#8M2022 – Appel à l’action – En semant la souveraineté alimentaire et la solidarité, nous récoltons nos droits et une vie digne!

8 mars – Journée internationale des droits des femmes

Bagnolet, le 24 février 2022
En ce 8 mars 2022, à l’occasion de Journée internationale des droits des femmes, nous saluons les luttes historiques des travailleuses organisées dans les champs et dans les villes, pour des droits et une vie digne ; les luttes de celles qui nourrissent les peuples, la mémoire collective et la résistance partout dans le monde.

Tandis que la violence brutale et l’exploitation capitaliste, patriarcale et raciste opprime les femmes, les paysannes, les sans-terre, les migrantes, les travailleuses saisonnières, les enfants, les indigènes, les Noires et les personnes LGBTQIA+, nous appelons à des actions unifiées. Visibilisons et dénonçons ce système politique et économique qui utilise l’exploitation du travail des femmes, de leur corps et des ressources naturelles pour générer plus de profits, et qui est la cause du chômage, de la faim, de la mendicité, des logements de plus en plus précaires, et au sein duquel la santé et l’éducation sont devenues un privilège.

La grave crise politique, économique et sociale que nous traversons en tant que société intensifie les contradictions du système capitaliste, et menace les conditions réelles de vie et de survie, non seulement pour les femmes et les personnes LGBTQIA+, mais de toute l’humanité et de la planète.

En ce jour, nous revendiquons également les mobilisations et la résistance permanente des femmes de tous les territoires, notamment en Palestine, au Brésil, au Maroc, au Kurdistan, au Mexique, en Colombie, en Inde ou en Argentine, défenseuses des droits, qui font face quotidiennement à toutes sortes de violences, à la criminalisation et aux persécutions qui menacent jusqu’à leur existence.

“Nous nous unissons d’une seule voix pour dire : ASSEZ! au système politique, économique et judiciaire criminels ! En continuant à semer la souveraineté alimentaire et la solidarité dans des contextes de guerres, de conservatisme et de racisme, nous continuons à faire des dons de sang et à offrir des tonnes et des tonnes d’aliments sains aux cuisines communautaires dans les quartiers et les communautés, aux écoles populaires, aux actions symboliques dans les rues et sur les places, à l’occasion les foires agroécologiques locales, au sein des coopératives paysannes, grâce à des actions concrètes qui nous inspirent pour aller vers d’autres formes de société plus solidaires et plus justes”, dit María Canil de la Coordination Nationale des Veuves du Guatemala (CONAVIGUA).


Pour La Via Campesina, il est honteux qu’alors que cette crise s’aggrave pour la majorité, le fossé entre les riches et les pauvres se soit encore creusé pendant la pandémie. Selon le rapport d’Oxfam, le pouvoir économique se concentre de plus en plus entre quelques mains, tandis que des mesures néolibérales et d’urgence sont imposées à la population, ainsi que de graves reculs sociaux.

En 2021, l’agro-business a battu des records de profits au niveau de la production et de la commercialisation de produits agricoles destinés à l’exportation, bien qu’il s’agisse de la promotion d’un modèle mortifère et non durable, basé sur la monoculture, l’utilisation intensive de pesticides et engrais chimiques et d’OGM, qui chasse les paysan·nes de leur terre, qui pollue et n’apporte aucun développement aux territoires, mais qui génère au contraire la faim, la misère et les maladies.

C’est pourquoi ce 8 mars, et tout au long de l’année 2022, en tant que La Via Campesina nous commémorons les 30 ans de la construction de cet outil politique et d’élaboration collective de la paysannerie. Avec plus de vigueur que jamais nous continuerons à défendre la réforme agraire populaire, la souveraineté alimentaire, l’agroécologie et le féminisme paysan populaire comme propositions concrètes de dialogue et de construction pour générer un ensemble de politiques publiques à même de promouvoir un développement réel, basé sur des actions concrètes telles que la distribution de la terre et des bénéfices, et de promouvoir la justice sociale et la paix dans les campagnes comme dans les villes.

“Avec cette crise, nous, les paysannes, avons subi de nombreux reculs en termes de droits, de faim, de chômage, nous revenons à trente ou quarante ans en arrière, même en Europe. C’est pourquoi il est si important de nous réorganiser et de renforcer notre organisation, La Via Campesina, afin de nous connecter à la vie concrète des femmes. Nous, les paysannes, subissons la violence et l’accaparement des terre. De plus la question des soins reste préoccupante dans la période d’après la pandémie”, commente Sonia Vidal du Sindicato Labrego Gallego et membre de l’Articulation des femmes de LVC.

Selon le récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins une femme sur quatre dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles de la part de son partenaire masculin. Il s’agit de la plus grande étude menée à ce jour par l’OMS, qui souligne que la prévalence réelle est probablement plus élevée. En particulier et à plus forte raison après la pandémie de COVID, et l’OMS appelle également à des politiques publiques et à investir des ressources : “C’est un défi mondial”.

Un rapport publié par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) indique également qu’au moins 4 091 femmes ont été victimes de féminicides dans 26 pays de la région en 2020. “Le meurtre est l’expression ultime de la violence de genre, qui continue d’être présente dans la vie de millions de femmes de tous âges”, disent-ils.

“Dans le monde, nous, les paysannes, ne vivons pas à l’abri de la violence, nous sommes violées, tuées, agressées et expulsées de nos terres. Nous ne pouvons pas non plus exercer nos droits légitimes, comme le droit à la terre, nous sommes obligées de faire des travaux pénibles et non rémunérés, parfois même en tant que cheffes de famille nous devons élever seules nos enfants, et souvent pour survivre nous devons migrer vers le Nord”, conclut Yolanda Áreas de l’Articulation des femmes de la Cloc – Vía Campesina Centroamérica.

Enfin, pour garder la mémoire vivante et avec le slogan #StopKillingUs nous dénonçons l’échec du système judiciaire dans le cas de Marielle Franco au Brésil, dans le cas du meurtre de notre collègue Elizabeth Ekaru au Kenya ou encore de Sarai, une jeune vénézuélienne atrocement assassinée en Colombie, ces cas, comme des milliers d’autres cas, ne doivent pas rester impunis et tomber dans l’oubli.

Au cours de cette journée d’action, nous appelons nos organisations membres, nos allié·es et nos ami·es à exiger la fin de toutes les formes de violence et d’oppression. Les États doivent aller au-delà du soutien aux survivant·es, ils doivent développer des politiques publiques incorporant une justice de genre, et investir dans des programmes de prévention, d’éducation et de communication qui construisent des sociétés et des relations de genre plus saines et plus justes.

En semant la souveraineté alimentaire et la solidarité, nous récoltons nos droits et une vie digne !

Rejoignez l’action !

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