Déclaration 1ère Rencontre des Diversités | La Via Campesina
Depuis la première rencontre des Diversités lors de la 8ème Conférence de La Via Campesina, nous, les militant·es du mouvement paysan qui nous identifions à la diversité sexuelle et de genre, ainsi que nos allié·es, souhaitons célébrer la création de cet espace dédié à la discussion, au débat et à la réflexion. Cet espace nous offre l’opportunité d’explorer une réalité qui nous pousse, en tant qu’organisation internationale, à poursuivre la construction de modes de relations qui rompent avec la discrimination, les préjugés et toutes les formes de violences impactant les corps dissidents.
Nous sommes convaincus qu’une société nouvelle, dépourvue d’oppressions liées au genre, à la race, à l’ethnie, à la capacité et à la classe, ne pourra émerger que lorsque chacun·e d’entre nous, membres de La Via Campesina, saura établir des relations respectueuses les un·e·s envers les autres, garantissant ainsi les droits humains fondamentaux ainsi que les droits des paysan·ne·s. Ces mêmes droits, historiquement refusés aux individus issus de la diversité, sont cruciaux pour la construction de relations humaines émancipées.
Nous célébrons la diversité présente dans nos sols, nos eaux, nos forêts, nos fermes et nos territoires. De plus, nous célébrons la diversité sociale et culturelle au sein de nos communautés, car elle constitue une source de force et de résilience. En tant qu’individus représentant ces diversités, notre revendication n’est pas simplement d’être toléré·e·s ; il ne s’agit ni de compassion ni de charité. Il s’agit plutôt de reconnaître qu’un mouvement engagé en faveur de l’Agroécologie et de la Souveraineté alimentaire, avec une composition sociale diversifiée, est intrinsèquement plus puissant. La libération de chacun·e est étroitement liée à la libération de nos sociétés.
Nous aspirons à demeurer en milieu rural, ériger des organisations de la même manière que le font de nombreux autres, et confronter l’alliance des systèmes oppresseurs tels que le capitalisme, le patriarcat, le racisme et le colonialisme. Nous sommes fermement convaincus que la Souveraineté alimentaire, la Réforme agraire, l’Agroécologie, le Féminisme paysan et populaire, les Droits des paysan·ne·s, la Justice climatique, et la Solidarité entre les peuples représentent la seule voie viable pour contrer la déshumanisation.
La Via Campesina doit appréhender le concept d’agriculture familiale paysanne en tant que modèle agricole paysan, imprégné d’un sentiment d’amour révolutionnaire. Nous revendiquons la nécessité d’élargir la définition de “l’agriculture familiale paysanne”, de réimaginer ce modèle en y intégrant les familles que nous avons choisies, ainsi qu’une diversité de personnes et de modes de vie et de travail ensemble.
Nous avons parcouru un chemin en tant que membres des Diversités de La Via Campesina, et nous avons déjà affronté des défis marquants. Il est impératif de poursuivre notre progression en élargissant la compréhension fondamentale au sein de nos organisations et parmi les leaders paysan·nes. Cela concerne particulièrement la discussion sur les oppressions et l’exploitation vécues par celleux d’entre nous qui font partie de la classe ouvrière.Nous devons également créer des espaces de formation axés sur le genre et les sexualités. Ces espaces seront des plateformes nous permettant de mieux appréhender l’humanité dans laquelle les identités de genre, l’orientation sexuelle et les corporalités sont incluses.
Il est impératif de veiller à notre présence en milieu rural en nous protégeant contre les stigmatisations et les discriminations. Cela passe par le renforcement continu de l’engagement actif des individus issus de divers horizons au sein des collectifs de La Via Campesina et des écoles de formation, ainsi que par la création de lieux favorisant l’auto-organisation.
LLa lutte paysanne doit promouvoir le respect de toutes les formes d’existence, de vivre et d’aimer dans la diversité humaine, en cohérence avec la lutte en faveur de la préservation d’une vie digne dans chaque territoire, exempt de toute forme d’oppression. Que la lutte menée par La Via Campesina nous envisage tou·tes comme égaux·ales au sein de la nouvelle société que nous édifions et cherchons à instaurer.
Nous existons et nous résistons !
Notre militance politique doit toujours être guidé par un amour fraternel et une solidarité inébranlable. L’amour qui construit les révolutions est aussi un outil pour affronter la déshumanisation et le projet de mort inhérents aux relations capitalistes.
Semer les graines de l’amour révolutionnaire et faire face à la haine quotidienne représente une tâche permanente. L’agroécologie incarne la diversité et nous faisons partie du principe que nous défendons. Nous cherchons à renforcer le travail de base, à colorer la formation politique et à imprégner l’organisation populaire des valeurs de liberté, contre la violence patriarcale. Nous nous engageons à promouvoir les actions collectives dans la lutte pour l’affirmation des droits humains. Cela concerne non seulement notre existence individuelle, mais aussi celle de notre collectif, de nos familles, de nos communautés et de nos camarades confronté·es à la même réalité, privé·es des terres, des communs, du travail, du logement et d’une alimentation adéquate.
La diversité est au cœur de la Souveraineté alimentaire, dans tous les territoires !
Sans diversité, il n’y a pas de révolution !
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