France “Marché carbone : un Ministre de l’agriculture au service du secteur privé”
Communiqué de presse publié par la Confédération paysanne, le 7 février 2022
Dans la lutte contre le changement climatique, l’agriculture est aux avant postes. Le travail avec la nature étant la clé, elle a la capacité d’avoir une influence néfaste ou positive. Si les orientations qui lui sont données et le soutien qui lui est accordé vont dans le bon sens, l’agriculture peut alors jouer un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique ; à la fois en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre et en développant des pratiques qui permettent d’atténuer les effets des bouleversements climatiques.
Pourtant, pour répondre aux enjeux climatiques de l’agriculture, le gouvernement français n’a d’autre mot à la bouche que le marché carbone et la compensation. Il en a fait « une des deux priorités de la Présidence Française de l’Union Européenne » et Julien Denormandie l’a mis au menu du conseil informel des ministres européens de l’agriculture qui s’ouvre aujourd’hui.
Pourtant des pratiques agricoles reconnues pour séquestrer le carbone et lutter contre le changement climatique existent déjà : baisse des engrais et des pesticides, diversification des cultures et des productions, semences paysannes, infrastructures agroécologiques, lien systémique entre production animale et production végétale, haies… Ce sont ces pratiques paysannes qui doivent être incitées, accompagnées, et soutenues par une politique publique ambitieuse. Pas la création d’un nouveau « business » du carbone, promu par un Ministre de l’agriculture qui préfère jouer l’intermédiaire entre les différents acteurs privés pour provoquer un « alignement d’intérêts économiques ».
Pour la Confédération paysanne, cette ruée du gouvernement sur la compensation carbone est aussi la preuve de l’échec de sa politique sur le revenu paysan. Notre rémunération doit provenir de l’alimentation que nous produisons. Développer un marché carbone agricole ne permet pas de lutter contre le changement climatique. Par contre cela peut provoquer d’importants accaparements de terres et rendre les agriculteur·rices dépendants d’acteurs économiques qui choisiront les pratiques qu’ils financeront. Or aucun acteur privé qui achète des crédits carbone ne vise l’intérêt général. Ce qui pourtant doit être l’objectif d’un gouvernement !