Bulletin de décembre : Nouvelles et actualités des membres de LVC dans le monde entier !
Bagnolet, 28 décembre 2022
Le mois de décembre nous a laissé d’importantes luttes et initiatives des organisations membres de La Via Campesina. Le 3 décembre, la Journée internationale d’action pour la vie et contre les agrotoxiques, nos dirigeant.es au Brésil ont souligné l’impact des agrotoxiques sur notre environnement et notre santé. Le Mouvement des travailleurs sans terre (MST) et le Mouvement des femmes paysannes (MMC) ont dénoncé les 439 décès de personnes empoisonnées par des agrotoxiques sous le gouvernement Bolsonaro et le projet de loi “Pacote do Veneno”, qui assouplirait davantage le contrôle des agrotoxiques, dont beaucoup sont déjà interdits en Europe. Au Paraguay, Perla Alvarez de Conamuri a témoigné des malformations génétiques et des nouvelles maladies causées par les agrotoxines et a mis en avant l’agroécologie comme alternative à ces systèmes néfastes à la vie.
Toujours sur les propositions paysannes, le 17 décembre a marqué le 4ème anniversaire de l’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) et le lancement d’un nouveau site web, dédié à la collecte et au partage des connaissances et des expériences d’utilisation. Dans un communiqué de presse, La Via Campesina a demandé une procédure spéciale au sein du Conseil des droits de l’homme incluant un groupe de travail d’experts ou un rapporteur spécial de l’ONU pour suivre et promouvoir sa mise en œuvre dans le monde entier. Depuis le Népal, nos leaders paysans ont à nouveau formulé cette demande et envoyé une vidéo pour commémorer l’adoption de l’UNDROP en 2018.
Le 18 décembre, Journée internationale des migrant.e.s, notre mouvement a insisté sur le fait que la crise migratoire est le résultat d’un système qui ne prend pas soin des personnes et qui les victimise à nouveau lorsqu’elles sont contraintes de migrer. En Espagne, notre organisation de base, le Sindicato de Obreros del Campo (SAT-SOC), a participé à une manifestation de solidarité avec 500 migrant.es à Almeria, menacés d’expulsion du camp qu’ils occupent en tant que travailleur.euses dans l’agriculture industrielle de fruits et légumes, qui, comme à Huelva et Séville, est en cours de développement sans que l’administration publique ne propose d’alternatives de logement. Au Canada, la NFU a appelé le gouvernement canadien à respecter les droits humains des travailleur.euses agricoles migrant.es, quel que soit leur statut juridique, conformément à l’UNDROP.
Entre le 7 et le 19 décembre, nos militant.es paysan.nes de La Via Campesina ont participé avec le groupe de travail sur la biodiversité agricole du Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (IPC) à la plénière de la COP 15 à Montréal (Canada). Malheureusement, la plénière n’a pas reconnu ni l’UNDROP, ni l’UNDRIP comme références pour les droits des paysan.nes et des autochtones respectivement, manquant ainsi l’opportunité de renforcer les véritables gardien.nes de la biodiversité.
Solidarité face aux graves violations des droits humains, à la criminalisation et à la censure des luttes paysannes
Décembre a également été un mois de lutte et de solidarité. Au Pérou, les organisations de base de CLOC-La Via Campesina se sont jointes aux protestations contre le coup d’État parlementaire, l’apogée de la crise politique déclenchée dans le pays. Face à la répression croissante du gouvernement provisoire, La Via Campesina a lancé un nouveau programme d’interviews, qui incluait dans sa première édition des paysan.nes et des indigènes de Fenmucarinap, du CNA et du CCP. Cette déclaration a été suivie d’une déclaration de solidarité dénonçant le raid sur les locaux du CCP, la persécution de nos dirigeant.es et l’assassinat de plus de 20 manifestant.es.
Dans le cadre d’un autre recours abusif à la force policière, le gouvernement d’Alejandro Giammattei au Guatemala a ordonné l’expulsion violente de la communauté Q’eqchi’ del Estor le 6 décembre. Le Comité d’Unité Paysanne – CUP a dénoncé l’utilisation de bombes lacrymogènes sur des familles avec des enfants mineurs et l’accaparement de terres paysannes et indigènes au profit de grands intérêts économiques dans la monoculture de palmiers africains dans la vallée du fleuve Polochic. Au Paraguay, la Fédération nationale paysanne (FNC) a dénoncé les expulsions consécutives de familles paysannes au profit des producteur.trices de soja brésilien.nes, exigeant la mise en œuvre d’une réforme agraire. De nouvelles répressions ont été signalées au Maroc, dans le cadre d’une manifestation pour les droits des travailleur.euses agricoles organisée par la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA). Dans d’autres informations, en Argentine, le gouvernement régional de Mendoza a fermé l’école d’agroécologie de l’Union des travailleur.euses ruraux sans terre (UST). Cette décision, qui aggrave l’exclusion éducative des travailleur.euses agricoles, a suscité la solidarité du mouvement national et international par le biais d’une pétition en ligne pour la défense des droits des paysan.nes.
