Marche contre Monsanto & Syngenta : la contestation prend de plus en plus d’ampleur
Discours d’Ulrike Minkner, Uniterre
Chères combattantes et chers combattants !
(Bâle, 21 mai 2016) Nous, paysannes et paysans sommes aujourd’hui avec vous à Bâle pour montrer que nous voulons une autre agriculture et une autre façon de produire les aliments. Nous sommes là aujourd’hui, – et nous protestons ! Contre Monsanto et Syngenta. Nous protestons contre les conséquences écologiquement destructrices de l’industrialisation de l’agriculture.
Nous paysannes et paysans d’Uniterre, sommes ici avec nos collègues de La Via Campesina – internationale – pour condamner ces sociétés et nous réclamons ensemble une agriculture familiale, – libérée de l’emprise de ces sociétés – une agriculture qui repose sur des cycles naturels, qui conserve les structures locales et se défend contre le libre-échange !
Ces dernières années, La Via Campesina est descendue dans les rues du monde entier pour manifester contre le génie génétique dans l’agriculture – au travers d’actions, nous avons attiré l’attention sur le fait que nous devons nous défendre contre ces multinationales agro-industrielles. Nous résistons pour nos semences paysannes qui n’ont pas besoin de génie génétique ni d’herbicides et de pesticides toxiques. En Inde, en Argentine, en Amérique du Sud, en Afrique et même en Europe, la contestation prend de plus en plus d’ampleur.
Par exemple, la Colombie a décidé d’adopter une nouvelle approche dans la lutte contre la drogue et refuse désormais de pulvériser les plantations illégales de coca avec du Glyphosate, et ce parce que l’agence de la santé a classé ce poison comme potentiellement cancérigène (classé au 2ème échelon le plus haut sur 5). Nous ici en Suisse, nous devons rejoindre ces contestations de toute urgence et ne pas seulement lutter pour notre santé, mais aussi pour la santé de nombreux/ses ouvriers/ères agricoles dans les pays du sud, qui sont toujours contaminés/ées par ces produits toxiques – et courent le risque de se faire tuer en résistant.
Nous devons réfléchir, nous qui vivons loin de ces plantations, parce que ces maïs ou soja génétiquement modifiés d’Amérique du Sud sont aussi utilisés en Europe – sous forme d’aliments concentrés dans l’alimentation des animaux. Ainsi, ils arrivent chez nous et sont généralement moins cher que ceux produits localement. Cependant, il n’y a pas que la viande qui contienne ces formes de maïs ou de soja, mais aussi beaucoup de produits transformés issus de l’agro-industrie.
Nous ne voulons pas de ces produits parce qu’ils nuisent à l’homme, aux animaux, au sol, à la nature. Partout dans le monde, ils provoquent avant tout de la misère, des maladies et de la dépendance. Une dépendance vis-à-vis de ces multinationales qui augmentent leurs revenus et profits chaque année sans tenir compte de l’environnement.
Pour moi et mes collègues de La Via Campesina, la question centrale est la suivante : Pourquoi l’agriculture industrielle continue à être encouragée, alors que le rapport sur l’agriculture mondiale démontre clairement que l’agriculture paysanne est la solution au problème de la faim dans le monde – alors que l’industrialisation de la production alimentaire nuit gravement à notre santé.
L’industrialisation de l’agriculture crée de nombreux nouveaux problèmes et ne résout aucun problème en profondeur.
Elle a besoin d’engrais chimiques, de pesticides, d’herbicides, elle utilise des semences génétiquement modifiées, elle pollue aussi les sols, favorise le réchauffement climatique et chasse les petits/es paysans/nes de leurs terres. Au lieu de travailler avec ses propres ressources comme le sol, l’eau, l’air et le soleil, l’agriculture industrielle exige également beaucoup d’intrants en énergie, en substances chimiques mais aussi en moyens financiers.
Cela crée des problèmes et de la dépendance partout dans le monde. Peu importe que l’on parle d’un gros fermier aux États-Unis, d’une petite paysanne ou d’un petit paysan en Amérique du Sud ou en Inde.
La dépendance financière conduit à une spirale pouvant mener les paysans/nes à ne plus voir d’autre issue que le suicide. Comme on peut l’observer en Inde, ou même en France avec les producteurs de lait.
J’aimerais aussi parler des ouvriers/ères agricoles qui continuent à être quotidiennement empoisonnés par le Glyphosate ou des cocktails contenant du Glyphosate ou d’autres produits similaires. Quelques politiciens courageux – comme le ministre de la Santé du Salvador – s’attaquent directement aux multinationales telles que Monsanto ou Syngenta. Au Salvador le Paraquat (Gramoxone) de Syngenta a été interdit. Des dépistages du ministère de la Santé avaient révélé que le Paraquat et d’autres pesticides sont la cause d’un grand nombre de cas d’insuffisance rénale chronique souvent fatale dans les zones rurales. En Suisse, le Paraquat est interdit depuis 1989.
Ici en Suisse aussi le Glyphsate est utilisé à grande échelle. « Rien qu’en Suisse, environ 300 tonnes de pesticides sont vendu par an. Tendance jusqu’ici en constante augmentation. » Ceci est totalement contraire à notre Constitution.
Petit message de sympathie d’Uniterre et de LVC au Mouvement des Sans Terre
Avec ce message de sympathie de La Via Campesina et d’Uniterre, nous souhaitons rappeler la lutte du Mouvement des Sans Terre au Brésil. Nous avons beaucoup de respect pour lui. Nous avons une grande responsabilité et nous devons donc nous engager ici dans la mesure de nos possibilités pour les droits de ces personnes menacées de mort par des voyous payés par Syngenta, ou même déjà tuées. Nos pensées sont avec les morts et les blessés et notre solidarité va aux survivants à qui Syngenta refuse toujours toute compensation