Brésil : Crise environnementale – Combien de temps faut-il attendre pour commencer à changer les choses ?
Article publié dans Da Folha de S. Paulo
Les crimes et les tragédies environnementales se répètent au Brésil avec une fréquence de plus en plus grande. Sécheresses en Amazonie, inondations dans le Maranhão et à Recife, incendies dans le Pantanal, déforestation et baisse de la nappe phréatique dans le Cerrado, la réserve hydrique des trois plus grands bassins hydrographiques du pays…
La tragédie dans le Rio Grande do Sul n’est que la pointe de l’iceberg de tant d’agressions qui touchent des millions de personnes et obligent la société, et surtout les gouvernements, à tous les niveaux, à réfléchir sur la nécessité de changements urgents.
C’était une tragédie annoncée. La communauté scientifique alertait depuis longtemps que la monoculture des grains et les pâturages conduisent à un déséquilibre dans la distribution des pluies.
Les modifications du Code forestier, défendues et approuvées par le groupe ruraliste dans les années 2000, ont réduit la taille des zones de couverture végétale sur les rives des ruisseaux et des rivières et ont exempté le remplacement des zones déboisées. Sans aucune supervision, c’était l’anarchie totale.
Le gouvernement du Rio Grande do Sul a également modifié des centaines d’articles de la loi environnementale de l’État. Tout cela pour aider l’agrobusiness, qui ne laisse même pas de richesses dans l’État, car il exporte des matières premières agricoles sans payer un centime de TVA, grâce à la loi Kandir du gouvernement FHC.
À cela s’ajoutent les actions prédatrices de l’industrie minière, partout, depuis l’extraction de sable jusqu’aux grandes mines de fer, sans oublier les crimes des prospecteurs.
Enfin, l’utilisation de pesticides est peut-être la plus grande attaque contre la nature. Le Brésil est le pays qui utilise le plus de pesticides, y compris des produits interdits en Europe, qui éliminent la biodiversité, altèrent l’équilibre de la nature et contaminent la nappe phréatique. Mais qui se soucie si cela est contrôlé par une demi-douzaine de sociétés transnationales, qui ne paient pas d’impôts mais financent les politiciens ?
Les crimes sont là, flagrants. Et les plus touché·e·s sont toujours les pauvres, qui paient de leur vie. Iels sont des habitant·es de lieux inappropriés, repoussé·es par la spéculation immobilière des villes vers les collines ; iels sont les riverain·es ; iels sont les agriculteur·rices familiaux·ales.
Que faire ? Nous n’avons plus besoin d’abattre aucun arbre pour planter ou élever du bétail. La déforestation zéro doit être étendue de l’Amazonie aux autres biomes, comme le Cerrado, la forêt atlantique et le Pantanal. Cette politique doit être combinée avec un grand plan national de reforestation dans ces biomes, dans les villes, le long des routes et le long des ruisseaux et des rivières. Des entreprises publiques devraient créer des pépinières et distribuer des plants d’arbres indigènes et fruitiers.
Nous devons mettre des limites à l’expansion de l’agrobusiness, au modèle prédateur qui n’enrichit que les entreprises transnationales exportatrices et une poignée de grands propriétaires terriens.
Seule l’agriculture familiale peut « refroidir » la planète, en protégeant la biodiversité et en combattant la faim.
Pour cela, nous devons encourager la polyculture d’aliments sains, avec un grand programme d’agroécologie, qui distribue les intrants nécessaires aux agriculteur·rices familiaux·ales, avec une politique de réindustrialisation qui fournisse des machines agricoles appropriées et des engrais organiques.
La réforme agraire est une politique fondamentale pour garantir l’accès à la terre pour les agriculteur·rices qui n’en ont pas — nombre d’entre eux ayant été expulsé·es par l’avancée de l’agro-industrie — et pour relocaliser celles et ceux affecté·es par le changement climatique. Dans les villes, il est essentiel de garantir un logement décent dans des lieux sûrs et porteurs d’avenir.
Tout cela coûte beaucoup d’argent, mais il vaut mieux prévenir et sauver des vies et la nature que pleurer après. Le Rio Grande do Sul aura maintenant besoin de 60 milliards de réaux rien que pour compenser les pertes.
Allons-nous continuer à courir après des réparations ou allons-nous nous préparer à une vie meilleure pour tout le monde ?
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