Les paysans africains s’unissent contre les sociétés transnationales

 Lieu de la rencontre : Caritas, Malhangalene, Maputo

Maputo, Mozambique, le 20 février 2015 – Nous sommes plus de 40 paysans, femmes et hommes, venus du Mozambique, d’Afrique du Sud, du Zimbabwe, de Tanzanie et de Côte d’Ivoire, à nous être réunis à Maputo, au Mozambique, du 17 au 20 février 2015 pour parler des sociétés transnationales et de la façon dont elles nuisent aux paysans et aux travailleurs agricoles.

Nous savons à quel point les sociétés transnationales compromettent la dignité humaine et ravagent notre Terre mère. Nous savons que les multinationales entendent faire disparaître les paysans d’Afrique, au profit d’une agriculture industrielle prônant la monoculture et l’agriculture intensive de denrées agricoles destinées à l’exportation.

En tant que membres du mouvement international paysan La Via Campesina, nous travaillons main dans la main avec plus d’un million de paysans aux quatre coins du monde, qui, comme nous, ont la responsabilité de nourrir leurs concitoyens. Nous avons donc le droit d’être des paysans et des petits exploitants et de le rester. Nous prenons soin des semences, source de vie, et voyons dans la production d’aliments un acte d’amour. La population africaine dépend de nous ; aussi nous refusons de disparaître.

Nous refusons de travailler comme salariés agricoles pour des sociétés transnationales. Nous sommes fiers d’être paysans. Nos connaissances sont précieuses, nos semences traditionnelles sont essentielles à la survie de l’humanité et notre continent n’est pas à vendre!

Nous exigeons de nouvelles politiques publiques en faveur des paysans, la petite agriculture étant l’unique secteur permettant d’atteindre la souveraineté alimentaire et de résoudre la crise alimentaire dont souffrent nos nations et l’Afrique en général.

Nous exigeons le démantèlement du pouvoir des sociétés transnationales en Afrique.

Nous exigeons donc de nos gouvernements qu’ils:

  • poursuivent en justice les sociétés transnationales contrevenant aux lois nationales. Il faut immédiatement mettre un terme à leur impunité.
  • abandonnent cette agriculture industrielle qui contribue à la pollution et au changement climatique par l’utilisation massive de produits chimiques dérivés du pétrole.

En toute légitimité, nous exigeons de nos gouvernements qu’ils abordent immédiatement et sérieusement la question de l’accaparement des terres et qu’ils chassent les sociétés transnationales de nos champs. De notre côté, nous nous engageons à continuer à diffuser l’agroécologie et renforcer la souveraineté alimentaire au niveau local. Les mesures que nous allons prendre sont les suivantes:

  • résister face aux sociétés transnationales convoitant nos terres
  • exiger des lois foncières défendant clairement les droits des paysans
  • exiger des gouvernements qu’ils allouent 10% de leur budget à la paysannerie, conformément à l’Accord de Maputo
  • élaborer un document expliquant clairement en quoi la survie des paysans au niveau national et régional dépend de notre refus d’ouvrir la porte aux sociétés transnationales

Globalisons la lutte! Globalisons l’espoir !

Maputo, le 20 février 2015