Haïti : Déclaration finale du 50e congrès du Mouvman Peyizan Papay (MPP)
Déclaration finale du 50e congrès du Mouvman Peyizan Papay (MPP), publiée par le MPP sur son site web
Papay,10 août 2023
Congrès 50ème ANNIVERSAIRE Mouvman Peyizan Papay (MPP)
DÉCLARATION FINALE
Du 5 au 10 août 2023, 1 152 délégués et invités nationaux et internationaux issus de 36 organisations se sont réunis à Sant Lakay à Papaye pour célébrer le 50ème anniversaire du MPP. Avant d’aller plus loin, au nom du MPP, nous saluons chaleureusement la délégation internationale venue de 7 pays étrangers qui ont bravé les dangers pour être présents avec nous. Beaucoup d’entre eux ont traversé des océans pour rejoindre Papaye. Applaudissons chaleureusement la délégation internationale. Malheureusement, certaines organisations n’ont pas pu venir.
Félicitations à toutes les organisations alliées et aux amis du MPP provenant des 10 départements géographiques, qui ont surmonté de nombreux défis pour célébrer ce 50ème anniversaire avec le MPP. Bravo à tous les militants.
Applaudissements pour tous les invités, amis du MPP, militants et militantes du MPP, ainsi que les personnes de la ville de Hinche qui se sont déplacées pour marcher aujourd’hui et dire non à l’oppression imposée au peuple et aux masses populaires. Bravo à nous !
Oui, le MPP a 50 ans. Nous sommes nés en 1973 sous la dictature de Duvalier. Cela signifie que le MPP a grandi sur un terrain aride, sous de nombreux mauvais vents et un fardeau difficile. Nous avons traversé toutes sortes de dangers. Nous avons subi toutes sortes de persécutions, mais nous avons toujours résisté. Beaucoup de nos membres ont été blessés, beaucoup sont morts. L’État criminel nous a pillés et volés. Ils ont cherché à nous écraser, à nous faire peur, à nous faire disparaître, mais nous sommes plus forts car nous sommes du bambou, nous plions mais ne cassons pas.
Nos ancêtres, Makandal, Boukman, Dessalines, Charlemagne Peralte, sans oublier nos militants tombés, les paysans insurgés comme Jean Rabèl, et beaucoup d’autres qui ont combattu pour la cause du peuple, comme Jean Mary Vinsan, nous ont laissé un héritage de résistance. Nous avons besoin de toute cette force et de toute cette détermination pour reconstruire le congrès du mont rouge et refonder Haïti.
Oui, nous avons résisté sous la dictature de Duvalier, sous la dictature militaire, sous le régime populiste Lavalas. Mais nous sommes tombés sous un régime appelé PHTK. Ce régime est le plus criminel, le plus voleur, le plus inutile, le plus servile envers les puissances étrangères que le pays ait connu. La version impériale d’Ariel est un outil pour éliminer tous ceux qui osent s’opposer. Tout comme les autres, ce ne sont pas les Haïtiens qui l’ont mis en place. C’est un tweet impérial qui a été déversé sur le sol du pays.
Aujourd’hui, à la tête de la bande du PHTK et des puissances impériales, Ariel sème le chaos, boit le sang du peuple pour créer un cimetière pour les projets impérialistes et oligarchiques. Ce projet vise à changer la Constitution du pays, à organiser des élections pour que le régime criminel du PHTK puisse continuer à opprimer les masses populaires, à déshumaniser la population afin de pouvoir exploiter les ressources naturelles du pays.
Pendant que le MPP célèbre son 50ème anniversaire, de nombreux paysans sont contraints de fuir les campagnes pour chercher refuge en ville, et d’autres choisissent de quitter le pays pour essayer de survivre à l’étranger. La majorité de la population qui reste dans le pays se cache, car les gangs les empêchent de circuler. La famine tue la majorité de la population. Les forêts ont disparu. Les sources d’eau sont taries. Les sécheresses ont détruit les champs des paysans. Les inondations ont ravagé de nombreuses régions du pays cette année. Le dérèglement climatique menace la vie avec des catastrophes climatiques qui dévastent la planète.
Les paysans sont abandonnés. Aujourd’hui, les paysans de la région de l’Artibonite ne peuvent plus rester chez eux à cause des gangs. Les paysans des 4 coins du pays ne peuvent plus vendre leurs produits sur le marché. La misère règne en maître sur les paysans et les masses populaires. L’oligarchie et le pouvoir politique vassal veulent éliminer la classe paysanne.
Pendant ces 50 ans d’existence du MPP, l’État a fait tout ce qui était en son pouvoir pour nous éradiquer. Si nous souffrons, ce n’est pas de notre faute. Mais nous ne céderons pas. Nous sommes plus forts dans notre combat pour changer cet État criminel.
À l’occasion de notre 50e anniversaire, nous avons décidé de prendre nos responsabilités et de dire NON, 77 fois 7 fois NON.
- Nous disons non : En signe de protestation, nous avons planifié de mobiliser les masses populaires, de faire en sorte que les gens ne cèdent pas à la peur et ne laissent pas les politiciens corrompus détruire la mobilisation populaire. Nous refusons de laisser le pays aux politiciens voleurs, aux politiciens traîtres et aux impérialistes qui conspirent contre les droits sacrés de notre patrie, d’Haïti.
