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Déclaration de la 2e réunion continentale de la jeunesse africaine

(Harare, Zimbabwe, 14 mai 2023) Nous, les 15 jeunes paysan·nes africain·es, réuni·es en tant que représentant·es de la jeunesse de La Via Campesina en Afrique, à l’occasion de la 2e édition de la réunion continentale de la jeunesse africaine (du 13 au 14 mai 2023) à Harare, Zimbabwe. Nous publions cette déclaration appelant à un nouveau paradigme de plaidoyer continental avec la pleine participation et le soutien des jeunes paysan·nes africain·es par la coopération internationale et nos gouvernements.

Dans un contexte où partout dans le monde, les règles et les normes limitent la souveraineté alimentaire des populations. Au milieu de la crise, les forces nationales et internationales se livrent une bataille qui empiète de plus en plus sur notre droit à la vie et au droit à l’alimentation. Avec l’acceptation de nos gouvernements, les forces mondiales et les industries agricoles cherchent à s’emparer de nos terres et de notre eau, et à prendre le contrôle des territoires des paysan·nes, nous plaçant, jeunes agriculteur·trices, dans des conditions de plus en plus précaires.

Cela a créé un énorme fossé entre les jeunes paysan·nes et les investisseurs. De plus en plus de nos gouvernements accordent la priorité aux produits alimentaires importés au détriment des aliments produits localement.

À cela s’ajoute le manque d’accès aux marchés pour nos produits, au profit des grandes multinationales dont le seul but est de faire des profits, privant ainsi les jeunes paysan·nes de leur liberté en tant que producteur·trices.

Nous rejetons avec la plus grande fermeté les tentatives de faire entrer les organismes génétiquement modifiés et les nouvelles technologies d’édition de gènes dans l’agriculture, nos plantes et nos animaux.

En réponse à cela, nous demandons le respect et la promotion de la transition écologique de notre système alimentaire par l’agroécologie paysanne, garantissant l’accès à la terre, à l’eau et aux semences paysannes pour tou·tes, en particulier les jeunes.

Par conséquent, prenant note de :

  • le manque d’accès à la terre et à l’eau par les jeunes paysan·nes, de l’introduction forcée des OGM et des technologies d’édition de gènes dans la production alimentaire, et de leur impact néfaste sur le secteur agricole et la réalisation de la souveraineté alimentaire en Afrique ;
  • le potentiel négatif et dangereux de la manipulation et de la transformation artificielle des semences, poussée par les investisseurs multinationaux pour ruiner les systèmes alimentaires africains ;
  • l’absence de toute base scientifique dans la relégation des semences paysannes au rang de semences non productives appartenant au passé archaïque ;
  • et, l’indifférence manifestée par la plupart de nos gouvernements et la coopération internationale face à tout ce qui précède ;

Nous formulons les recommandations suivantes aux gouvernements africains :

    • Adopter et mettre en œuvre un cadre réglementaire qui favorise les systèmes de semences paysannes et le patrimoine national des ressources génétiques, afin de les protéger contre toute forme de brevetage ou de biopiraterie par des tiers au détriment des communautés paysannes.
    • Suspendre les traités de libre-échange actuels qui établissent et favorisent l’utilisation de semences modifiées avec la technologie CRISPR et d’autres nouvelles technologies d’édition de gènes.
    • Inverser les politiques qui entravent l’accès des jeunes à la terre pour la production alimentaire.
    • Inverser les politiques et les initiatives qui accordent la priorité à l’accès à l’eau des sociétés multinationales au détriment des intérêts des jeunes paysan·nes.
    • Inclure, par devoir de développement agricole souverain, la chaîne de valeur des réseaux d’échange paysans dans la cartographie rétrospective et la description des systèmes de semences endogènes.
    • Impliquer les organisations de petit·es producteur·trices alimentaires paysan·nes dans les organes de décision des politiques agricoles, en tant qu’acteurs clés ayant une perspective décisive pour la préservation des valeurs de l’agriculture au service des producteur·trices et des consommateur·trices.
    • Soutenir la promotion d’économies qui soutiennent les agriculteur·trices dans la transition vers l’agriculture écologique, décourageant ainsi la vente de terres productives au détriment des paysan·nes qui vivent sur ces sols.
    • Adopter des agendas de transition écologique au service de systèmes alimentaires sains et d’une agriculture respectueuse des écosystèmes, basée sur l’agroécologie paysanne et axée sur le renforcement de la cohésion sociale.
    • Soutenir les initiatives visant à promouvoir les systèmes agricoles paysans de jeunesse, en garantissant l’accès à la terre, à l’eau, aux semences, au crédit, au marché et au renforcement des capacités pour tou·tes.

    Nous reconnaissons l’impact humanisant de l’éducation en écologie inhérente aux pratiques du système de semences paysannes spécifiques à la production d’aliments sains.

    La véritable valeur des systèmes de semences paysannes, dont la grande diversité est reconnue pour revitaliser le sol, lutter contre les ravageurs et augmenter la valeur nutritionnelle des cultures avec un niveau élevé de productivité.

    Les jeunes paysan·nes restent les acteurs principaux de notre santé, grâce à leur savoir-faire et à la qualité nutritionnelle de leurs semences au service de notre bien-être.

    NOUS NOURRISSONS LES PEUPLES ET CONSTRUISONS LE MOUVEMENT POUR CHANGER LE MONDE !

    Uni·es dans la diversité, les jeunes paysan·nes changent le monde !

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