Fédération Nationale du Secteur Agricole (FNSA), commémore la glorieuse journée du 8 mars en invoquant ses dimensions militantes et symboliques et rappelle les plus importantes et urgentes revendications des femmes du secteur agricole.

L’Organisation des Femmes du Secteur Agricole et Forestier, commémore la journée du 8 mars sous le mot d’ordre : « NON à la violence, à la discrimination et à l’oppression, OUI pour la dignité, l’égalité et la justice sociale ». Comme chaque année, notre organisation vise à travers la commémoration de cette journée à invoquer ses dimensions militantes et symboliques d’une part, et d’autre part à s’arrêter sur les situations des femmes marocaines en général et des femmes du secteur agricole et forestier, qu’elles soient fonctionnaires, employées, ouvrières agricoles, paysannes ou laborieuses.

Cette journée du 8 mars 2018 vient dans un contexte national marqué par la consécration de la vulnérabilité et des régressions aux niveaux économique, social et professionnel (retraite et travail contractuel et autres) et dont les femmes sont les principales victimes ; en même temps que la continuité des tentatives de maquillage hypocrite et démagogue (la nouvelle loi pour la lutte contre les violences faites aux femmes) qui contournent la plupart des revendications importantes et urgentes soulevées par le mouvement féministe progressiste marocain.

Nous commémorons cette journée internationale alors que la pauvreté au milieu des femmes ne cesse de croître, comme le prouvent les tragédies d’Essaouira et de Sebta, et alors qu’en réalité, l’exploitation intensive et les conditions de travail inhumaines sont répandues dans la plupart des entreprises agricoles sans respect du code du travail _ avec tous ses défauts _ en plus de la politique d’impunité dont bénéficie le patronat agricole et les privilèges infinis qu’on lui offre.

Nous, à l’Organisation des Femmes du Secteur Agricole et Forestier, en soulevant avec clarté cette réalité, avec tous ses inconvénients et ses manifestations brutales, appelons tou.tes les acteurs.trices, chacun.e de sa position, à assumer leurs responsabilités historiques pour franchir les origines de cette situation, dans l’horizon de la correction réelle et espérée des situations des femmes dans notre pays, et de la réalisation de l’égalité effective entre elles et les hommes. C’est une revendication et une ambition totalement légitime et une condition essentielle à la noblesse des relations humaines au sein de la société.

A l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes, et à la lumière de ce qui précède, les Femmes de la FNSA revendiquent :

  • L’abrogation de toutes les lois et les dispositions qui consacrent la vulnérabilité, surtout au milieu des femmes dans les secteurs public et privé
  • L’amendement de la nouvelle loi de lutte contre les violences faites aux femmes en abrogeant les articles qui sont à l’encontre de l’égalité, et en la remplaçant par une loi qui criminalise toutes les violences faites aux femmes en harmonie avec les conventions internationales des droits humains.
  • La protection de toutes les femmes de la violence économique et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail surtout dans l’espace rural.
  • Le changement de l’image des femmes véhiculée par les programmes éducatifs et les médias, et la promotion des principes et valeurs de l’égalité et de la non discrimination basée sur le genre.
  • L’instauration de mécanismes garantissant l’égalité des chances dans le développement de carrière, la formation continue et l’accès aux centres de décision.
  • L’adéquation des horaires de travail continu aux horaires de scolarité pour les femmes travaillant dans les administrations publiques.
  • Le respect des droits des ouvrières agricoles et de l’ensemble des ouvrières des autres secteurs, la préservation de leur dignité, la mise en pratique du code de travail en révisant les articles qui ne garantissent pas assez de protection à la femme enceinte et mère, et la prévention de toutes les formes de harcèlement dans les espaces de travail.
  • La prise de toutes les mesures susceptibles de mettre fin aux accidents de travail mortels que subissent les ouvrières agricoles durant le déplacement vers et de leur lieu de travail dans des conditions inhumaines, et la garantie des bonnes conditions de sécurité et de santé dans les exploitations agricoles.
  • L’instauration de la Haute Instance pour la Parité en prenant en considération les remarques des organisations féministes sur la loi organisant cette instance, et en précisant clairement ses compétences et ses missions, afin qu’elle puisse remplir pleinement son rôle dans l’ancrage des principes de l’égalité totale et la prévention de toutes les formes de discrimination basée sur le genre.
  • La mise en pratique de la décision de levée de toutes les réserves sur la convention CEDAW et l’harmonisation des loi avec cette convention.
  • La révision du code de la famille de manière à garantir l’égalité effective entre les femmes et les hommes à l’intérieur de la famille et en plaçant l’intérêt des enfants avant toute autre considération.

Et à la fin, l’Organisation exprime sa solidarité avec toutes les femmes résistantes et militantes, et salue solennellement :

  • Les femmes palestiniennes qui résistent à l’agression et à l’arrogance sioniste
  • Les femmes syriennes et iraquiennes et toutes les femmes résistant au Moyen Orient et partout dans le monde.
  • Les femmes maghrébines qui militent contre la pauvreté, la violence, la marginalisation et la vulnérabilité, et pour la paix, l’égalité la démocratie et le juste partage des richesses.
  • Tous les militants et toutes les militantes pour l’égalité et les allié.es aux femmes dans leur résistance et leur combat contre l’exclusion, la marginalisation et la discrimination.