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France : “Mégabassines – il est urgent de se remettre autour de la table”

Article publié sur le site de La Confédération paysanne, l’un de nos membres en France, le 29 mars 2022.

La forte mobilisation du Printemps maraîchin contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres qui a réuni plus de 7000 personnes, conforte notre détermination à demander une autre politique de l’eau.

Ce débat est depuis trop longtemps confisqué par les promoteurs des mégabassines du département – Coop de l’eau, chambre d’agriculture, FDSEA79 – soutenus par les choix de l’actuel gouvernement autocrate. L’absence de transparence qui règne depuis le début dans ce dossier doit cesser.

Nous sommes conscient·es de l’importance de l’irrigation. Nous ne sommes pas opposé·es par principe au stockage de l’eau, comme le caricaturent les promoteurs des mégabassines. Mais c’est bien contre un stockage de l’eau qui conforte un modèle agricole prédateur et accapareur que nous luttons.

L’eau doit servir un modèle agricole pérenne, qui tienne compte des enjeux de transition agro-écologique et qui s’adapte à eux. Non l’inverse. C’est bien cela que nous opposons aux promoteurs des mégabassines, même si nous savons que des paysan·nes qui se préparent ou répondent déjà aux enjeux de demain sont impliqués dans ce projet.

Toutes nos actions n’ont jamais visé des personnes mais bien les infrastructures liées aux projets de méga-bassines, au système agro-industriel qui accapare l’eau.

C’est pourquoi nous condamnons les agissements d’une poignée de manifestant·es qui s’en sont pris, en marge de la mobilisation, à la pompe privée d’un agriculteur. Ce débordement, comme la gestion hasardeuse des forces de l’ordre en fin de cortège, n’auraient pas dû arriver, alors même que nous avons scrupuleusement respecté les restrictions imposées par la préfecture.

Rien ne justifie que le co-porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres, Benoit Jaunet, ait reçu des menaces sur Facebook, appelant à incendier sa ferme de la part d’un responsable FDSEA* 79. Déjà menacé par sms en novembre dernier, ce dernier a donc porté plainte ce lundi en gendarmerie.

N’en déplaise aux promoteurs des mégabassines, la très forte mobilisation de ce week-end, appuyée par une cinquantaine d’organisations, montre que la question de la gestion de l’eau, de sa répartition, de son partage et de l’utilisation de l’argent public est un sujet de société, dont de plus en plus de citoyen·nes se saisissent.

Depuis le passage en force du démarrage du premier chantier de bassines à Mauzé-sur-le-Mignon, la Confédération paysanne des Deux-Sèvres et d’autres organisations ont multiplié les alertes quant à l’absence totale d’une concertation satisfaisante autour de ces projets. En témoigne le protocole d’accord désormais vidé de toute légitimité. La réponse de la Coop de l’Eau est en ce sens inquiétante, quand elle affirme que rien n’entamera « la volonté de faire avancer les projets ».

Nous le redisons une énième fois, il est plus qu’urgent de se remettre autour de la table et d’interroger réellement le projet des mégabassines et le modèle agricole délétère qu’il soutient.