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Face aux crises globales, nous exigeons des actions concrètes de la part des gouvernements pour assurer la Souveraineté Alimentaire de nos Peuples et nos Droits Paysans

Communiqué de presse pour la Journée internationale d’action pour la souveraineté alimentaire des peuples contre les multinationales- 16 octobre 2023


Aujourd’hui 16 octobre, journée de la lutte pour la Souveraineté Alimentaire de nos peuples, nous, La Via Campesina, un mouvement mondial regroupant des paysan·nes et de populations rurales, du monde entier, descendons une fois de plus dans les rues, prenons les réseaux sociaux et occupons les espaces publics pour attirer l’attention sur la grave crise alimentaire que touche notre humanité.

Notre objectif est de demander des comptes aux responsables de la grave crise alimentaire à laquelle l’humanité est confrontée. Dans le monde d’aujourd’hui, les guerres continuent de causer des ravages destructeurs. Un exemple clair en est la récente stratégie génocidaire d’Israël, qui, pendant 10 jours, a complètement refusé l’accès à des ressources essentielles telles que la nourriture, l’eau et l’électricité à 2,5 millions de Palestinien·nes, des actions qui constituent indéniablement des crimes de guerre. Notre lutte pour la souveraineté alimentaire des peuples et nos efforts pour faire face à ceux qui les privent de ces droits restent une priorité absolue pour La Vía Campesina.

Nous dénonçons le Forum mondial de l’alimentation organisé cette semaine à Rome par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’actuelle mainmise des entreprises transnationales sur la FAO. Nous sommes particulièrment préoccupés par le fait que ce Forum mondial de l’alimentation encourage l’action de la jeunesse mondiale, en les reliant aux nouvelles technologies et à l’innovation dans les systèmes alimentaires promus par l’agro-business. Nous n’avons pas besoin d’une réinvention du pouvoir des entreprises pour résoudre le problème de la faim dans le monde, nous voulons que nos gouvernements aient l’autonomie de décider de notre alimentation. Nous avons besoin que les droits paysans soient respectés et promus.

C’est nous, les paysan·nes, qui garantissons chaque jour l’alimentation de nos populations, et pourtant nous sommes aussi parmi les populations les plus touchées par ces crises. Nos terres, notre eau et nos semences continuent d’être accaparées et détenues par les transnationales de l’agroalimentaire. La crise climatique, amplifiée par l’extractivisme, déplace des millions d’entre nous et de nos familles, la faim et la malnutrition continuent d’augmenter à l’échelle mondiale. Les droits des paysan·nes à une vie digne et à la justice sociale continuent d’être violés. Nos vies sont constamment en danger.

L’appel mondial des paysan·ne·s reste celui de revenir à la terre, de poursuivre notre héritage ancestral d’une production paysanne saine, avec des propositions agroécologiques et une participation équitable. Nous misons sur l’intégration des nouvelles générations, de la diversité et des alliances dans les territoires.

Cet appel à l’action vise également à mettre en lumière le processus que les mouvements sociaux ont enclenché pour construire le Forum mondial de Nyéléni pour la souveraineté alimentaire en 2025. A ce stade, nous nous engageons collectivement à élargir et renforcer la lutte pour la souveraineté alimentaire, en formant des alliances avec des mouvements pour la justice climatique, des syndicats, des groupes féministes et des organisations environnementales afin de proposer des solutions communes pour un changement systémique. Notre 8e conférence internationale, qui se tiendra en Colombie du 1er au 8 décembre, sera également un espace décisif de convergence et de mobilisation.

En ce mois d’octobre, nous continuerons à négocier un traité contraignant pour lutter efficacement contre le pouvoir et l’impunité des entreprises transnationales. Avec la société civile, nous menons une campagne pour mettre fin aux violations des droits humains que les entreprises transnationales continuent de commettre en toute impunité sur nos terres et nos territoires. Du 23 au 27 2023, une délégation paysanne participera à la 9ème session du Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée (OEIGWG), chargé d’élaborer un Traité contraignant des Nations Unies sur les sociétés transnationales et autres entreprises en ce qui concerne les droits humains (OEIGWG). Les progrès juridiques au niveau international nous permettraient de poursuivre en justice les sociétés transnationales de l’agro-businesschaque fois qu’elles violeraient nos droits, tout comme elles le font avec nos États lorsqu’ils ne respectent pas les normes qu’ils ont imposées.

Une nouvelle réalisation à noter : L’UNDROP dispose désormais d’une procédure spéciale aux Nations unies

Notre lutte actuelle pour la souveraineté alimentaire progresse bien sur le plan juridique international. Depuis l’adoption de la Déclaration sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales – UNDROP, nous avons continué à nous mobiliser nos efforts pour sa mise en œuvre aux niveaux mondial, régional, national et local. Lorsque les restrictions liées à la COVID-19 ont été levées dans le monde entier, permettant un retour à la vie normale, LVC et ses alliés ont saisi l’occasion pour accroître la pression en faveur de la création d’une procédure spéciale (plus précisément un groupe de travail) sur l’UNDROP au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations unies avant la fin de l’année 2023.

Et nous avons réussi. Le Groupe de travail de l’ONU sur l’UNDROP, adopté dans une résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 11 octobre dernier, sera chargé de surveiller et de rendre compte de la mise en œuvre de l’UNDROP, et de fournir un soutien et une assistance technique aux pays pour les aider à mieux mettre en œuvre la Déclaration. Ce groupe de travail des Nations unies sera d’une grande utilité pour renforcer la promotion et la protection des droits des producteur·euses de denrées alimentaires dans le monde entier. Il ne fait aucun doute que l’humanité peut utiliser ce mécanisme pour faire face aux crises mondiales auxquelles nous sommes confrontés, en particulier dans les zones rurales. Il s’agit d’une grande victoire dans notre lutte pour la souveraineté alimentaire.

Actions urgentes pour préserver la souveraineté alimentaire et les droits humains :

  1. Rétablissement immédiat des ressources essentielles : Nous exigeons qu’Israël rétablisse immédiatement l’accès aux ressources essentielles, y compris la nourriture, l’eau et l’électricité, pour les 2,5 millions de Palestinien·nes de Gaza. Le refus de ces besoins de base constitue une violation du droit international et des droits humains. Cette demande s’étend également à tous les peuples dont la souveraineté alimentaire est violée par les actions d’autres États à la suite de guerres et de conflits, tels qu’Haïti, Cuba, le Niger, entre autres.
  2. Traité contraignant contre l’impunité des entreprises : Nous appelons à la finalisation rapide et à l’adoption d’un traité légalement contraignant qui tiendra les entreprises transnationales responsables des violations des droits humains. Les multinationales de l’agro-business doivent être légalement responsables chaque fois qu’elles portent atteinte à nos droits.
  3. Nous exhortons la communauté internationale à soutenir et à surveiller activement la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP). Le récemment créé Groupe de travail de l’ONU sur l’UNDROP devrait être habilité à promouvoir, protéger et défendre les droits des producteur·euses de denrées alimentaires dans le monde entier.

Face aux crises globales, construisons la souveraineté alimentaire pour assurer un futur à l’humanité !


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