Intervention de LVC à la conférence de la Convention sur la Diversité Biologique

José Oviedo – Bonn, Allemagne, 19 mai 2008

Bonjour à tous et à toutes,
Au nom de la Via Campesina, je vous remercie pour l'opportunité qui nous est donnée dans cette neuvième réunion de la Conférence des parties, d'exprimer la position et les demandes de notre organisation sur les questions de biodiversité. Nous sommes un mouvement paysan international, présent dans plus de 60 pays en Amérique, Asie, Afrique et Europe, et représentant des millions de petits paysans et paysannes. Je suis moi-même producteur de légumes et des céréales au Costa Rica. Nous réaffirmons que nous, familles paysannes du monde, peuples indigènes, pêcheurs et bergers (hommes et femmes), sommes ceux qui conservent et renouvellent la biodiversité de la planète ainsi que les savoir-faire paysans nécessaires à la survie de l'humanité.

La crise alimentaire actuelle est le résultat des politiques d'ajustement structurels du FMI, de la Banque Mondiale et des accords de libre échanges. Bien qu'il y aie suffisamment d'aliments de part le monde la privatisation des ressources, la spéculation et le développement artificiel des agrocarburants génère toujours plus de faim et de pauvreté. Les solutions que proposent les multinationales, comme la révolution verte en Afrique et les organismes génétiquement modifiés ne font qu'aggraver la crise.

Celui qui remplit le réservoir de son véhicule avec de l'éthanol utilise plus de mais que ce que consomme une personne en Afrique en une année. Les agrocarburants industriels toutes générations confondues, consomment plus d'énergie que celle qu'ils procurent. Les agrocarburants n'ont rien de social ni de durable.

L'agriculture paysanne a toujours été et est toujours capable d'alimenter le monde et d'abaisser la température de la planète. Seule la biodiversité, conservée et renouvelée par les petits agriculteurs et agricultrices dans les campagnes peut permettre le développement de plantes et d'animaux qui demain seront adaptés aux nouvelles conditions climatiques.

Les communautés paysannes du monde exigent :

  • la reconnaissance de leurs droits collectifs concernant l'usage de la biodiversité et non pas la contrepartie d'une soi-disante «répartition des bénéfices »; qui serait la conséquence de la mise en application, via des brevets et des certificats d'obtention végétale, des droits de propriétés privés sur les semences
  • l'adoption par la neuvième conférence des parties de mesures pertinentes pour que les droits des paysans et paysannes sur les semences (droits déjà définis par le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l'Alimentation et l'Agriculture),    l'accès à la terre et à l'eau deviennent une réalité
  • l'interdiction de tout type de culture transgénique et d'agrocarburants industriels
  • la reconnaissance par la COP9 que la souveraineté alimentaire est fondamentale pour résoudre la crise alimentaire dans le respect de la biodiversité

Merci beaucoup,

José Oviedo,
Via Campesina