Déclaration de l’UNF à l’occasion de la Journée internationale des luttes paysannes : Souveraineté alimentaire au Canada
Communiqué de presse – Le 17 avril 2021
#PasDeFuturSansSouverainetéAlimentaire
Chaque année, le 17 avril, La Via Campesina (LVC) rend hommage au travail des paysans, des petits agriculteurs, des travailleurs ruraux et des peuples autochtones du monde entier en marquant la Journée internationale des Luttes Paysannes. Cette année est particulièrement remarquable, puisqu’elle marque le 25e anniversaire du terme “souveraineté alimentaire”, inventé par les membres de LVC en 1996 alors qu’ils manifestaient contre le modèle de systèmes alimentaires industriels capitalistes proposé lors du Sommet mondial de de Rome sur la sécurité alimentaire. Selon la définition de LVC, la souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite par des méthodes durables, et leur droit de définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle met l’accent sur les systèmes alimentaires et agricoles contrôlés démocratiquement, les réseaux d’apprentissage horizontaux et l’agroécologie. L’Union nationale des fermiers (UNF), membre fondateur de LVC, a rapidement adhéré à ce concept, qui constitue aujourd’hui un principe et une vision profondément enracinés d’un système alimentaire alternatif qui inspire notre politique, la création de mouvements et notre travail de solidarité.
L’UNF saisit cette occasion pour réfléchir aux luttes de ses membres agriculteurs, ainsi qu’à celles des communautés des Premières Nations, les peuples Inuits et des Métis, des travailleurs agricoles migrants, des personnes en situation d’insécurité alimentaire et de tous les producteurs d’aliments et travailleurs ruraux dont le droit à la souveraineté alimentaire est remis en question. Nous sommes solidaires avec vous.
Qui représente la paysannerie au Canada?
La Via Campesina tente de récupérer le mot “paysan” de ses connotations dérogatoires et péjoratives pour représenter un groupe social politique distinct avec des demandes spécifiques en matière de droits humains. Selon la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), récemment adoptée – une réalisation historique pour LVC, qui a développé et poussé l’UNDROP des organisations paysannes locales aux Nations Unies – les paysans sont ceux qui pratiquent l’agriculture à petite échelle ou familiale, le pastoralisme, la pêche, la sylviculture, la chasse ou la cueillette, les travailleurs agricoles migrants et engagés. Cette définition très large reconnaît qu’en dépit de leurs différences, les personnes appartenant à ces catégories sont souvent confrontées à des forces oppressives similaires lorsqu’elles exercent leurs activités de subsistance. Les forces du néolibéralisme, de la mondialisation et des systèmes alimentaires sont dirigés par les entreprises, qui entraînent des violations des droits de l’homme. L’atteinte à la dignité et à la justice des paysans rassemble des organisations d’agriculteurs apparemment disparates dans le monde entier au sein de LVC. Au Canada, bien que beaucoup ne se réfèrent pas au mot “paysan” au sens propre, en tant qu’agriculteurs de la NFU, nous faisons partie de ce mouvement paysan plus large qui cherche à transformer le système alimentaire en s’appuyant sur la souveraineté alimentaire.
À quoi ressemble la souveraineté alimentaire au Canada ?
Lorsque nous utilisons le langage de la souveraineté alimentaire, nous nous relions, au sein de la UNF, au mouvement paysan plus large qui existe dans le monde entier. Cette année, le mouvement a demandé à ses organisations membres de souligner les dimensions de la souveraineté alimentaire qui reflètent nos contextes particuliers. Atteindre la souveraineté alimentaire n’est pas un processus linéaire et uniforme ; il se présente différemment dans chaque communauté et région. Tout comme les communautés et les géographies varient à travers le pays, il en va de même pour les luttes pour la souveraineté alimentaire. La souveraineté alimentaire se présente sous la forme de jardins communautaires, de programmes alimentaires de la ferme à l’école, de fermes agroécologiques, de communautés autochtones pratiquant leurs modes d’alimentation traditionnels et de petits agriculteurs commercialisant directement leurs produits, pour n’en citer que quelques-uns. La souveraineté alimentaire, c’est aussi une politique nationale en matière d’alimentation et d’agriculture qui permet aux systèmes alimentaires locaux, aux petites exploitations familiales et coopératives et aux communautés rurales de prospérer.
