“L’OMC tue les paysannes et les paysans! 21 ans c’est trop! Que l’OMC sorte de l’agriculture!” La Via Campesina renforcera sa résistance lors de la Conférence Ministérielle
Une importante délégation de La Via Campesina composée de paysannes et paysans, de travailleurs ruraux, d’autochtones, de femmes et de jeunes du monde entier convergera aux abords de la 11ème Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui se tiendra à Buenos Aires, en Argentine, du 10 au 13 décembre.
COMMUNIQUE DE PRESSE
(Buenos Aires, le 9 décembre 2017) Pendant la semaine de la conférence, La Via Campesina mobilisera, organisera et rejoindra les mouvements sociaux et les alliés pour exposer les effets dévastateurs que l’OMC a eu sur l’agriculture paysanne et pour réitérer notre revendication ancienne de 21 ans : chasser l’organe multilatéral de commerce de toute discussion et décision concernant l’agriculture.
La Via Campesina, un mouvement paysan mondial regroupant plus de 180 organisations membres de 79 pays, a toujours exigé que l’agriculture soit exclue du champ de l’OMC. Au lieu de cela, La Via Campesina a exigé un changement systémique qui apporte la souveraineté alimentaire aux peuples du monde. Une fois de plus, l’appel de ralliement du mouvement paysan mondial est “Pour la souveraineté alimentaire, l’OMC hors de l’agriculture!”.
Depuis ses débuts en 1995, dérivant de l’Accord général sur le tarif douanier et le commerce (GATT), l’Organisation mondiale du commerce a favorisé le capitalisme dans sa forme la plus brutale, plus connue sous le nom de libéralisation. Lors de ses conférences ministérielles successives, l’OMC s’est engagée à généraliser la libéralisation des marchés nationaux, promettant la prospérité économique au détriment de la souveraineté. En plus ou moins les mêmes termes, «libéralisation, déréglementation et privatisation», constituant le paquet néolibéral, l’OMC a encouragé la multiplication des accords de libre-échange (ALE) entre les pays et les blocs régionaux. Sur cette base, et en utilisant les gouvernements cooptés, les plus grandes sociétés transnationales (STN) en profitent pour saper la démocratie et tous les instruments institutionnels qui servaient à défendre les vies, les territoires et les écosystèmes alimentaires et agricoles des peuples du monde.
A cause de l’AsA (Accord sur l’agriculture) réglementé par l’OMC, les communautés paysannes deviennent les plus défavorisées car elles disposent de ressources financières minimes et d’une protection faible ou nulle de la part des gouvernements nationaux, l’OMC interdisant toute protection qui entraverait la libéralisation du marché. Le rôle de ces communautés a été érodé et remplacé par des entreprises disposant d’importantes ressources en capital, formant lentement un régime de monopole. En conséquence, les paysans doivent faire face à des répercussions dangereuses telles que l’accaparement des terres, la criminalisation, la pollution de l’environnement et l’importation des produits agricoles.
Lors de la précédente Conférence ministérielle à Nairobi en 2015, l’OMC a pris six décisions concernant l’agriculture, le coton et les questions liées aux pays les moins avancés (PMA). Les décisions en matière d’agriculture consistent en des engagements à supprimer les subventions à l’exportation pour les produits agricoles, des collectes publiques à des fins de sécurité alimentaire, un mécanisme de sauvegarde spécial pour les pays en développement et des mesures liées au coton. Des décisions ont également été prises concernant le traitement préférentiel pour les PMA dans le domaine des services. Des critères pour déterminer si les exportations des PMA peuvent bénéficier des préférences commerciales ont aussi été discutés.
Lors de la 11e Conférence ministérielle, l’OMC souhaite revenir sur le thème de l’agriculture en ce qui concerne les stocks publics, mettre un terme à la pêche artisanale et progresser avec les accords multilatéraux tels que l’Accord général sur le commerce des services (AGCS). Malgré les déclarations protectionnistes trompeuses des pays développés, l’OMC se réunira de nouveau pour tenter d’imposer les intérêts du capital au détriment de la planète terre, des aspirations démocratiques des peuples du monde et de la vie elle-même.
Durant ces 21 années de lutte contre l’OMC, les peuples ont résisté à ses tentatives de tout mondialiser – y compris le système agroalimentaire – en faveur des entreprises multinationales. Nos luttes ont été un obstacle majeur à la progression de cette organisation et La Via Campesina a sans aucun doute joué un rôle décisif. Notre résistance à la libéralisation du marché s’est affirmée au moment du cycle de négociations de l’Uruguay (Uruguay Round) et de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Depuis, La Via Campesina s’est mobilisée contre presque toutes les conférences ministérielles de l’OMC : depuis Seattle (1999) et Cancún (2005) – où notre frère Lee Kyung Hae, tenant une bannière « L’OMC tue les paysans », a sacrifié sa propre vie – puis récemment à Bali (2013) et à Nairobi (2015).
Cette année, du 10 au 13 décembre, une délégation internationale de La Via Campesina sera à Buenos Aires pour participer activement aux multiples mobilisations, forums et débats organisés par la société civile au Sommet des Peuples “Dehors l’OMC – Construisons les alternatives”. Nous serons là pour dénoncer l’OMC comme l’organisation criminelle qu’elle est et brandir la bannière de la souveraineté alimentaire. Nous dénoncerons les gouvernements qui, après avoir noté l’affaiblissement de l’OMC, ont recouru à des méga-traités de libre-échange bilatéraux et régionaux qui menacent d’anéantir nos systèmes alimentaires, tout comme l’OMC l’a fait au cours des deux dernières décennies.
Nous parlerons des paysans qui sont morts à cause de l’OMC et nous exposerons aux gens du monde entier que des centaines de millions de personnes sont mortes de faim et de pauvreté à cause de ses politiques de libre-échange. L’OMC n’est rien de plus qu’un groupe d’intérêt de capital monopoliste transnational et de gouvernements sympathisants qui y sont liés. Les divers accords et traités de l’OMC ont pris contrôle des paysans et des petits agriculteurs qui produisaient de la nourriture dans les zones rurales. L’OMC a détruit les communautés rurales et provoqué des crises alimentaires et la contamination des aliments. Nous exigeons que l’OMC cesse toutes les discussions sur l’agriculture et arrête ses tentatives de supprimer la souveraineté alimentaire des peuples.
La nourriture est le droit universel de tous et toutes. La souveraineté alimentaire est le droit de tous les peuples de définir leur propre système alimentaire. Elle place les producteurs alimentaires au centre de ce système. Nos alternatives pour la souveraineté alimentaire sauveront la Terre Mère et nos communautés.
À cette fin, la Via Campesina continuera à se battre. Nous organiserons, résisterons et mènerons des événements de solidarité à travers le monde avec la participation de nos membres et avec le soutien de nos alliés, exigeant que les gouvernements nationaux rejettent l’OMC et retirent l’agriculture de sa portée.
POUR LA PRESSE:
Claude Girod – Confédération Paysanne, LVC, France (54) 91121824509 (FR)
Kim Jeong Yeol – Association of Women Peasant Korea – CCI LVC, Korea. (54) 91138781935 (EN)
Deolinda Carrizo – Movimiento Nacional Campesino Indígena – LVC, Argentina. (54) 91133489316
Nury Martínez – Fensuagro – CCI LVC, Colombia. (54) 91133489316 (ES)
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