Brésil : appel de Fortaleza
(Fortaleza, 27 janvier 2017) Inspirés par les luttes paysannes du Ceara, nous, coordinatrices et coordinateurs nationaux du Mouvement des Travailleurs Sans Terre, nous sommes réunis à Fortaleza, revendiquant la mémoire et l’exemple de Fidel Castro, du centenaire de la Révolution russe et du cinquantenaire du martyr de Che Guevara, pour étudier la conjoncture politique et agraire de notre pays et projeter les défis et les tâches pour la prochaine période.
Il y a une crise structurelle du capitalisme, accentuée depuis 2008, expression des crises économique, politique, social et environnementale, représentée par des propositions autoritaires et fascistes, qui menacent les droits humains des travailleurs et les biens de la nature dans le monde entier. Dans ce contexte, pour que le Capital continue à s’approprier les ressources économiques de la société, il est nécessaire de supprimer les droits historiques de la classe travailleuse afin que ces ressources soient à la disposition exclusive du marché financier. Le Coup d‘État et les actes institutionnels du gouvernement illégitime du Brésil, comme la réforme de la sécurité sociale, la réforme du travail, le PEC55 et l’abandon au privé des ressources pétrolières du Pré-Sal, sont des exemples de ce mouvement. Face à ce scénario :
1. Nous réaffirmons la nécessité de réformes structurelles et d’une Réforme Agraire Populaire, qui garantisse la souveraineté alimentaire, la souveraineté nationale contre la vente des terres au capital étranger et la défense des biens de la nature, l’eau (particulièrement l’aquifère Guarani), la terre, les minerais, le pétrole et la biodiversité. Nous sommes contre, et nous combattrons, la Mesure Provisoire 759 de recul de la Réforme Agraire, qui privatise les terres destinées à la Réforme Agraire, en les transformant en marchandises, qui légalise les usurpateurs de terres publiques et exclut du processus d’assentamentos les travailleurs et travailleuses occupant les terres et vivant dans des campements.
2. Nous lutterons contre la privatisation des terres, déguisée en attribution de titre de propriété et qui veut se débarrasser des « assentados », comme mécanisme d’exclusion des politiques de réforme agraire. Nous exigeons l’enregistrement des lots et des « assentamentos » sous la forme de « Concession de droit réel d’usage de la terre » et l’interdiction de vente des terres des assentamentos.
3. Nous nous engageons à lutter avec l’ensemble des travailleurs et travailleuses contre la réforme de la sécurité sociale, la réforme du travail et les autres mesures qui retirent des droits historiquement conquis. Nous nous engageons à la construction du Front Brésil Populaire et à son enracinement dans les communes.
4. Nous sommes solidaires de toutes les formes de luttes et de résistance contre le Coup d’Etat et nous appuierons tous les secteurs de notre peuple qui se mobilisent par la lutte, depuis les peuples indigènes jusqu’aux étudiants dans les écoles occupées pour la défense de l’enseignement public. Ainsi, nous nous joindrons aux journées de luttes du 8 au 15 mars, convoquées par la Confédération nationale des travailleurs de l’Education (CNTE).
5. Nous dénonçons la criminalisation de la lutte sociale qui utilise des arguments juridiques pour poursuivre et condamner la lutte sociale sans preuve et au service des intérêts du capital, résultat de l’orgueil, de l’arrogance et de l’autoritarisme d’un Pouvoir Judiciaire plein de privilèges, mais sans aucun engagement social. Nous exigeons la libération de tous les travailleurs emprisonnés et persécutés.
6. Nous appelons toutes les femmes du monde rural et des zones urbaines à une grande journée de lutte le 8 mars. Les travailleuses sont les plus atteintes par la réforme de la sécurité sociale, ce qui augmente les inégalités de genre dans une société machiste et patriarcale.
7. Nous combattrons la vente de terres au capital étranger, le recul de la réforme agraire et le modèle d’agrobusiness lors des journées de lutte et les occupations au mois d’avril. De plus, nous proposons la réalisation d’une grande Marche Nationale à Brasilia, au courant du second trimestre, pour dénoncer les mesures du gouvernement « golpiste ».
8. Nous défendons la convocation d’élections générales au Congrès et à la Présidence de la République, pour que soit rendu au peuple le droit de choisir ses représentants.
9. Nous travaillerons avec le Front Brésil Populaire et les autres organisations de travailleurs et travailleuses pour construire un Programme d’Urgence qui combatte le chômage, l’inégalité de revenus et la perte de droits. Nous appelons les travailleurs et les travailleuses pour que, dans la prochaine période, nous puissions construire de grandes mobilisations de la classe travailleuse autour du droit à la Terre, au Logement et au Travail.
10. Nous affirmons notre engagement de solidarité avec la lutte de tous les peuples du monde, face à l’offensive du capital, à l’autoritarisme des gouvernements, à la prépondérance de l’empire des Etats Unis, aux guerres insensées, pour la défense des droits de tous les peuples pour la justice et l’égalité.
Nous nous engageons comme militants, hommes, femmes et jeunes à assumer nos tâches pour la défense du peuple brésilien.
Lutter ! Construire la Réforme Agraire Populaire !