D’autres attaques contre l’intégrité de la vie paysanne ont également eu lieu dans les pays du Nord. Au Canada, la NFU-Ontario a dénoncé le projet de loi “Bill 23” sur l’étalement urbain qui menace la faune et la flore et l’accès des agriculteur.trices aux terres. Parmi d’autres politiques hostiles aux paysan·nes, le ministère français de l’agriculture a lancé de nouvelles restrictions sur l’élevage de volailles en liberté pour lutter contre la grippe aviaire, poussant les petit.es producteur.trices biologiques vers le modèle industriel de l’élevage en cage. Dans un communiqué de presse, la Confédération Paysanne et le Modef ont qualifié cette mesure d’injuste après avoir constaté que le secteur industriel était responsable de la crise.
Pour sa part, la Coordination Européenne Via Campesina a remis en question l’obstination de la Commission européenne à promouvoir l’agriculture carbone et le “net zéro” comme moyens de sortir du chaos climatique. Dans une déclaration commune avec plus de 170 organisations engagées dans la justice climatique, ils ont appelé à la transformation des systèmes alimentaires et à une transition juste vers l’agroécologie comme solutions réelles pour réduire les émissions à un zéro réel.
De nouvelles formations sur les droits à la terre, l’agroécologie paysanne et les diversités
Face à l’augmentation de la spéculation foncière et des conflits fonciers au Mali, la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP) a organisé une série d’ateliers pour promouvoir les droits des femmes et des jeunes afin de faciliter leur accès à la terre et la pratique de l’agroécologie paysanne. MVIWATA en Tanzanie a lancé une nouvelle formation sur la production biologique de tournesols et de semences indigènes dans le cadre de son programme de lutte contre la pauvreté rurale et de promotion du développement économique des petit.es agriculteur.trices familiaux.
Dans d’autres nouvelles régionales, l’agroécologie a une nouvelle référence de formation dans la région Caraïbe de LVC, grâce à nos organisations paysannes en République dominicaine, qui ont inauguré le nouveau IALA Mama Tingo. À São Paulo, au Brésil, le MST a organisé le festival de la réforme agraire dans le but de rendre visible la souveraineté alimentaire au sein de la population urbaine, ainsi que des espaces de socialisation de la culture populaire et des canaux de marketing direct avec les familles productrices d’aliments. En Colombie, nos organisations de base ont participé à la Convention nationale des paysan.nes afin de continuer à forger l’unité du mouvement pour les droits des paysan.nes et la réforme agraire intégrale et populaire.
De nouvelles rencontres ont eu lieu au Honduras, avec une journée de réflexion sur l’intégration de la diversité sexuelle dans le mouvement paysan et sur les droits sexuels des jeunes ruraux. Grâce à cet événement, 26 jeunes issus d’organisations liées à La Via Campesina ont pu échanger sur la souveraineté alimentaire sous l’angle de la production durable, des droits paysans, de la diversité et du féminisme paysan et populaire.
Le mouvement se prépare pour sa VIIIe Conférence Internationale
À l’autre bout du monde, la All Nepal Peasants Federation (ANPFA), a accueilli la réunion régionale de l’Asie du Sud à Katmandou du 8 au 10 décembre, où plus de 20 délégués et leaders paysans de la région se sont réunis pour discuter et planifier des actions communes pour 2023. Du 9 au 17 décembre, l’ANPFA a également accueilli la réunion du Comité International de Coordination de La Via Campesina, où les dirigeant.es du mouvement paysan mondial ont notamment tenu des discussions préparatoires à la prochaine conférence internationale en 2023. Les délégué.es ont également visité des coopératives de femmes et des fermes agroécologiques dans le district de Sindhupalchowk au Népal.
Avons-nous oublié une mise à jour importante ? Si c’est le cas, vous pouvez envoyer les liens à communications@viacampesina.org, que nous inclurons dans la prochaine édition. Seules les mises à jour provenant des membres de La Via Campesina feront partie de ce bulletin d’info. Pour une mise à jour complète des différentes initiatives de décembre 2022, visitez notre site web)
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