Le thème de la Journée internationale des luttes paysannes de cette année est #PasDeFuturSansSouverainetéAlimentaire, alors profitons de cette occasion pour réfléchir à quelques-unes des nombreuses campagnes de l’UNF qui incarnent l’esprit de la souveraineté alimentaire:
Save our Seed : L’UNF a été une voix forte et inébranlable dans la défense du cadre réglementaire des semences publiques du Canada contre la prise de contrôle par les entreprises, avec la compréhension que la proposition d’un système de redevances nuirait aux agriculteurs, aux mangeurs et au système alimentaire en général. La souveraineté des semences – le droit des agriculteurs de conserver, de reproduire, d’échanger et d’avoir accès à des semences de source ouverte – est un élément clé de la souveraineté alimentaire.
Solidarité autochtone : L’UNF s’est engagée depuis longtemps à agir en solidarité avec les peuples autochtones. Nous comprenons que le Canada est un pays de colonisation et que, en tant que personnes visées par un traité, ou vivant sur un territoire autochtone non cédé, nous avons la responsabilité sociale et juridique de faire respecter les accords originaux que les colons ont conclus avec les nations autochtones souveraines. Le groupe de travail sur la solidarité autochtone a été créé en 2015 par des membres de l’UNF désireux d’approfondir la compréhension de l’UNF de la souveraineté alimentaire autochtone et du colonialisme de peuplement afin de mieux agir en solidarité avec les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui luttent pour défendre leurs territoires et leurs droits.
Lutter pour la justice climatique : Non seulement l’UNF possède un solide dossier d’analyse des politiques climatiques, mais l’organisation est un membre fondateur de Fermiers pour la transition climatique (FTC), une alliance nationale d’organisations d’agriculteurs et de partisans qui croient que l’agriculture doit faire partie de la solution au changement climatique. FTC s’efforce de faire progresser les politiques agricoles qui aideront les agriculteurs à atténuer les effets de la crise climatique et à s’y adapter.
Soutenir l’UNDROP : Bien que le Canada n’ait pas réussi à adopter le DNUDP (UNDROP) lors du vote de l’Assemblée Générale en 2018, les membres de l’UNF et les alliés de LVC continuent de faire pression pour la mise en œuvre de la Déclaration dans les traités internationaux et les politiques nationales.
La DNUDP est tout aussi pertinente au Canada que dans d’autres pays : même l’année dernière, des avocats spécialisés dans les droits de l’homme en Ontario ont fait référence à l’article 14 de la « UNDROP » – qui stipule notamment que ” Les paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales, qu’il s’agisse de travailleurs temporaires, saisonniers ou migrants, ont le droit de travailler dans des conditions sûres et saines… ” – pour défendre des travailleurs agricoles migrants dont les droits avaient été violés lorsque leur employeur n’avait pas fourni des conditions de vie sûres et saines adéquates pendant les exigences de la quarantaine COVID-19. Ils ont gagné le procès, une victoire pour les droits des travailleurs agricoles migrants et le pouvoir de la déclaration « l’UNDROP ».
Le parcours pour la souveraineté alimentaire de l’UNF est un travail en cours, alors que nous nous efforçons de nous éduquer pour mieux travailler en solidarité avec les communautés noires, indigènes et de couleur à travers le pays. Ce 17 avril, l’UNF est solidaire de tous ceux qui croient qu’il n’y a #PasDeFuturSansSouverainetéAlimentaire.
Pour plus d’information :
Jessie MacInnis, présidente du comité du programme international : 902-292-1040 jessiemacinnis@gmail.com
Cette publication est également disponible en English.