- Non, nous disons non : Nous rejetons toute forme d’occupation étrangère sur le territoire du premier pays noir de la planète, qui a conquis son indépendance par la force de ses bras, le premier pays où le peuple a bu son sang pour obtenir la liberté partout sur la terre, montrant qu’il est capable de se libérer s’il s’organise. Nous devons résister jusqu’à la dernière goutte de sang, car Dessalines et l’Armée paysanne ont dit : Haïti est la mère de la liberté.
- Non, nous disons non : Nous rejetons le projet d’éliminer la classe paysanne en les poussant à quitter leurs terres, en les persécutant, en les chassant de leurs terres agricoles. Nous résisterons de toutes nos forces. Les paysan·nes doivent rester sur leurs terres. Pour cela, ils doivent s’organiser partout, former des brigades pour lutter contre les voleurs de terres, combattre les juges, les avocats, les policiers, toutes les autorités de l’État impliquées dans le complot des voleurs de terres.
- Nous disons non : Nous rejetons le projet du parti PHTK et des puissances impérialistes visant à nous imposer une constitution illégitime, un référendum truqué, des élections manipulées pour mettre en place un gouvernement au service des intérêts de l’oligarchie, des politiciens corrompus comme Ariel, et des intérêts des puissances impérialistes. Nous devons nous dresser contre ce projet. Avec Ariel, les élections ne sont pas possibles.
- Nous disons non : Nous rejetons le projet néolibéral qu’Ariel met en œuvre et qui affame le peuple, rend la vie chère. Les projets du FMI, de la Banque mondiale et de l’OMC en Haïti sont des projets de mort. C’est un projet de mort pour l’agriculture paysanne, un projet de mort pour Haïti tout entier. Nous disons non à l’agrobusiness.
- Nous exigeons la démission d’Ariel et de son gouvernement. Nous exigeons la fin du complot du 21 décembre contre notre pays. Nous demandons que tous les politiciens véreux, les traîtres, les corrompus qui sont derrière ce complot soient chassés du pouvoir. Que le PHTK et ses alliés boivent l’huile. Nous demandons au peuple de se rebeller contre ce pouvoir des marchands. Voici le mode d’action. C’est la résistance, la rébellion.
- Nous disons non à l’intervention militaire au Niger, car ce sont toujours les paysan·nes qui paient le prix de toutes les interventions militaires.
Nous disons OUI.
- Nous disons oui : À l’unité des organisations paysannes qui luttent, qui résistent contre le projet de mort. Nous invitons toutes les organisations paysannes qui veulent du changement à nous rejoindre dans la Plateforme Paysanne 4 G. Ne restez pas isolés, car divisés, nous sommes faibles. Jeunes, femmes, organisez-vous. Oui à l’alliance entre paysan·nes et ouvrier·es, organisations sociales révolutionnaires, organisations politiques et partis politiques révolutionnaires. C’est une question d’organisation, c’est une question de vie ou de mort.
- Nous disons oui à une Haïti socialiste qui repose sur la CIVILISATION PAYSANNE. Oui à l’agroécologie paysanne, à la souveraineté alimentaire, à la reforestation et au reboisement du pays. Oui à la lutte contre les multinationales qui détruisent l’environnement, qui provoquent la destruction de la planète et le dérèglement climatique. Oui aux semences paysannes, aux engrais naturels et aux pesticides naturels. Oui à l’organisation et à la formation des jeunes, des femmes, du peuple paysan. Oui à l’internationalisme et à la solidarité entre les peuples. Nous exprimons notre solidarité avec les paysans au Niger. Nous les encourageons à résister.
Pour finir, à l’occasion du 50e anniversaire de notre mouvement, le MPP lance cet appel :
- Appel à une unité totale entre toutes les organisations patriotiques, tous les patriotes, pour bloquer les projets d’Ariel. Ni élections, ni occupation. Si l’ennemi débarque, nous devons opposer une résistance farouche. À bas Ariel. À bas l’occupation. À bas l’impérialisme.
- Appel à la solidarité de toutes les organisations paysannes, sociales et politiques à travers la planète pour soutenir Haïti dans sa résistance contre toute nouvelle forme d’occupation.
- Appel à la solidarité envers les paysan·nes haïtien·nes ayant perdu leurs récoltes cette année en raison de sécheresse et d’inondations. Unissons-nous pour relancer la production alimentaire dans le pays
- Appel à contribuer aux deux grands projets du 50e anniversaire du MPP :
- La plantation de 50 millions d’arbres fruitiers et forestiers que nous voulons réaliser en collaboration avec toutes les organisations paysannes du pays, dans le cadre d’un système agroécologique paysan et agroforestier. Cet appel est principalement adressé à la diaspora haïtienne.
- Établissement d’une Université paysanne commençant par une faculté d’agroécologie qui garantira la souveraineté alimentaire pour qu’Haïti puisse reprendre le contrôle de sa sécurité alimentaire.
VIVE L’UNITÉ DES ORGANISATIONS PAYSANNES !
VIVE L’AGROÉCOLOGIE PAYSANNE POUR METTRE FIN À LA FAIM, POUR PROTÉGER NOTRE PLANÈTE.
VIVE LA SOLIDARITÉ ENTRE LES PEUPLES ! VIVE LA VIE !
UNISSONS NOS FORCES, UNISSONS NOS ESPÉRANCES.
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