L’unité dans la diversité : Les femmes et les jeunes paysan·ne·s changent le monde

(Bogota, 4 décembre 2023) La 8e Conférence Internationale de La Via Campesina, organisée à Bogota en Colombie, après une pause de six ans due à la pandémie de la COVID-19, a suscité une grande excitation avant même son ouverture. La Conférence a commencé le 3 décembre. Mais le 1er décembre avait déjà lieu l’Assemblée des Jeunes. Le 2 décembre, l’Assemblée des Femmes, la Réunion des Hommes contre le Patriarcat et la Réunion sur la Diversité de Genres ont également eu lieu. La Réunion des Hommes contre le Patriarcat et la Réunion sur la Diversité de Genres ont eu lieu pour la première fois lors d’une Conférence Internationale de LVC et ont représenté un excellent exemple de l’importance de la diversité, de l’égalité et de la solidarité pour le Mouvement Paysan Mondial.

La 5e Assemblée des Jeunes, qui a eu lieu le premier jour, était organisée sous le slogan « Unité dans la diversité, les jeunes paysan·ne·s changent le monde ».

Pramesh Pokharel, du Népal, a tout d’abord déclaré : « Il existe de nombreux mouvements sociaux dans le monde, mais je ne pense pas qu’il y en ait un qui soit autant axé sur la diversité que La Via Campesina. Nous sommes ici aujourd’hui pour parler des défis auxquels sont confronté·e·s les jeunes du secteur agricole et les jeunes paysan·ne·s dans les communautés rurales. Nous souhaitons également évoquer le fait que les jeunes ne sont pas en mesure de posséder des terres. La cinquième Assemblée a aussi pour objectif d’élire des jeunes délégué·e·s pour chaque région afin de renforcer le leadership des jeunes. De plus, nous souhaitons nous pencher ensemble sur la rédaction du programme ».

Chengeto Muzira, une jeune du Comité de Coordination International (CCI) de LVC, originaire du Zimbabwe, a ensuite déclaré : « Les jeunes ont défendu les droits des paysan·ne·s, en particulier les droits des jeunes et la Souveraineté Alimentaire, en organisant ensemble le boycott du Sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires de 2021. Nous avons travaillé dur et nous continuerons de le faire pour que la voix des jeunes soit placée sur un pied d’égalité. »

Après des débats régionaux et continentaux des jeunes sur des sujets tels que la crise du renouveau générationnel dans l’agriculture, le changement climatique, l’agroécologie, l’analyse critique des nouvelles technologies numériques dans l’agriculture et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), les jeunes paysan·ne·s ont finalisé un projet de plan d’action et un projet de déclaration.

En outre, l’Assemblée des Jeunes de La Via Campesina a déclaré qu’à partir de cette année, chaque région nommera un·e représentant·e des jeunes au sein du CCI. Il s’agit d’une victoire majeure et d’une étape importante pour le Mouvement Paysan. C’est la preuve de son engagement pour le renouvellement générationnel, le Mouvement souhaite ainsi que les jeunes aient voix au chapitre dans les espaces de prise de décision.

La 6e Assemblée des Femmes, qui s’est tenue le 2 décembre, est revenue sur les 30 ans de La Via Campesina et a partagé l’histoire et les victoires de la lutte des femmes paysannes en son sein.

Nettie Wiebe, ancienne membre du CCI et l’une des dirigeantes paysannes ayant lutté pour l’égalité des genres et l’équité en menant la lutte des femmes au sein du Mouvement Paysan, a déclaré : « Je me souviens de la première Assemblée au Mexique en 1996, nous avons élu sept membres du CCI, tous étaient des hommes. À partir de ce moment-là, il était de mon devoir de parler de l’importance des femmes et de leurs voix. En 2000, pour la première fois, nous avons atteint une représentation paritaire à l’Assemblée générale. Nous, les femmes paysannes, avons toujours été marginalisées et exposées à la violence. Mais, lorsque nous nous unissons dans la solidarité, nous faisons partie de la Via Campesina et nous pouvons surmonter n’importe quelle crise. Ne l’oublions pas. »

Ensuite, Francisca Rodriguez (Chili), anciennement membre du CCI et ayant apporté une contribution significative au mouvement des femmes de la Via Campesina, ainsi qu’Anuka Vimukthi De Silva (Sri Lanka) du CCI pour les femmes et les jeunes sont revenues sur le travail de la Via Campesina en faveur des droits des femmes.

Ensuite, à l’occasion de présentations sur la situation du continent, Jeongyeol Kim, membre du CCI représentant l’Asie du Sud-Est, a déclaré que « les paysannes sont les principales actrices de la production agricole ainsi que du maintien et du développement des communautés rurales. Cependant, elles sont sous-estimées et leur statut social reste faible. En Corée du Sud, les paysannes représentent 52 % de la main-d’œuvre agricole, mais elles sont encore traitées comme aidantes et perçues comme les seules responsables du travail domestique. Les paysannes asiatiques sont notamment confrontées à une discrimination manifeste en matière d’accès à la terre, à la propriété foncière, au crédit, à l’information et à la participation. Elles sont aussi victimes de violences physiques, mentales et culturelles. Malgré les difficultés, les femmes asiatiques redoublent d’efforts pour mener une vie indépendante et marquent l’histoire grâce à leur organisation collective, leur lutte et leur résistance. Les femmes sont au cœur du mouvement de conservation des semences indigènes et du mouvement en faveur de l’agroécologie et de la Souveraineté Alimentaire. Sans elles, le mouvement pour l’agroécologie et la Souveraineté Alimentaire est vide de sens. »