Europe : L’opposition se lève contre les méga-fusions en cours dans le secteur agricole
Communiqué de presse des Amis de la Terre Europe, de la Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme, la Coordination européenne Via Campesina et CONCORD Europe.
L’opposition se lève contre les méga-fusions en cours dans le secteur agricole: une menace de taille pour notre alimentation et nos exploitations, selon la société civile
(Bruxelles, 27 mars 2017) – Plus de 200 organisations ont aujourd’hui appelé la Commission européenne et la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager à stopper la fusion en cours de six grandes entreprises agricoles.
Les groupes de paysan/nes, de travailleur/ses agricoles, d’apiculteur/rices, religieux, de développement international et environnementaux affirment dans une lettre ouverte que les trois entreprises découlant de ces fusions exerceront une concentration du pouvoir de marché et « exacerberont les problèmes causés par l’agriculture industrielle – avec des conséquentes néfastes pour les citoyens, les paysan/nes et les travailleur/ses agricoles, les consommateur/rices, l’environnement et la sécurité alimentaire ».
Les organisations européennes et nationales – représentant ensemble des millions de membres – soutiennent que les fusions proposées de Dow Chemical et de DuPont, de Monsanto et de Bayer AG, et de Syngenta et de ChemChina donneront lieu à un monopole inacceptable, où trois entreprises contrôleront environ 70 % des produits agro-chimiques du monde et plus de 60 % des semences commerciales.
Ramona Duminicioiu, productrice paysanne de semences et membre de la Coordination européenne Via Campesina a déclaré: « Approuver ces fusions va totalement à l’encontre des droits des paysan/nes, sans oublier les profondes répercussions sur notre société. Lorsque la Commission affirme que les petites exploitations familiales sont l’épine dorsale de l’agriculture européenne, croit-elle véritablement ce qu’elle dit ou fait-elle uniquement semblant? Les droits des paysan/nes, déjà fragiles, vis-à-vis des semences, de la terre et des marchés risquent d’être anéantis par ces méga-entreprises et notre souveraineté alimentaire de nous être retirée. La Commission devrait dire non à ces fusions ! »
Adrian Bebb des Amis de la Terre Europe a lui affirmé: « Le système alimentaire et agricole européen est en piteux état et si des géants du secteur, tels que Monsanto et Bayer, sont autorisés à fusionner, leur mainmise sur notre alimentation sera d’autant plus toxique. Les fusions sont comme un mariage noué en enfer et devraient être stoppées par les régulateurs. Nous devons construire un système alimentaire plus juste et plus respectueux de l’environnement hors des griffes des entreprises. »
Arnd Spahn de la Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme a déclaré : « Les travailleur/ses, ainsi que l’environnement et l’ensemble de la société, sont victimes de l’utilisation des pesticides. Nous nous battons pour la santé et la sécurité au travail et nous avons besoin de partenaires pour défendre nos idées. À l’heure actuelle, les producteurs de pesticides ont un poids important, mais après cette fusion, leur poids sera tel que personne ne sera en mesure de les mettre sur la voie de la protection des travailleur/ses et de l’environnement. Comment allons-nous stopper le glyphosate si nous avons des adversaires aussi redoutables en face ? »
Isabelle Brachet de CONCORD Europe a elle affirmé: « Pour éradiquer la faim, il faut aussi aborder les déséquilibres de rapports de force au sein de nos systèmes alimentaires. Un petit nombre d’entreprises multinationales dominent les systèmes alimentaires commercialisés à l’échelle internationale et bénéficient de davantage de connaissances, d’avantages et d’accès aux décideurs. Le pouvoir des entreprises sur notre alimentation doit être limité – et non pas étendu par les méga-fusions. Les principaux investisseurs de l’agriculture des pays en développement sont les paysan/nes eux-mêmes et ce sont eux qui doivent être au centre des politiques de développement agricole. »[1]
Les organisations ont appelé la Commission européenne à proscrire ces fusions, prévenir les dommages causés par ces entreprises et prendre d’urgence des mesures pour soutenir des systèmes alimentaires équitables, durables et moins tributaires de l’agro-industrie.
Coordonnées des personnes de contact :
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Andres Arce Indacochea, Coordination européenne Via Campesina (ECVC), andres@eurovia.org, Tel: +32 489 55 2297
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Adrian Bebb, Amis de la Terre Europe, adrian.bebb@foeeurope.org, Tel: +49 1609 490 1163
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Arnd Spahn, Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme (EFFAT), a.spahn@effat.org, Tel : +32.476.71.91.80
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Helene Debaisieux, CONCORD Europe, helene.debaisieux@concordeurope.org, Tel : +32 2 743 87 93.
Notes:
[1] CONCORD, la confédération européenne d’ONG d’aide d’urgence et de développement, représente 2600 ONG soutenues par des millions de citoyens à travers l’Europe. Le rapport « Développement durable : les enjeux ne peuvent pas être plus grands » expose en détail la nécessité d’adresser les déséquilibres de rapports de force au sein des systèmes alimentaires pour atteindre les Objectifs de développement durable de l’ONU (Chapitre 3, « Consommation et production d’aliments durables – de la ferme à vos assiettes »). http://library.concordeurope.org/record/1854/files/DEEEP-REPORT-2016-093.pdf