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La Via Campesina soutient le rapport sur le commerce du Rapporteur Spécial sur le droit à l’alimentation

Après 25 ans, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’un des porte-drapeaux du libre-échange international, perd progressivement de sa pertinence. “La politique commerciale s’est principalement concentrée sur les logiques économiques et a soit ignoré soit marginalisé les préoccupations des populations en matière de droits de l’homme”, a déclaré le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation dans son dernier rapport : “Le droit à l’alimentation dans le contexte du droit et de la politique du commerce international”. La Via Campesina, qui lutte contre le libre-échange imposé par l’OMC, se félicite de cette déclaration.

Le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Michael Fakhri, a commencé à remplir ses fonctions et a présenté son rapport à la 75e session de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre dernier. Le rapport reprend principalement les critiques formulées de longue date à l’égard de l’Accord sur l’agriculture de l’OMC, puis propose les droits de l’homme comme l’un des principes fondamentaux pour de meilleures pratiques commerciales. Le rapport de 23 pages est également riche en références sur le droit à l’alimentation, la dignité et la solidarité afin de répondre au mieux à la crise actuelle de la Covid-19.

La Via Campesina est depuis longtemps à l’avant-garde de la lutte contre la libéralisation de l’agriculture et de l’alimentation poussée par l’OMC. « En tant que personnes travaillant sur le terrain pour nourrir 70 % de la population mondiale, nous avons été les premiers à pâtir des accords de libre-échange qui ont été mis en avant par l’OMC et d’autres institutions multilatérales. La dévastation causée par ce modèle “descendant”de gouvernance mondiale a été ressentie pour la première fois dans nos territoires lorsqu’il a fait s’effondrer les prix de nos produits, détruit les marchés paysans locaux, anéanti la riche biodiversité qui existait dans nos champs, nous a privé de notre autonomie en matière de semences et a expulsé des millions de nos sœurs et frères de leurs territoires”, a déclaré Kim Jeongyol, une paysanne de Corée du Sud.

“Le rapport est fondamental, notamment pour la sensibilisation du public – il montre que le libre-échange ne fonctionne pas, surtout dans le contexte actuel de pandémie et aussi du point de vue des principes des droits de l’homme”, a déclaré Zainal Arifin Fuat, de Serikat Petani Indonesia. C’est pourquoi, dès le début, nous avons lancé notre slogan “L’OMC hors de l’agriculture”, qui est ensuite devenons “Mettons fin à l’OMC”… Nous devons rester vigilants, car le danger ne vient pas seulement de l’OMC agonisante, mais aussi des nombreux accords de libre-échange qui prennent déjà le dessus dans de nombreuses régions du monde”, a-t-il poursuivi.

Tous les ans, la Via Campesina commémore la lutte mondiale contre l’OMC et le libre-échange lors de sa “Journée internationale de lutte contre l’OMC et les accords de libre-échange (ALE)”, qui est organisée chaque 10 septembre. Cette année, elle a été commémorée par des actions menées dans le monde entier et par un dialogue en ligne intitulé “Mondialiser la solidarité, localiser l’agriculture”. “La conclusion est que la souveraineté alimentaire et le droit à une alimentation adéquate ne peuvent émerger que de l’agriculture familiale et de l’agriculture paysanne utilisant des moyens agro-écologiques. Le même sentiment est également présent dans le rapport du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation”, a mentionné Zainal Fuat.

“Nous sommes heureux qu’un rapport des Nations unies se penche sur cette question très importante, et que nos voix et nos luttes aient été entendues, en particulier le rapport fait également référence à la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales”, a poursuivi Kim Jeongyol. “Maintenant, nous continuons à défendre et à exiger nos droits à la terre, aux semences, à l’eau, à la biodiversité, qui sont entravés par la pratique de l’OMC et des ALE”, a-t-elle conclu.

L’une des conclusions du rapport est de “Mettre un terme à l’accord de l’OMC sur l’agriculture”.

Le rapport est disponible ici (en anglais, espagnol, français, arabe et russe) :